c'est ma phrase préféré quand je vais chez le psychiatre, ma première phrase, à chaque fois.
C'est compliqué parce que pour deux pas en avant j'en fais un en arrière.
Parce que pour avancer je me heurte à des murs. Les contourner ou/et s'en remettre prend du temps.
Je perd du temps à me dénigrer, à ne pas croire en moi, à m'insulter me frapper me couper (sto. Je perd du temps avec les crises d'angoisse, à me remettre les injustices et violences sexiste ou transphobe. Je perd du temps à douter de moi. Je perd du temps à me bouffer les doigts, je perd du temps avec les sautes d'humeurs négatives, avec mes passes suicidaires, avec le besoin de me créer et planifier un échappatoire (cf : collecte de médoc, lettre d'au revoir, blablabla)
Je gagne du temps grâce à des sautes d'humeurs positives, grâce à mon traitement neuroleptique, grâce à mes amis, grâce à ma propre persévérance, ma capacité à me remettre des choses et avancer malgré tout, à prendre sur moi, mon psychiatre.
Conclusion : je perd plus de temps que je n'en gagne.
Pour y palier, il y a mon traitement, + j'ai droit à des tiers temps pour des examens. Je pense être légitime de les avoir. Je pense. Mon psychiatre.
Texte écrit il y a quelques jours dont je dois me rappeler :
"
"15/12/2017
Je dois apprendre à vivre autrement.
Ne plus me confondre en excuse,
ne plus être dans une logique de punition et de culpabilisation,
ne plus me rabaisser constamment,
ne plus m’insulter, me frapper, me couper.
Ce que les gens ont pu me dire pendant des années.
Denis, les enfants au collège et au lycée, mon beau père ou même ma mère.
Toute les fois où on m’a humilier, où on m’a insulté, maltraité… Je dois arrêter de me cacher derrière le sarcasme. Je dois arrêter de minimiser.
J’ai déjà arrêté d’ignorer, c’est déjà un bon début.
Ne plus être aussi sévère avec moi même, me pardonner, reconnaître les violences.
C’est plus simple de passer sa vie à se détruire que de se reconstruire.
J’ai passé combien de temps à me détruire ? Je le fais encore, c’est comme respirer.
Non. Ce n’est pas comme respirer. C’est acquis.
C’est un comportement acquis avec les années dont je dois me débarrasser, étape par étape.
Ne plus m’insulter, ne plus me dénigrer, ne plus me voir comme
Une chose
stupide
et ridicule.
Inutile
Inintéressante
Incapable.
C’est intéressant : en écrivant cette liste, je me rend compte à quel point ces adjectifs me semble évident. Il est évident pour moi que je suis ça.
Je ne peux pas être autre chose.
Pourtant je sais que je peux recevoir de l’amour d’autrui, l’accepter, et en donner.
J’aspire depuis longtemps à changer tout ça de moi. Mais je ne peux pas le faire en me foutant toujours des bâtons dans les roues, en passant mon temps à être extrêmement exigent avec moi même.
C’est un fait, je ne nie pas. Le plus grand danger c’est moi même. La personne qui m’a fait le plus de mal et qui continue de m’en faire, c’est moi même.
M’insulter et me rabaisser me rassure. C’est réconfortant.
Pourquoi ? C’est réconfortant de me voir comme une chose stupide et ridicule ? Ca donnerait une raison valable aux personnes qui m’ont malmenées. C’est plus simple à admettre que ce monde à quelque part une justice même bancale plutôt que d’admettre que je fais partie des pourcentages d’enfant maltraité en France et harcelé à l’école. Injustice.
C’est une question qui est déjà revenue : pourquoi moi ?
Non c’est vrai, je n’avais pas mérité ça, c’est injuste mais c’est comme ça.
Maintenant il faut vivre avec.
Actuellement : c'est compliqué.