Cesser.

Pour parler de tristesse, d'envies suicidaires, d'anxiété, etc.

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Scholl
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Cesser.

Message par Scholl »

Je ne sais pas comment ça s'est produit. Enfin si, je sais. J'y pense si souvent. Mais je ne sais pas, c'est le fait d'avoir enfin trouvé la solution. Parce que maintenant, c'est différent. Avant, le problème de la solution restait une étape à passer, et plus maintenant.
Je parle de mourir. Ce n'est pas un mot compliqué. Ni une idée douloureuse d'ailleurs. C'est quelque chose d'acquis. Depuis longtemps.
J'ai pensé à mourir pour la première fois à l'âge de onze ans. Il y'a eu ce déclic. Là dans la piscine, c'était si simple de se noyer. Si simple de passer de cet état de vie à l'état de mort. Il ne s'agissait que de vide. D'un espace temps si réduit. D'une pensée si rapide "je pourrais mourir à l'instant". Ce n'était même pas une question de pouvoir. Une question de choix, de liberté. Non, c'était juste un constat banal mais qui m'a captivé. Puis, la captivation est devenue une obsession. Je crois que la souffrance s'est installée à ce moment. A partir de là, j'ai pleuré souvent, et pour rien. Il y avait une boule dans ma gorge. Et j'ai continué de penser à la mort.
Ce n'était pas une peur, mais je pleurais. J'y pensais en cours, à la recréation, le soir. Et à chaque fois, les larmes montaient, et avec le temps restaient coincées dans ma gorge. Et puis, j'ai compris que rien ne serait desormais facile. Ca peut paraitre bête mais j'ai compris que j'allais mourir vite. Je n'arrivais plus à me détacher de cette presence morbide, et j'ai cessé de m'attacher à la vie comme si je savais que j'allais m'en séparer rapidement. Ce comportement est resté. Je ne m'attache pas à la vie. Je reste en parallèle, en attendant le moment où ça va s'arrêter. A chaque fois, à chaque fois que je rie, il y' a cette fraction de seconde où tout se vide en moi, comme si tout bonheur tombait en flaque à mes pieds et me laissait une sensation de vide immense. Et à chaque fois, je veux mourir. Pendant plusieurs années, j'ai hais la vie comme si elle était une personne qui passait son temps à me faire tomber pour rire de moi. Et puis, j'ai baissé les bras. J'ai décidé qu'elle ferait ce qu'elle veut. Et quelque part, j'ai l'impression qu'elle m'attend. J'ai l'impression qu'elle m'attend avec un cancer, le sida, la stérilité tout ça comme un coup de grâce.

Le jour, quand il y a tous les autres, je m'oblige. Je m'oblige à intégrer mon corps. A faire ce qu'on attend de moi. A assurer au cas où je me serais trompée sur ce qui m'attend. Je m'oblige à être là pour les autres, à être heureuse pour eux. A jouer ma vie. Mais le soir, ou lors de tous ces moments où je suis seule, le masque tombe sans que j'ai besoin de le faire. Il tombe et je sors de ma vie. Les pensées fusent. Depuis quelques temps, j'étais obsédée par l'idée de trouver une solution pour ne pas blesser ma famille et mes amies quand je devrais mourir. Il ne fallait pas qu'ils sachent que c'était un suicide, que j'avais refusé la vie. Et je ne trouvais pas cette solution. J'y pensais à ne plus pouvoir fermer l'oeil, avec des idées de plus en plus tordues. La plus simple residait dans le fait de me laisser mourir de faim. C'était une sorte de maladie après tout. Mais j'étais sure qu'ils auraient trouvé le moyen de me maintenir en vie. De me forcer à rester pour rester. Et puis hier soir, j'ai trouvé. Une idée de genie. Détaillée, simple, efficace.

Alors on en est là. Il faut dire ce qui est, depuis quelques temps je traine ma carcasse. Je hais cette force en moi. Cette faculté de toujours pouvoir en supporter plus. Je me demande quand est-ce que ça va cesser. Quand est-ce que cette force en aura assez. Quand est-ce qu'elle va comprendre que c'est pas raisonnable tout ça. Jamais. Il y a tous ces jours où j'ai à peine la force de tenir debout, où je n'ai pas dormi, où je suis encore sous l'effet des medicaments ou du petard, que j'ai du mal à retenir mes larmes. Je respire un grand coup avant de fermer la porte et j'y vais. Je vais aller me défoncer pour une autre personne que moi, je vais soutenir mes amies, réussir mes examens.. Mais il n'y a plus rien à l'intérieur. Y'a plus qu'une petite voix qui me dit stop quand je me couche. Qui me montre la sortie.
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Meth en psychose
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Re: Cesser.

Message par Meth en psychose »

Tu as l'air d'avoir trouvé THE solution à te lire. Et pour autant tu viens en parler ici. Dans ma tête j'ai un petit SYNTAX ERROR.
Du coup j'aurais une double question: Pourquoi avoir cette envie / Ne serait-ce pas plutôt une "solution par défaut" ?
Aimer, ce n'est pas dire "Je te fais confiance, je sais que tu ne me feras jamais mal" mais "Je préfère avoir mal de ta part que de celle d'un(e) autre"

Demain est un cercueil, hier un vomissement d'entrailles.
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Scholl
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Re: Cesser.

Message par Scholl »

J'en parle ici, parce qu'une partie de moi est assez lucide pour se dire que le fait d'avoir enfin la solution est un élément dangeureux pour moi. Et surtout, pour arrêter d'y penser au moins jusqu'à demain. Quand c'est posé, ça a tendance à moins monopoliser mon esprit. C'est comme garder un secret seule, c'est lourd, alors une fois dit à quelqu'un ça soulage assez pour ne plus y penser quelques temps. Et j'ai besoin de ne pas y penser jusqu'à demain. Et parfois, quand trop de choses sont emmêlées, je pense qu'il est plus raisonnable de les poser quelque part, là où ça ne risque rien pour ne pas risquer de le dire à quelqu'un. C'est totalement hypothétique, je sais que je ne le dirai à personne.
Une autre raison est la facilité. J'ai ecrit une vingtaine de pavés à poster, sans y parvenir. Parce que c'était trop compliqué. Alors que ça c'était simple et claire dans mon esprit. C'est quelque chose de concret et de basique. Quelque chose de sur.
Je me suis forcée à le faire. Je n'ai pas ouvert open office pour ne pas être tentée d'archiver. Je n'ai pas fait de relecture pour ne pas supprimer. J'ai serré les dents en cliquant sur envoyer. Pourtant je regrette. Je me sens encore plus embourbée qu'avant. C'est un faux pas. Et plus je parle, plus je me sens stupide et nulle. Plus je ressens le besoin de m'enfermer dans ma tête. Plus je ressens l'envie de mettre un terme à ce que je fais, à ce que je dis, à ce que je suis.

Il n'y a pas d'envie. Je pensais à cette question. Il n'y a pas de raison, pas de pourquoi. C'est une sorte d'évidence. C'est comme un lien très fort. Comme si j'avais toujours été une erreur, que ma place n'était pas ici. Le constat est d'autant plus dur que plus j'ai l'impression de devenir meilleure, plus je me rends compte du rejet. Plus je sens que tout m'est etranger. Je ne parle pas que des gens, je me sens rejetée par les meubles, par les espaces, par mon propre corps. J'ai la sensation permanente de devoir être effacée.
Je n'aurais pas du faire partie du plan.
Alors non, ce n'est pas une solution par défaut. Ce sont tous mes choix qui sont faits par défaut.
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Stéphanie
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Re: Cesser.

Message par Stéphanie »

Tu as un don pour écrire.
Demain tout ira mieux.
Caramel
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Re: Cesser.

Message par Caramel »

Avant de lire ta présentation, je me suis dit "ce style d'écriture me dit quelque chose". Après avoir lu ta présentation, je me suis dit "ah oui. normal".

Sinon... il s'est passé quoi dans ta vie, autour de ce moment où tu t'es dit que te noyer dans la piscine était une possibilité tout à fait acceptable ? Même des trucs qui n'ont pas l'air d'être en lien, mais qui pourraient être une pièce oubliée du puzzle ?

(on a tjs une conversation à finir. 'fin à commencer, vu que je devais partir. Suis dispo si tu veux).
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Scholl
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Re: Cesser.

Message par Scholl »

Merci Plume, ça fait longtemps qu'on ne m'avait pas dit ça.

Ce qui s'est passé dans ma vie à ce moment là.. J'ai commencé à aller mal envirron un an avant. Ma mère a commencé à exprimer de façon plus claire son dégout de moi. Notre relation a commencé à être officiellement "cassée". Je dirais que la guerre à commencé avec elle quand j'ai eu mes regles, à dix ans. J'ai toujours eu un don pour sentir que les choses allaient arriver. Je savais que j'aurais mes regles ce week end à Paris. Et pour punir ma mère, j'avais décidé que je me debrouillerai seule, que je ne lui dirai pas. Ce que j'ai fait. Ca a fonctionné les premiers jours. Puis j'ai pas su gérer les serviettes à l'école et ma mère s'est aperçue que je lui en avais pris. Alors elle m'a dit quelque chose du genre "Je suis vraiment très triste, c'est quelque chose qu'on aurait du partager ensemble". Si il y a bien quelque chose que je regrette, c'est ça. Avoir fait ce geste stupide d'égo qui a blessé ma mère.
Ensuite, y'a eu le collège. Et là, j'ai perdu la plupart de mes amies qui elles se sont bien integrées. J'ai commencé à avoir des soucis avec la nourriture. Ma mère a commencé à passer ses nerfs sur moi. Mon image de moi s'est enormément dégradée. J'étais meprisée. J'ai arrêté l'équitation peu de temps après les vacances à center parc je crois. Ca a vraiment marqué le debut de la depression. Et j'ai aussi commencé l'AM après ça. Alors, il n'y a rien de precis. Je crois que je me suis seulement retrouvée très seule.
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Caramel
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Re: Cesser.

Message par Caramel »

Scholl a écrit :Et pour punir ma mère.
La punir de quoi ?
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Scholl
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Re: Cesser.

Message par Scholl »

La punir de pas m'aimer.
Depuis quelques temps, j'éssaie de rassembler par ecrits mes souvenirs de la petite enfance.
Et c'est presque pitoyable tout ce que j'ai pu faire pour que ma mère me donne un peu d'amour, sans succès.
Et à partir de cet âge là, je crois que j'ai compris pourquoi ma mère ne me donner pas d'amour. Enfin, j'ai compris
avec mes capacités de l'époque, que ma mère ne m'aimait pas. Et dans un premier temps, j'ai décidé de lui faire payer.
Après, est-ce qu'elle avait fait quelque chose de particulier à ce moment là? Aucune idée, aucun souvenir.
Depuis que j'écris, je n'arrête d'avoir quelque chose qui me titille. A l'époque de l'école primaire, j'étais devenue amie
avec la dame de la cantine. Gwenaelle, une trentaine d'année. Je restais avec elle pendant les récrées, et le soir après l'école et je passais parfois le week end chez elle.
Et, elle detestait sa mère qui avait gaché sa vie. Et elle faisait souvent des comparaisons avec le comportement de ma mère.
D'ailleurs, ma mère était très jalouse de cette relation.
Un jour, la mère de gwenaelle que j'avais rencontré deux ou trois fois s'est pendue. Et gwenaelle m'a dit qu'elle était soulagée. Que c'était horrible de dire ça, mais que sa vie pouvait enfin démarer.
Je me demande si je n'ai pas été influencée, si mes problèmes relationnels avec ma mère n'ont pas été entretenus pendant un temps par la haine qu'elle vouait à sa propre mère.
Je sais que non. Parce qu'après, ma mère à laché le morceau plusieurs fois. Elle m'aimait pas, et ça avait commencé le jour de ma naissance. Mais je me demande quand même si ma "paranoia" envers ma mère n'a pas été exacerbée par gwenaelle.
Ou alors, est-ce juste une coincidence? Après tout, des mères comme la mienne, il en existe beaucoup.

Pour en revenir à la punition. La punition et la culpabilisation ont été mes armes de prédiléction pendant plusieurs années. Je dirais pendant les trois premières années. La première fois que j'ai arraché la peau de mes mains, c'était pour punir mon père. Pour qu'il voit à quel point il me faisait mal avec ses crises de colère.
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Re: Cesser.

Message par Caramel »

Elle a pu te dire pourquoi elle ne t'aime pas ?
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Re: Cesser.

Message par Scholl »

Y'a quelques années, elle m'a dit que ca avait commencé le jour de l'accouchement.
Ca s'est très mal passé, elle a été humiliée et elle a cru qu'elle allait mourir. Suite à ça, elle a été traumatisée.
Et son cerveau a enregistré que c'était ma faute.
Après ça, elle a fait une depression, elle a pas pu feter mon anniversaire avant mes quatre ans.
Et puis, ça n'a été qu'une suite de pas de chances. Je n'ai pas fait mes nuits avant d'avoir trois ans, je pleurais tout le temps, j'étais toujours malade.
Et puis, il y a toutes ces choses que j'ai réussi à retracer en ecrivant. Tous ces détails qui me sont revenus.
Et ça n'a rien arrangé, ma maladie. Mais ça c'est vraiment ma faute. Je crois que je leur ai tout fait subir. Toutes les choses qu'on peut imaginer pour se faire du mal. Mais je ne crois pas que ça ait été si determinant. Je crois que les non-sentiments étaient déjà présents.
Ensuite, j'ai ma propre théorie sur des éléments propres à ma mère qui ont pu être la source de tout ça.
Sa mauvaise relation avec sa propre mère. Le fait que ma grand-mère l'aimait moins que son frère et sa soeur ainée (je pense que c'est pour "venger" ça, qu'elle a toujours tout donné à ma petite soeur). Le fait qu'elle soit jalouse de moi, parce que je réussis mieux mes études qu'elle n'a pu le faire. Souvent, elle s'est comportée envers moi comme une adolescente de treize ans. Tout était source de rivalités.
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