Stress post-traumatique ?

Pour parler de tristesse, d'envies suicidaires, d'anxiété, etc.

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Layla
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Stress post-traumatique ?

Message par Layla »

Je sais que je ne viens pas souvent, voire quasiment jamais. Je sais que je ne suis pas fiable, que je ne suis pas investie, toussa. Mais je ne veux pas parler de ça sur AM-entraide, et je ne peux pas en parler IRL, alors je me tourne vers Vital, même si au final je ne me sens pas véritablement le droit de le faire. As usual.

J'ai peur. Tout le temps. Vraiment peur, et vraiment quasiment tout le temps. De ce genre de peur irrationnelle qui prend au bide et ne s'en va pas, malgré que ma raison tente de lutter contre.

Je ne sais même pas à quoi c'est du exactement. Aux suicides ? Aux agressions ? A l'accident ? Au secourisme ?
Je pense un peu des quatre. Je ne vous ai pas raconté grand chose de ma vie depuis longtemps, exception faite de Meth et Mel que je vois IRL.

Pas besoin de reprendre l'historique jusqu'aux suicides d'il y a maintenant deux ans, je pense que tout le monde s'en souvient. Mais c'est à ce moment là que ça a commencé.
Ça a commencé un 10 septembre, au matin, quand j'ai ouvert Facebook avant d'aller à ma pré-rentrée à la fac. Ça a commencé quand j'ai vu l'annonce de la mort d'une de mes amies de longue date, que je devais retrouver plus tard dans la journée si elle ne s'était pas butée.
Ça a continué avec son enterrement. Puis avec Cindy, puis avec Julie. Passons. C'est douloureux pour tout le monde à cette époque de l'année.

Oui, ces événements là m'ont traumatisée. D'une certaine façon. Mais ce qui provoque mon état actuel, ça remonte à avril dernier. Entre ce moment là et aujourd'hui, il s'est passé beaucoup de choses. J'ai du mal à en parler car j'ai tout refoulé, et maintenant que ça remonte, je ne sais plus comment en parler.

En avril, alors que j'allais bosser pour mon dernier week end en boite de nuit, je suis tombé à l'arrêt de tram sur un homme d'une quarantaine d'année couvert de sang. Secouriste que je suis, je suis intervenue. Il s'est avéré que cet homme s'était fait agressé, il avait été attaqué au couteau et avait des plaies au niveau du thorax, sur le crâne et un trou dans le front (un vrai bon gros trou qui pissait le sang). Il était au départ réfractaire au contact, mais au bout d'un moment à parler avec lui, j'ai pu approfondir mon bilan (détresse neurologique, détresse respiratoire, détresse circulatoire, donc état grave et très préoccupant), et l'amener à accepter d'appeler les secours.
3 pompiers sont venus. Et ont fait de la merde (je reprécise : agression, état de choc, détresse neurologique, trois hommes en tenue qui vienne lui gueuler dessus, le mec a voulu partir, rentrer chez lui, se mettre en sécurité). Ils l'ont laissé partir sans plus de cérémonies, malgré mes avertissements.
Je pense qu'il doit être mort, en tout cas c'est le scénario le plus probable.
Je pense que les pompiers ont commis une faute grave, voire plusieurs, même.
Mais sur le coup, on m'a convaincue du contraire, alors je n'ai rien fait. Alors que j'en avais l'intuition. Je culpabilise, aujourd'hui. Je m'en veux, et ne pas savoir me hante.
Je sais que raconté comme ça, ça ne doit pas vraiment retransmettre le traumatisme que cette nuit là a provoqué chez moi. J'arrive pas à détailler plus, même si tous les détails sont ancrés dans ma tête comme si ça s'était passé hier. C'est juste trop difficile de rentrer plus dans les détails.

Globalement, le secourisme m'enrichit énormément. Mis cette intervention là, seule et sans matériel, méprisée par les pompiers car j'étais une fille un samedi soir à 23h habillée en jupe courte + talons et qui essayait de leur faire comprendre quelque chose. Cette intervention qui a mal tournée, qui me laisse emplit de rancune, de détresse et de culpabilité. Celle-ci, je la vis mal, encore aujourd'hui.

Puis il y a eu mon frère. Fin mai, il s'est fait agressé pour un paquet de clope, à 10 minutes à pied de chez moi, alors qu'il rentrait un soir. Rien de grave, des bleus et des courbatures pour lui, et une peur intense et tenace pour moi.
En juillet, à une centaine de mètre de chez moi, une voiture l'a percuté alors qu'il marchait tranquillement sur le trottoir, puis a pris la fuite. Il m'a immédiatement appelée, et je crois que je me souviendrais toujours de la peur que j'ai ressenti en l'entendant me dire qu'il s'était fait renverser au rond point d'à côté, qu'il souffrait, qu'il fallait que je vienne vite. Je n'avais jamais eu aussi peur de ma vie, jusque là. Une nuit aux urgences plus tard, il s'est avéré qu'il n'avait pas grand chose, en dehors d'un gros hématome, et du choc psychologique.

Et en août. En août j'ai eu droit à un combo.

Au début du mois, j'ai eu la bonne idée d'aller boire avec Meth et Mel (+ une autre personne). Vers les 4h du matin, Meth et moi avons décidé d'aller chercher à manger dans le centre-ville. Inutile de préciser que nous étions bourrés, j'imagine. Évidemment, en sortant de la boulangerie, on m'insulte. "Sale pute", "viens là que j'te baise", etc.
J'ai réagi : comme d'habitude quand je suis bourrée, je riposte (tous mes proches en sont témoins, quand j'ai bu vaut mieux pas m'emmerder car ça finit soit avec les flics, soit aux urgences, soit en pleurs ou en crise d'angoisse au téléphone avec Caramel). J'ai répliqué, puis comme ça continuait j'ai frappé. Il était seul au départ, je lui ai foutu un de ces coup de poing, vu la tête qu'il a faite il était choqué qu'une nana ose ne pas se laisser faire. Je précise malgré tout que je ne suis pas fière d'avoir frappé un gosse, malgré les insultes.
De toute manière, cet instant de semi-gloire n'a pas duré car toute sa bande a débarquée.
Au final, cette fois-ci, j'ai perdu. Ça ne m'étais jamais arrivé. Je me sentais invincible, jusque là, simplement car moi je ne me laissais pas faire, moi je n'avais pas peur. Blablabla. Au final, le nombre l'emporte toujours. Je n'ai pas vraiment cru que j'allais mourir, j'étais un peu dans le vague. Je sentais les coups, je sentais le sang sur mon visage, le goût du cuivre dans ma bouche, j'entendais les cris, j'ai senti le choc contre la grille en fer, puis sa froideur. Je ne pensais qu'à répliquer. Faire mal, faire souffrir, encore un peu, même si ça voulait dire prendre un autre coup. Je me suis fais peur cette nuit là. Autant dans les actes que dans ce qui m'animait intérieurement. L'envie de faire souffrir et de souffrir aussi.
Le goût de la victoire à voir le sang sur mes mains.
C'était intense, j'ai aimé ça. Et en parallèle je me suis tellement dégoûtée...

Comment est-ce qu'on peut vouloir devenir soignant quand on aime autant la sensation de frapper quelqu'un ? Comment est-ce que je peux avoir autant aimé être agressé ? Je me suis sentie monstrueuse, et ça m'arrive encore aujourd'hui. C'est comme une perversion.
J'aime avoir mal, parce que c'est ce que je connais de plus intense. Ça me donne des raisons d'aller mal, ça me donne le droit d'avoir mal. Et ça me fait ressentir. La vie, la mort, le risque.

Bref.

Fin août, il y a eu l'accident. Je revenais d’Écosse avec mon copain, en voiture. Sur l'autoroute, pas très loin de Londres, alors qu'on venait de repartir après une pause et que je regardais la carte cherchant la sortie où on devait sortir, j'ai été tirée de mes recherches par un choc violent. La voiture a fait un demi-tour complet, alors qu'on roulait à 110km/h. Je ne savais pas ce qu'il se passait vu que l'instant d'avant je regardais la carte. Je me rappelle avoir crié un truc du genre "qu'est-ce qu'il se passe ?". Puis j'ai vu. J'ai vu le semi-remorque en face de nous, nous foncer dessus. Et pendant une seconde, j'ai vraiment cru que c'était fini. Puis les chocs, encore. On a fait trois ou quatre tonneaux. J'ai senti une douleur intense dans mon cou. Je ne voyais plus rien, je ressentais juste la violence des chocs dans tout mon corps, et la certitude intense que cette fois, j'allais bel et bien y rester. Puis tout d'un coup, ça s'est arrêté. J'ai tourné la tête, j'ai vu mon copain les yeux fermés. J'ai paniqué, j'ai cru que j'étais la seule de nous deux encore vivante. Heureusement non, il a ouvert les yeux, mais la peur m'est encore palpable.
La voiture était retombée sur le côté, avec le côté conducteur contre le sol. Moi, j'étais suspendue uniquement par la ceinture de sécurité. De là où j'étais je ne voyais rien, je ne savais pas où on était, si on était sur les voies ou sur la bande d'arrêt d'urgence. J'ai essayé d'ouvrir la porte, mais évidemment ça ne fonctionnait pas. Mon copain m'a dit qu'on était sur la bande d'arrêt d'urgence. Alors je me suis concentré sur mes notions secouristes. Ma tête me faisait mal, ma nuque aussi, le côté droit de mon cou me brûlait atrocement, mon corps n'était retenu que par la ceinture, qui me faisait un mal de chien. Je ne pouvais pas bouger à cause de ma nuque. J'avais peur que les cervicales aient été atteintes.
On a mis une heure à être désincarcérés par les pompiers. Cette heure est sans doute une des pires heures que j'ai vécu.

Puis on a été amenés aux urgences. Je passe sur la fin du voyage, en dehors d'un torticolis massif, de quelques ecchymoses et de quelques douleurs, rien de grave, pour aucun de nous. Si ce n'est le traumatisme psychologique, en tout cas pour ma part.

Cet accident de voiture, en tout et pour tout a du durer une poignée de secondes, une minute tout au plus. Et pourtant, j'en garde un souvenir très net. A la fois du déroulé que de mes sensations. Je ne me suis pas vraiment détachée de la peur que j'ai éprouvé à ce moment là. Quand je ferme les yeux, je visualise souvent le camion nous fonçant dessus, je vois ce camion et je revis à l'infini cette certitude absolue en le voyant que nous allons mourir, que c'est la fin cette fois.

Tout ces événements font que j'ai peur. Tout le temps. Je fais des crises d'angoisse en voiture, que j'essaye tant bien que mal de dissimuler. J'ai peur dès que je sors de chez moi. De me faire agresser, de mourir, de me faire renverser, de tomber sur une victime de quelque chose et de devoir intervenir et j'en passe. J'ai peur de chaque son qui me surprend, je regarde souvent par dessus mon épaule quand je rentre chez moi.
Je fais des cauchemars, soit qui me font revivre l'accident, soit où je souffre voire je meurs, ou alors ce sont des proches.
Tout passe maintenant par ces prismes. Je suis parfois terrorisée à l'idée de traverser une route. Je préfère marcher 20 minutes que prendre un bus pendant 5. A chaque fois que mon téléphone sonne ou vibre, j'ai peur que ce soit pour m'annoncer un décès ou un accident. Quand je ne vois pas ma mère rentrer, je me dis qu'il lui est arrivé quelque chose. Je passe en revue tous mes proches en me demandant "s'il lui arrive quelque chose de grave, est-ce ses parents / ses amis parviendront à me contacter ?". Je suis parfois tellement convaincue que je vais mourir quand je suis dans une voiture que je me mets à prier intérieurement. Wow quoi, j'ai jamais prié, moi !

Je ne sais plus quoi faire. J'essaye de me raisonner, de ne plus y penser, de relativiser. Mais j'ai peur, tout le temps, de tout, de tout le monde et pour tout le monde.
Je ne sais juste plus quoi faire.

Je vis quand même, hein. Mais ça me suit partout, et j'en peux plus d'être terrorisée la moitié du temps.

Désolée.
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DizzyDance
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Re: Stress post-traumatique ?

Message par DizzyDance »

Chaque événement que tu décris ici est très violent en lui-même, alors mis bout à bout, il y a trop. Quant à la violence? Je pense que ton côté animal sort en cas de gros stress. Et si c'est pour te défendre, il n'y a pas de quoi en avoir honte. Ça n'entre pas en contradiction avec le fait que tu sois secouriste.

Y a des gens que tu décris ici que j'aurais aussi eu envie de fracasser, de détruire ou de leur râper dessus avec une telle force qu'ils hésiteront à rejouer aux cons.

Stress port-traumatique, et putain d'accumulation, ouais. Ils te forment sur ce genre de choses, pour ton brevet de secouriste? À ne pas être écoutée, ou à avoir la sensation d'avoir été inutile? Tu as quelqu'un à qui en parler? Parce que former puis lâcher dans la nature en s'en foutant de ce qui peut se passer chez les gens, c'est un prélude au carnage.

Ouais, ces suicides, on se les a tous mangés en pleine gueule. Certains plus que d'autres, mais dire que ça ne marque pas est un mensonge, pire, une insulte.

Hésite pas à reposter ici. C'est un forum d'entraide, et vu ce que tu décris (ce qui, comme d'habitude, est le dixième de ce que tu ressens), y a nécessité.

Moi non plus, je n'écris pas tout ce que je pense. Litote : je suis furieux.
Le combat, c'est aussi ça, poser des gestes au quotidien pour non seulement reculer l'échéance, mais, à travers ce genre de petites victoires, vivre.
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Amande
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Re: Stress post-traumatique ?

Message par Amande »

On s'en fou que tu sois pas venue depuis des lunes. T'as besoin, tu postes, that's it, that's all ;)

T'en a mangé plus que ta claque durant les derniers mois. Clairement un SSPT. C'est normal de revoir encore et encore ces images. D'avoir peur en bagnole et tout. Parce que c'est putainement traumatisant de frôler la mort. J'me suis souvent fait la réflexion, tu me diras si ça te parle, pourquoi je veux si souvent mourir et quand la "nature" me fait passer proche de la mort sans que ça soit volontaire j'ai si peur de crever... j'pense que t'es un peu là dedans aussi.

En tout cas c'est bien d'avoir poser tout ça, c'est un premier pas. Et hésite pas à décrire en détail ce que tu vois encore et encore. Ça sera un des moyens pour te libérer doucement de tout ce poids. Je ne sais pas si tu as le permis. Mais si tu l'as, je te conseille vivement de reprendre le volant. Pour reprendre le contrôle et voir que non, chaque sortie en voiture ne veut pas dire accident et mort imminente. Ça sera angoissant au début mais il faut vite remonter en selle sinon ta peur grandira avec le temps...

Pour le reste, prends soin de toi et hésite pas à poster
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Mélancolie
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Re: Stress post-traumatique ?

Message par Mélancolie »

Au sens clinique du terme, OUI j'ai envie de dire qu'il y'a un SSPT (même si je ne suis pas qualifiée pour le dire).
Concernant l'accident en tout cas.
Après, l'accumulation de ces plusieurs histoires que tu nous racontes ont une importance certaine, c'est clair. Tout relié, cumulé, additionné... c'est très "embêtant", pour parler simplement.

Franchement, ton histoire d'accident de voiture m'a bouleversé. J'ai tellement imaginé les scènes que tu as vécu que ça m'a rappelé beaucoup de choses. Car, comme tu le sais, j'ai vécu un truc similaire moi aussi. Peut-être moins flippant car mon cerveau a fait "non, tu ne verras pas ça, trop violent pour toi" du coup j'ai un gros trou au moment crucial de l'accident de voiture. Mais est-ce que c'est mieux ? Je l'ai pensé en te lisant. Ne pas savoir ce n'est pas si mal au final. Même si ça ne m'a pas empêché de faire un SSPT, comme ce que tu vis en ce moment.
Mais, et c'est pour te donner une piste, l'EMDR m'a beaucoup aidé à dépasser ça. Même si la psy ne m'a pas convenue totalement. Alors j'ai envie de te demander : es-tu suivie par un psy en ce moment ? Qu'il-elle soit psychologue, psychiatre, peu importe. L'important c'est de pouvoir parler de ça à quelqu'un. Ne restes pas seule face à ça, je t'assure ! Parce que ça te boufferas, littéralement, si ça continue sans évacuation (oui, comme les eaux usées).

J'espère ne pas avoir fait trop de blabla inutile, ou ne pas avoir répondu trop à côté de la plaque, ou encore avoir répondu à moitié à tes interrogations. C'est juste que ton récit a fait (un grand) écho en moi.

Bon courage à toi. N'hésites pas à poster sur Vital si besoin. Tu es toujours la bienvenue, peu importe ta fréquence de postage : cet endroit est fait pour ça. ;)
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Lola Valérie
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Re: Stress post-traumatique ?

Message par Lola Valérie »

Ton message m'a bouleversée, m'a prise aux tripes tout simplement... Je tenais à répondre, même si je ne vais pas apporter grand chose de très constructif je crois...

Je comprends cette peur, cette peur viscérale qui paralyse. Vivre dans la peur est épuisant (et c'est un doux euphémisme) et je ne saurais que t'apporter des pensées de soutien dans ce que tu traverses...

Ce qui s'est passé avec les pompiers m'a révoltée, comment des professionnels peuvent-ils agir ainsi ?! Tu dis que tu culpabilises et c'est sans doute la réaction que j'aurais eue aussi. Néanmoins, ce sont les pompiers les coupables, coupables d'un manque de professionnalisme évident. Tu as fait ce que tu pouvais, tu as réagi, toi, avec professionnalisme. L'attitude de ces pompiers me dégoûte profondément et je comprends le traumatisme, la violence du choc... Tu as fait ce que tu pouvais, ce que tu devais, ils ont méprisé tes compétences et c'est d'une violence incroyable, pour la personne qui était en détresse physique et aussi pour toi... Cet épisode me met en colère, vraiment...

L'épisode de ton agression m'a aussi remuée... Cette envie animale de riposter, de répondre à une insulte gratuite et violente par les coups... Ce qui me remue, c'est aussi l'ambivalence de ta réaction, cette envie de faire souffrir mêlée à une forme fascination pour ta propre souffrance... La violence qui appelle la violence, y compris contre soi... Et que je ne pense pas que ce soit une perversion... Frôler les limites est parfois grisant, être hors de soi dans la violence la plus profonde peut être hypnotique, sans que cela remette en cause ton envie de soigner, d'aider. Etre sur le fil fait ressentir, comme tu l'écris si bien. Ce n'est pas être monstrueuse, c'est sans doute avoir douloureusement conscience que nous avons tous plus ou moins une part sombre en nous...

Ce que tu as vécu est terrible et je pense que le mot est bien faible... Toute cette accumulation de chocs... Je ne pourrais que t'encourager à t'exprimer, faire sortir par les mots toutes ces souffrances, toutes ces questions torturantes...

J'espère ne pas avoir commis d'impair, je ne pense avoir été très claire dans mes propos... Je tenais vraiment à répondre alors je suis désolée si mes mots ne conviennent pas. Juste des pensées de soutien...
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Mélancolie
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Re: Stress post-traumatique ?

Message par Mélancolie »

Lola Valérie a écrit :Cette envie animale de riposter, de répondre à une insulte gratuite et violente par les coups... Ce qui me remue, c'est aussi l'ambivalence de ta réaction, cette envie de faire souffrir mêlée à une forme fascination pour ta propre souffrance... La violence qui appelle la violence, y compris contre soi... Et que je ne pense pas que ce soit une perversion... Frôler les limites est parfois grisant, être hors de soi dans la violence la plus profonde peut être hypnotique, sans que cela remette en cause ton envie de soigner, d'aider. Etre sur le fil fait ressentir, comme tu l'écris si bien. Ce n'est pas être monstrueuse, c'est sans doute avoir douloureusement conscience que nous avons tous plus ou moins une part sombre en nous...
J'ai juste envie de faire un gros + 1 pour ce passage en particulier.
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Layla
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Re: Stress post-traumatique ?

Message par Layla »

Merci pour vos réponses. Vous n'êtes pas à côté de la plaque, au contraire ça me fait du bien de vous lire.
Comme certains ici le savent, ce n'est pas évident pour moi de parler. Enfin, je parle, oui, mais j'ai du mal à faire réellement sortir ce qu'il y a en moi.

Pour ces épisodes d'autant plus que pour la plupart, beaucoup est de l'ordre du ressenti, du pas tout à fait conscientisé, du sentiment, de la sensation intérieure, etc. C'est dur de retranscrire ça, et c'est aussi sûrement pour ça que je me sens seule là-dedans.

J'ai l'impression que personne autours de moi ne comprends. Tout le monde me pousse à reprendre les leçons de conduite et à passer mon permis, on me sors des "roh mais tu es pas traumatisée quand même ?!", j'en passe et des meilleures. J'ai à la fois le sentiment de pas être légitime dans ce que j'éprouve actuellement, et au contraire de n'être "pas assez traumatisée", finalement.
Et c'est stupide parce qu'au final, je n'ai de comptes à rendre à personne. Mais bon.

Enfin voilà.

Ah et pour te répondre, Mel, non je ne vois pas de psy ou comme ça. De toute manière, ça ne marche pas vraiment sur moi. A chaque fois que je suis allée voir un psy (-chologue, -chiatre, etc), ça ne s'est jamais bien passé, j'ai toujours fini avec des diagnostics absurdes, des traitements l'étant encore plus, et honnêtement, je n'arrive de toute façon pas à leur parler.
Après, l'EMDR, why not ? Mais je ne crois pas avoir ni le temps, ni l'argent. D'un autre côté, je sais bien que c'est important de pas laisser tout ça me bouffer. Mais j'ai juste envie de l'enterrer dans le jardin et de plus y toucher. J'ai pas envie de me confronter.
C'est bête, je sais. Pourquoi en parler si c'est pour dire ensuite que je veux pas de confrontation.

Je vais y réfléchir.

Merci pour vos réponses, encore.
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Scholl
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Re: Stress post-traumatique ?

Message par Scholl »

Tu sais ça pourrait ne pas être si bête d'essayer de passer ton permis pour essayer de dépasser le traumatisme. Je connais une personne qui a perdu sa meilleure amie dans un accident et qui a décidé de passer le permis pour reprendre le contrôle, pour se dire que quand elle monte dans une voiture, c'est elle qui maîtrise, que sa vie est entre ses mains à elle et ça l'a pas mal aidée. Et c'est peut-être un peu con mais parfois ça marche le coup de "remonter sur le cheval après la chute". Quand j'ai eu mon accident de voiture (sûrement moins impressionnant que le tien mais qui m'avait beaucoup choquée) je ne voulais plus conduire, j'avais peur et je me sentais incapable de le faire mais mon père m'a forcé dès le lendemain à prendre la voiture avec lui et à faire de la route tout l'après midi, et je me dis que si il ne l'avait pas fait, peut-être que la peur aurait pris plus de place, se serait ancrée plus profondément et m'aurait empêcher de reprendre la voiture un jour.

Je t'encourage vraiment à parler plus souvent même si c'est difficile, parce que j'ai l'impression que tout ça ne te ferait pas aussi mal (j'arrive pas à trouver la bonne tournure) si tu ne l'avais pas garder aussi longtemps pour toi (c'est pas un reproche, peut-être que ça n'aurait rien changé mais extérioriser c'est pas mal important).
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Layla
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Re: Stress post-traumatique ?

Message par Layla »

Sauf que conduire, ce n'est pas avoir le contrôle. Le contrôle de sa voiture, oui, peut être. Mais ce n'est pas de ça dont j'ai peur. J'ai peur des autres.
Parce que admettons que j'arrive à avoir mon permis (ce qui est hautement improbable, vu l'état dans lequel j'étais derrière un volant avant même l'accident...), j'aurais beau conduire du mieux que je peux, ne pas être bourrée, ne pas téléphoner, ne pas me laisser distraire par de la musique, un passager ou je ne sais quoi, il restera toujours les autres.
Et le problème est là. On aurait pas eu cet accident si le poids lourd n'avait pas dévié de sa voie jusqu'à nous percuter.

Je suis terrifiée sur la route non pas à cause du conducteur de la voiture dans laquelle je me trouve, mais à cause de tous les autres véhicules qui nous entourent. Et ça, je peux bien faire ce que je veux, c'est incontrôlable.
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Wrath
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Re: Stress post-traumatique ?

Message par Wrath »

Il existera toujours un risque quand on conduit mais lors des cours de conduite le moniteur va surtout t'apprendre à prendre confiance en toi, ne pas à avoir peur des autres en anticipant les risques, surveiller les angles morts, ralentir au moment des intersection, des croisements, lors de certains virages. C'est le but du passage du permis, à force au volant tu gagnes de la confiance, tu surveilles certains véhicules plus que d'autres et en fonction tu réagis
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