Témoignage sur l'HP
Posté : dim. 8 déc. 2013 00:48
Voici le terrible témoignage de Juliette trouvé sur le site de la CCDH (Commission des Citoyens pour les Droits de l'Homme) luttant contre les abus psychiatriques.
La suite iciBienvenue dans l’univers impitoyable des HP, Hôpitaux Prisons… Où contrainte, autorité abusive et menaces mènent la danse.
Avant, j’étais comme vous. Je considérais la psychiatrie comme étant une discipline médicale digne de confiance et les hôpitaux psychiatriques comme des institutions, censées traiter et guérir des personnes malades ou fragilisées psychologiquement.
Je croyais que les psychiatres travaillaient de pair avec les thérapeutes, qu’ils écoutaient et tentaient de faire parler leurs patients, de leur redonner confiance en les suivant de près et en les revalorisant afin qu’ils se réintègrent dans la société et reprennent peu à peu goût à la vie.
Je pensais que les médicaments qu’ils prescrivaient aidaient les malades à se relever, à sortir la tête de l’eau dans des périodes de troubles.
J’avais confiance et n’aurais pas hésité à conseiller à un proche de consulter un psychiatre, de suivre un traitement ou même, en cas extrême de danger imminent, de le faire interner sans son consentement.
Mais avant, je ne savais pas. J’étais loin d’imaginer la sombre réalité.
C’est pourquoi, il est de mon devoir aujourd’hui de témoigner, de vous informer et de vous conseiller. Car personne n’est à l’abri d’un internement, le sien ou celui d’un proche. Je ne peux pas rester dans le silence, cela signifierait valider les pratiques psychiatriques et être complice, malgré moi, de leurs abus et mauvais traitements. Je m’y refuse formellement.
Si mon internement en HP a été un échec criant qui m’a laissé plus de séquelles qu’autre chose, je cherche cependant à tirer parti des expériences de la vie. Peut-être, tout du moins j’espère, que cette période extrêmement sombre servira à certains à remettre en cause ce système et permettra de relancer le débat sur la façon dont la « folie » est traitée par notre société. Et là, je pourrai enfin me dire, que finalement, mon internement aura eu du bon.
Enfin, je ne peux oublier mes amis patients, qui, privés de liberté depuis des mois, des années, traînent leurs désespoirs dans les couloirs lugubres de ces hôpitaux prisons, privés de vie et de liberté pour être ou avoir été déprimés ou en décalage avec la société. La plupart ont été terriblement blessés par la vie, ont une sensibilité magnifique, un courage incroyable, un talent artistique fou. Ils ont été brisés par ce système, après avoir été blessés par la vie. C’est aussi et surtout pour eux que je témoigne.