Accueillir la vie
Posté : ven. 9 déc. 2011 21:18
Je traduis librement une lettre ayant fleuri sur le net anglophone il y a quelques années et qui a resurgi au hasard de mes lectures.
Washington, DC, janvier 2007.
Station de métro.
Température de saison.
Un homme avec un violon joue six morceaux en 45 minutes. Du Bach.
2000 personnes lui sont passés devant dans ce laps de temps.
3 minutes après qu'il ait commencé, un homme entre deux âges s'est aperçu que c'est un musicien qui jouait et non un crache-bruit quelconque ayant l'habitude de polluer sonorement des lieux publics." Il s'est arrête pendant quelque secondes puis est reparti reprendre son train-train quotidien.
À la quatrième minute, le violoniste récolte son premier dollar par une femme qui l'a lancé dans son chapeau et a continué de marcher sans s'interrompre.
À la sixième minute, un homme s'appuye contre le mur pour l'écouter, puis regarde sa montre et s'est remis en route.
À la dixième minute, un marmot de trois ans s'est arrêté, mais sa mère le presse pour repartir. La gamin s'arrête pour regarder encore une fois le violoniste, mais sa mère le pousse rudement et le petiot s'en va, non sans tourner plusieurs fois la tête. Plusieurs autres enfants ont eu le même comportement, mais leurs parents les ont, là encore, forcés de continuer de marcher, sans exception aucune.
À la 45ème minute, le musicien continue toujours de jouer. Seules 6 personnes se sont arrêtées et l'ont écoutés pendant un petit moment. À peu près 20 lui ont donné de l'argent sans cesser de marcher. L'homme a récolté 32$ en tout et pour tout.
Après une heure, il finit de jouer et le silence reprit sa place. Personne ne l'a remarqué et personne ne l'a applaudi.
Personne ne le savait, mais ce violoniste s'appelle Joshua Bell, capable de remplir une salle de concert, jouant sur un violon inestimable, qui se prêtait à une expérience sociale sur le terrain.
Peut-on percevoir la beauté dans un lieu irrémédiablement banal?
Dans l'affirmative, sommes nous capable de nous arrêter pour l'apprécier?
Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu?
Si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter et d'écouter un des meilleurs musiciens au monde, jouant les plus beaux morceaux de musique classique jamais composés et sur un des plus beaux instruments jamais conçus et fabriqués, combien d'autres choses sommes-nous en train de rater parce que nous courons après la vie?
Apprécier la vie, c'est maintenant... car il y a une date limite
Fin de l'email.
____
Évidemment, j'ai vérifié sur le net pour savoir si ce récit moralisateur est authentique.
Il l'est.
Ici, le lien avec l'article complet en anglais et les vidéos, les interviews des personnes qui se sont arrêtées et quelques précisions sur les musiques qui ont été jouées.
Quant au violon, c'était un Stradivarius ayant appartenu au musicien et compositeur Fritz Kreisler...
Apprécier la vie, dans son entièreté, hors train-train, avec une émotion nouvelle et forte chaque jour, comment rendre ceci possible?
Washington, DC, janvier 2007.
Station de métro.
Température de saison.
Un homme avec un violon joue six morceaux en 45 minutes. Du Bach.
2000 personnes lui sont passés devant dans ce laps de temps.
3 minutes après qu'il ait commencé, un homme entre deux âges s'est aperçu que c'est un musicien qui jouait et non un crache-bruit quelconque ayant l'habitude de polluer sonorement des lieux publics." Il s'est arrête pendant quelque secondes puis est reparti reprendre son train-train quotidien.
À la quatrième minute, le violoniste récolte son premier dollar par une femme qui l'a lancé dans son chapeau et a continué de marcher sans s'interrompre.
À la sixième minute, un homme s'appuye contre le mur pour l'écouter, puis regarde sa montre et s'est remis en route.
À la dixième minute, un marmot de trois ans s'est arrêté, mais sa mère le presse pour repartir. La gamin s'arrête pour regarder encore une fois le violoniste, mais sa mère le pousse rudement et le petiot s'en va, non sans tourner plusieurs fois la tête. Plusieurs autres enfants ont eu le même comportement, mais leurs parents les ont, là encore, forcés de continuer de marcher, sans exception aucune.
À la 45ème minute, le musicien continue toujours de jouer. Seules 6 personnes se sont arrêtées et l'ont écoutés pendant un petit moment. À peu près 20 lui ont donné de l'argent sans cesser de marcher. L'homme a récolté 32$ en tout et pour tout.
Après une heure, il finit de jouer et le silence reprit sa place. Personne ne l'a remarqué et personne ne l'a applaudi.
Personne ne le savait, mais ce violoniste s'appelle Joshua Bell, capable de remplir une salle de concert, jouant sur un violon inestimable, qui se prêtait à une expérience sociale sur le terrain.
Peut-on percevoir la beauté dans un lieu irrémédiablement banal?
Dans l'affirmative, sommes nous capable de nous arrêter pour l'apprécier?
Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu?
Si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter et d'écouter un des meilleurs musiciens au monde, jouant les plus beaux morceaux de musique classique jamais composés et sur un des plus beaux instruments jamais conçus et fabriqués, combien d'autres choses sommes-nous en train de rater parce que nous courons après la vie?
Apprécier la vie, c'est maintenant... car il y a une date limite
Fin de l'email.
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Évidemment, j'ai vérifié sur le net pour savoir si ce récit moralisateur est authentique.
Il l'est.
Ici, le lien avec l'article complet en anglais et les vidéos, les interviews des personnes qui se sont arrêtées et quelques précisions sur les musiques qui ont été jouées.
Quant au violon, c'était un Stradivarius ayant appartenu au musicien et compositeur Fritz Kreisler...
Apprécier la vie, dans son entièreté, hors train-train, avec une émotion nouvelle et forte chaque jour, comment rendre ceci possible?