Vital

" Tout serait plus simple si on ne t'avait pas inculqué cette histoire d'arriver quelque part, si seulement on t'avait appris, plutôt, à être heureux, en restant immobile. Toutes ces histoires à propos de ton propre chemin. Trouver ton chemin. Suivre son chemin. Alors que si ça se trouve on est fait pour vivre sur une place, ou dans un jardin public, là sans bouger, à faire que la vie passe, si ça se trouve on est un carrefour, le monde a besoin qu'on reste là sans bouger, ce serait une catastrophe si on s'en allait, à un moment donné, suivre notre route, mais quelle route ? les autres sont des routes, moi je suis une place, je ne mène à aucun endroit, je suis un endroit. "

City, Alessandro Barrico (l'amour de ma vie).

Je suis dubitative. Qu'en pensez-vous ?

C'est tout à fait pertinent. La notion de but n'est pas nécessaire à l'existence.

C'est ce que tout le monde dit, mais sans but, quelles raisons d'avancer ?
Le personnage d'Alessandro prône le fait de rester immobile, mais rester immobile n'est-ce pas faire du sur place ?

On avance de toute manière. En étant contemplatif ou en étant actif, on avance. À mon avis, ce texte est entre autre un plaidoyer pour ne pas aller plus vite que la musique. Combien de gens j'ai vu qui se tuent pratiquement sous une avalanche d'activités, qui vivent dans l'urgence, qui sont investis d'une mission...
Et combien de gens ratent leur rendez-vous le plus important?

Celui avec eux-mêmes?

Un but, oui. Mais pas n'importe quel but, pas celui que l'on doit remplir avec un abandon total de soi.

Il y a une harmonie à trouver.

En y réfléchissant bien, si cette place a une harmonie, c'est grâce à celui qui est la place.

Une place n'est pas que la fin d'un chemin, mais le départ de tous les chemins possibles. Et de même qu'on a besoin de routes, les cartes ne seraient rien sans les points de repères.

Cette place, c'est l'alpha et l’oméga, c'est le début et la fin.

C'est nous.

Mais peut-être qu'on a pas envie d'être une place, peut-être qu'on a envie de voguer de points de repères en points de repères ou alors dans le désert et ne jamais s'arrêter, car on pourrait gaspiller du temps de vie en en voyant pas assez...

Perso, je pense qu'il y a autant de définitions du bonheur qu'il y a d'être humain. Chercher à figer une définition qui serait universelle, baaaah... Je trouve réducteur.

Certains trouveront leur bonheur dans le dépassement de leurs limites, d'autres dans l'acceptation de leurs limites, certains dans la relation, d'autres dans l'introspection etc etc.

Pour autant, il n'y en a pas de "juste" et de "fausse", quoi.

Et celle qui est vraie pour moi maintenant ne le sera peut-être plus dans 5 jours ou 5 ans, ca évolue, ca aussi.

En revanche, tout relativiser n'est pas bon non plus.

On peut essayer de dégager par contre des moyens de ne pas être heureux. Une des manières les plus simples est de chercher tout le temps à être heureux.

Pourquoi "tout relativiser n'est pas bon non plus" ?

Enfin... Dans d'autres contextes, j'aurais pu concevoir le sens de la phrase, mais dans le cas de la définition du bonheur, j'ai du mal à concevoir.