Cesser.
Posté : ven. 25 nov. 2011 15:22
Je ne sais pas comment ça s'est produit. Enfin si, je sais. J'y pense si souvent. Mais je ne sais pas, c'est le fait d'avoir enfin trouvé la solution. Parce que maintenant, c'est différent. Avant, le problème de la solution restait une étape à passer, et plus maintenant.
Je parle de mourir. Ce n'est pas un mot compliqué. Ni une idée douloureuse d'ailleurs. C'est quelque chose d'acquis. Depuis longtemps.
J'ai pensé à mourir pour la première fois à l'âge de onze ans. Il y'a eu ce déclic. Là dans la piscine, c'était si simple de se noyer. Si simple de passer de cet état de vie à l'état de mort. Il ne s'agissait que de vide. D'un espace temps si réduit. D'une pensée si rapide "je pourrais mourir à l'instant". Ce n'était même pas une question de pouvoir. Une question de choix, de liberté. Non, c'était juste un constat banal mais qui m'a captivé. Puis, la captivation est devenue une obsession. Je crois que la souffrance s'est installée à ce moment. A partir de là, j'ai pleuré souvent, et pour rien. Il y avait une boule dans ma gorge. Et j'ai continué de penser à la mort.
Ce n'était pas une peur, mais je pleurais. J'y pensais en cours, à la recréation, le soir. Et à chaque fois, les larmes montaient, et avec le temps restaient coincées dans ma gorge. Et puis, j'ai compris que rien ne serait desormais facile. Ca peut paraitre bête mais j'ai compris que j'allais mourir vite. Je n'arrivais plus à me détacher de cette presence morbide, et j'ai cessé de m'attacher à la vie comme si je savais que j'allais m'en séparer rapidement. Ce comportement est resté. Je ne m'attache pas à la vie. Je reste en parallèle, en attendant le moment où ça va s'arrêter. A chaque fois, à chaque fois que je rie, il y' a cette fraction de seconde où tout se vide en moi, comme si tout bonheur tombait en flaque à mes pieds et me laissait une sensation de vide immense. Et à chaque fois, je veux mourir. Pendant plusieurs années, j'ai hais la vie comme si elle était une personne qui passait son temps à me faire tomber pour rire de moi. Et puis, j'ai baissé les bras. J'ai décidé qu'elle ferait ce qu'elle veut. Et quelque part, j'ai l'impression qu'elle m'attend. J'ai l'impression qu'elle m'attend avec un cancer, le sida, la stérilité tout ça comme un coup de grâce.
Le jour, quand il y a tous les autres, je m'oblige. Je m'oblige à intégrer mon corps. A faire ce qu'on attend de moi. A assurer au cas où je me serais trompée sur ce qui m'attend. Je m'oblige à être là pour les autres, à être heureuse pour eux. A jouer ma vie. Mais le soir, ou lors de tous ces moments où je suis seule, le masque tombe sans que j'ai besoin de le faire. Il tombe et je sors de ma vie. Les pensées fusent. Depuis quelques temps, j'étais obsédée par l'idée de trouver une solution pour ne pas blesser ma famille et mes amies quand je devrais mourir. Il ne fallait pas qu'ils sachent que c'était un suicide, que j'avais refusé la vie. Et je ne trouvais pas cette solution. J'y pensais à ne plus pouvoir fermer l'oeil, avec des idées de plus en plus tordues. La plus simple residait dans le fait de me laisser mourir de faim. C'était une sorte de maladie après tout. Mais j'étais sure qu'ils auraient trouvé le moyen de me maintenir en vie. De me forcer à rester pour rester. Et puis hier soir, j'ai trouvé. Une idée de genie. Détaillée, simple, efficace.
Alors on en est là. Il faut dire ce qui est, depuis quelques temps je traine ma carcasse. Je hais cette force en moi. Cette faculté de toujours pouvoir en supporter plus. Je me demande quand est-ce que ça va cesser. Quand est-ce que cette force en aura assez. Quand est-ce qu'elle va comprendre que c'est pas raisonnable tout ça. Jamais. Il y a tous ces jours où j'ai à peine la force de tenir debout, où je n'ai pas dormi, où je suis encore sous l'effet des medicaments ou du petard, que j'ai du mal à retenir mes larmes. Je respire un grand coup avant de fermer la porte et j'y vais. Je vais aller me défoncer pour une autre personne que moi, je vais soutenir mes amies, réussir mes examens.. Mais il n'y a plus rien à l'intérieur. Y'a plus qu'une petite voix qui me dit stop quand je me couche. Qui me montre la sortie.
Je parle de mourir. Ce n'est pas un mot compliqué. Ni une idée douloureuse d'ailleurs. C'est quelque chose d'acquis. Depuis longtemps.
J'ai pensé à mourir pour la première fois à l'âge de onze ans. Il y'a eu ce déclic. Là dans la piscine, c'était si simple de se noyer. Si simple de passer de cet état de vie à l'état de mort. Il ne s'agissait que de vide. D'un espace temps si réduit. D'une pensée si rapide "je pourrais mourir à l'instant". Ce n'était même pas une question de pouvoir. Une question de choix, de liberté. Non, c'était juste un constat banal mais qui m'a captivé. Puis, la captivation est devenue une obsession. Je crois que la souffrance s'est installée à ce moment. A partir de là, j'ai pleuré souvent, et pour rien. Il y avait une boule dans ma gorge. Et j'ai continué de penser à la mort.
Ce n'était pas une peur, mais je pleurais. J'y pensais en cours, à la recréation, le soir. Et à chaque fois, les larmes montaient, et avec le temps restaient coincées dans ma gorge. Et puis, j'ai compris que rien ne serait desormais facile. Ca peut paraitre bête mais j'ai compris que j'allais mourir vite. Je n'arrivais plus à me détacher de cette presence morbide, et j'ai cessé de m'attacher à la vie comme si je savais que j'allais m'en séparer rapidement. Ce comportement est resté. Je ne m'attache pas à la vie. Je reste en parallèle, en attendant le moment où ça va s'arrêter. A chaque fois, à chaque fois que je rie, il y' a cette fraction de seconde où tout se vide en moi, comme si tout bonheur tombait en flaque à mes pieds et me laissait une sensation de vide immense. Et à chaque fois, je veux mourir. Pendant plusieurs années, j'ai hais la vie comme si elle était une personne qui passait son temps à me faire tomber pour rire de moi. Et puis, j'ai baissé les bras. J'ai décidé qu'elle ferait ce qu'elle veut. Et quelque part, j'ai l'impression qu'elle m'attend. J'ai l'impression qu'elle m'attend avec un cancer, le sida, la stérilité tout ça comme un coup de grâce.
Le jour, quand il y a tous les autres, je m'oblige. Je m'oblige à intégrer mon corps. A faire ce qu'on attend de moi. A assurer au cas où je me serais trompée sur ce qui m'attend. Je m'oblige à être là pour les autres, à être heureuse pour eux. A jouer ma vie. Mais le soir, ou lors de tous ces moments où je suis seule, le masque tombe sans que j'ai besoin de le faire. Il tombe et je sors de ma vie. Les pensées fusent. Depuis quelques temps, j'étais obsédée par l'idée de trouver une solution pour ne pas blesser ma famille et mes amies quand je devrais mourir. Il ne fallait pas qu'ils sachent que c'était un suicide, que j'avais refusé la vie. Et je ne trouvais pas cette solution. J'y pensais à ne plus pouvoir fermer l'oeil, avec des idées de plus en plus tordues. La plus simple residait dans le fait de me laisser mourir de faim. C'était une sorte de maladie après tout. Mais j'étais sure qu'ils auraient trouvé le moyen de me maintenir en vie. De me forcer à rester pour rester. Et puis hier soir, j'ai trouvé. Une idée de genie. Détaillée, simple, efficace.
Alors on en est là. Il faut dire ce qui est, depuis quelques temps je traine ma carcasse. Je hais cette force en moi. Cette faculté de toujours pouvoir en supporter plus. Je me demande quand est-ce que ça va cesser. Quand est-ce que cette force en aura assez. Quand est-ce qu'elle va comprendre que c'est pas raisonnable tout ça. Jamais. Il y a tous ces jours où j'ai à peine la force de tenir debout, où je n'ai pas dormi, où je suis encore sous l'effet des medicaments ou du petard, que j'ai du mal à retenir mes larmes. Je respire un grand coup avant de fermer la porte et j'y vais. Je vais aller me défoncer pour une autre personne que moi, je vais soutenir mes amies, réussir mes examens.. Mais il n'y a plus rien à l'intérieur. Y'a plus qu'une petite voix qui me dit stop quand je me couche. Qui me montre la sortie.