Cesser.

[Scholl]

Depuis plusieurs semaines à chaque fois que je pense à ma mère ou lui parle au téléphone, je fais des crises d'angoisses et je pleure.

[Caramel2]

Je te redis ici ce que je pense t'avoir déjà dit (mais peut-être pas, j'ai un doute, et comme une énorme flemme d'aller me taper la relecture de mes réponses à tes posts sur AM) : pourquoi tu t'acharnes à garder un lien avec elle, si ce lien est aussi malsain / destructeur ?

Jveux dire.. Oui c'est ta mère. Mais votre relation est totalement foireuse, biaisée par ses propres merdes (à ta mère). Sincèrement, comme tu parles de ta mère, plus je te lis, plus je vois l'image de quelqu'un qui a des merdes psy largement aussi massives (voire plus ?) que les tiennes, qui ont totalement parasité votre relation.
Alors oui, c'est baddant d'un coté de se dire "C'est ma mère, mais elle ne m'apporte rien de bon", mais le fait est qu'en l'état actuel des choses, tant que l'une de vous deux n'aura pas fait de chemin par rapport à ce qui plombe votre relation, c'est le cas.

Ca n'est pas forcément une situation figée, qui ne se débloquera pas avec le fait que tu aies fait ton chemin (ou qu'elle ait fait le sien, m'enfin ca, tu n'as aucune prise là dessus, alors autant te concentrer sur les paramètres que tu peux maitriser que de penser à des paramètres qui sont purement entre ses mains à elle...).
Le jour où tu te seras assez construite pour ne plus être démolie / destabilisée par le regard vachement dévalorisant / pas positif qu'elle a sur toi, ben... il sera peut-être le moment de reprendre contact avec elle, parce que bah, quoi qu'elle fasse, tu auras pris assez de recul pour gérer le truc sans partir en couille. Mais si tu angoisses dès que le sujet "mère" vient sur le tapis ou que tu lui parles, c'est pas mal la preuve que ce chemin, tu ne l'as pas encore fait, et que cette sécurité, tu ne l'as pas encore quoi.

Alors pourquoi s'acharner, au final ?

Jveux dire, y a eu des longues périodes sans contact entre moi et ma mère. Y a toujours peu de contact d'ailleurs (tous les deux trois mois). C'est pas pour autant que je ne l'aime pas, que je ne ressens rien pour elle, mais c'est cette distance qui me permet un équilibre vis à vis d'elle, de ne pas être trop parasitée par sa propre angoisse, tout ca. C'est pas une honte de ne pas pouvoir avoir moults contacts avec ta mère, quoi... C'est un fait, c'est comme ca, certes c'est loin du mythe de "la famille c'est la sécurité, l'amour, le refuge quand tout va mal", tout ca quoi.. Mais c'est une réalité pour pas mal de monde.

[Scholl]

Je pensais avoir fait pas mal de chemin par rapport à ma mère.
J'ai dépassé le cap de l'hystérie quotidienne, celui de la vengence, celui de vouloir l'aider à tout prix, celui de la fausse indifference...
Je pensais vraiment avoir atteint une sorte de stabilité. Puis je sais pas si c'est le fait que j'ai quitté mon ex, ou que j'ai eu une periode critique visible; mais j'ai l'impression d'être redevenue sa chose. Mais là encore ça passait. Y'avait plein de choses que je pouvais accepter sans sourciller. Jusqu'à cet été où elle m'a fait vivre un enfer mais surtout où elle m'a fait comprendre plein de choses que je croyais dépacées (notamment le fait qu'elle ne me supportait pas). Mais ça encore j'aurais pu l'accepter.
Mais le truc le plus dur à accepter pour moi, c'est sa façon de se comporter plus ou moins ouvertement envers mon copain en fonction de se qu'elle me reproche. Parce que le couple, c'est la seule relation dans laquelle je m'épanouie, dans laquelle j'ai confiance et dans laquelle je ressens l'amour de l'autre. Et je sais pas si on arrive à comprendre ça, mais si c'est le cas vous comprendrez que c'est beaucoup.
Le truc, c'est que ma mère, elle a pas que ses mauvais côtés et surtout elle est très changeante. Je veux dire, quand la fin de l'été est arrivée, elle est devenue toute gentille. Elle a des gentilles attentions parfois. Et je me trouverai monstrueuse de cracher là dessus.
Y'a longtemps que je crois plus à la famille de mes rêves, mais j'espère toujours quelque part retrouver ma mère. J'y tiens, je tiens à elle.
Ca rend les choses encore plus dures. Depuis quelques temps, j'essaie de mettre de la distance. D'y aller moins souvent, moins longtemps mais je culpabilise. Je me dis qu'elle doit mal le vivre, d'autant plus qu'on va plus souvent chez les parents de Camille et qu'elle le sait.
Enfin, si je coupe les ponts avec ma mère, je les coupe aussi avec mon père et surtout avec ma grand-mère (qui est la voisine de mes parents -donc déjà pas possible d'aller la voir sans passer chez mes parents-). Et vous me direz que couper les ponts avec ma mère ne m'oblige pas à le faire avec eux aussi, mais si. Ma grand-mère se sentira obligée de choisir et elle choisira ma mère parce qu'elle ne l'a pas assez aimée avant. Et mon père n'est pas du genre à affronter ma mère. Ma grand mère, c'est une des personnes que j'aime le plus au monde. Et mon père, nos relations se sont vachement améliorées. C'est pas toujours rose, on ne vit toujours pas sur la même planète mais je sais que je lui manque. Il est plus tendre avec moi, plus attentionné. Ca se voit qu'il cherche à ne pas me blesser comme si il avait peur de me perdre.
Et puis, y'a tout l'aspect financier. Même si c'est le sujet le plus conflictuel entre mes parents et moi, ils sont ma principale source de revenu. Et aussi ma seule source de caution pour les appartements. Et franchement, faut pas se leurer avec eux pas de relation=pas d'argent. Ou alors ma mère finirait par céder dans une joute dramatique (ce que je deteste, quand elle fait ça, je préfère ne rien avoir).
Mais ouais, j'y pense souvent à couper les ponts. De plus en plus. Je crois que c'est d'ailleurs la cause de mes crises répétées. Parce que je pense à tout ce que je viens de dire (et plus encore) et que ça m'angoisse terriblement. Si j'étais seule, je pense que je demanderai à participer au programme erasmus pour partir finir mes études au quebec. Ce serait une super solution mais je ne veux pas perdre Camille.

Edit:
Il y a aussi un truc, je pensais avoir passer le cap des rancoeurs, mais en fait, je lui en veux de plus en plus. Plus je fouille dans ma mémoire, plus ma vie est claire, plus je lui en veux. Sauf qu'elle, elle ne fait pas ce chemin de "retrassage" dans sa tête. Alors moi, j'ai une colère qui s'accumule en dehors du quotidien. Donc en plus du stress d'aller la voir sans savoir si elle est dans une bonne passe, il y a cette colère. Et ça fait que je suis sur les nerfs. La semaine dernière quand on y est allé, il ne s'est rien passé de plus dramatique que d'habitude. Mais j'étais tellement angoissée à l'idée qu'il se passe quelque chose, tellement en colère (aussi à cause de son comportement à l'approche des fêtes envers camille) que j'ai piqué plusieurs crises "sans réelle raison". Et ça m'a enervé contre moi même. Parce que j'avais l'impression d'être revenue des années en arrière quand il ne fallait qu'un mot ou une intonation pour que je me mette dans des états pas possibles. C'est ça qui m'enerve, j'ai vraiment l'impression d'être redevenue sa chose et d'être revenue à la case départ chaque fois qu'on est en relation.
Et puis je sais pas. Y'a le fait qu'elle se soit jamais remise en question. N'importe qui sait que ma mère m'a plus ou moins bousillé. Et je demande pas des excuses. Je veux pas la faire culpabiliser. Mais le fait que ça ne lui traverse pas l'esprit, et qu'elle soit outrée quand je reviens sur le passé ou quand j'essaie de lui faire comprendre qu'elle m'a fait du mal, ba ça passe pas. Y'a souvent des moments ou elle me lance des piques en public. En revenant sur des faits du passé, sur des choses que j'ai faite. Et j'assume, je ressens de la culpabilité. Je sais que j'ai pas été facile. Et je le dis ouvertement. Mais si je reponds ensuite quelque chose qui inclut qu'elle y soit pour quelque chose, c'est le scandale. Ca ressemble à une gue-guerre comme ça mais c'est beaucoup plus. Elle se sent totalement exterieure et victime de mes problèmes. Et j'ai essayé de chercher une partie d'elle qui ne pense pas ça, comme je l'ai fait pour le reste. Afin de continuer à l'aimer, mais j'ai pas trouvé.

[Caramel2]

En clair, c'est quoi son comportement envers ton copain ?

[Scholl]

Elle va me faire comprendre qu'elle veut pas qu'il vienne, ou qu'elle ne veut pas que je le présente à des gens de ma famille.
Elle ne va pas lui parler. Quand il a failli ne pas avoir son bac, elle m'a grosso-modo dit qu'il était bon à rien/pas fait pour moi. Elle va me dire qu'elle preferait mon ex (ce qui est faux, parce que quand j'étais avec mon ex, c'était pareil).
Elle était partie pour ne rien lui offrir à nöel. Elle n'était pas d'accord pour qu'il fasse nöel avec nous. Et puis c'est des petits trucs des soupirs, des remarques, des trucs qu'elle dit à ma soeur.
Mais je sais que c'est pas par rapport à lui, parce que parfois elle va être très sympa avec. Mais y'a de plus en plus souvent des moments où j'ai l'impression qu'elle a envie d'être désagréable avec moi, de me pourrir la vie et j'ai l'impression qu'elle le fait par l'intermédiaire de Camille.

[Caramel2]

Euh, ouais, je peux largement concevoir que tu aies vraiment du mal avec ce comportement quoi !

Me fait vachement penser au comportement de la mère d'un ami, et pour avoir été "utilisée comme outil de torture de son fils" (alternativement en mode "tu ne mérites pas des amis comme elle, elle est trop bien pour toi" et en mode "avec des amis aussi foireux, ca ne m'étonnes pas que tu foires tout dans la vie"), je peux concevoir la situation assez bien...

Ma mère a aussi eu sa période "je dénigre tous tes amis, tout en ayant une attitude parfaitement ambivalente sur la question face à eux"... J'ai toujours vu ca comme un moyen de garder une emprise sur moi : dénigrer les gens que j'aimais, pour garder le controle sur moi, le controle sur ma vie, mes choix, tout ca.
Ca a relativement mal marché, à vrai dire...

Je sais bien que l'argument financier pèse dans la balance et te rend difficile le fait de couper les ponts, mais ... Sincèrement ca serait notablement plus sain de le faire, quoi. Parce que là c'est juste destructeur...

[DizzyDance]

Y a aussi que les parents ont tout simplement PEUR de voir leur fils/fille PARTIR. Et ils font reporter cette peur sur autre chose, d'autres prétextes, des trucs à se fracasser la tête tellement ça manque de logique,

Les comportements aberrants générés par la peur ne sont pas réservés qu'aux seuls membres du forum...

[Scholl]

Ma mère a toujours été comme ça. Quand j'ai commencé à avoir des problèmes relationnels au collège, c'était toujours de ma faute. Elle defendait toujours les autres. En leur trouvant des excuses plus ou moins bidons. Puis quand j'ai eu des amitiés fusionnelles ensuite, elle detestait toujours mes amies. Elle disait souvent que nos relations étaient malsaines etc..
Hier, au téléphone elle m'a dit qu'une de mes meilleures amies me planterait surement la veille de mes 20 ans. (J'en ai pas encore parlé mais c'est une déjà une grosse source d'angoisse pour moi).
Mais bon, elle a souvent raison j'imagine. Et puis j'ai plus ou moins appris à faire la part des choses là dessus.

Je me sens pas prete à couper les ponts. Pas là, pendant les fêtes. Après mes 20 ans, ce sera plus facile. Même si déjà, je prends mes distances. Et puis, peut-être qu'à force de mettre plus de distance, elle ne s'en rendra plus compte et qu'on arrivera à avoir une relation clairsemée et positive.

Quant à ce que tu as dit Dizzy, je ne pense pas que ce soit ça. Y'a peut-être une partie d'elle qui pense ça mais si je devais chiffrer cette partie, elle serait de l'ordre du 5 à 10% d'elle. Ma mère ne me supporte pas. C'est un soulagement pour elle que je ne suis plus là, si je reviens trop souvent, ou si je reste trop longtemps ça ne le fait pas. Je dirais qu'au vu de son comportement souvent mesquin, elle aimerait inconsciemment (ou pas) que je continue de l'attendre et de la rechercher. Que je souffre de la distance. Quelque part j'en souffre, mais je fais tout pour ne pas qu'elle le sache. Non franchement, ce qui l'inquiète plus de ce côté là, c'est de voir partir ma soeur l'année prochaine. Elle est prête à payer pour qu'elle aille dans le privé pourvu qu'elle ne parte pas trop loin de la maison.