Vital

Je suis encore obsédée par les nombres, par une perte de poids nécessaire chaque matin. C'est certain.
Je m'étais crue libérée de tout ça. J'avais divorcé de l'objet sacré : une putain de balance. Objet que j'ai racheté il y a peu de temps. Je me rend compte qu'elle me pourrit de nouveau la vie.

Je suis pourtant restée béa devant une vidéo de défilé (trop longue, les premières minutes suffisent). Il ne s'agit que d'une taille 40, je ne sais pas si le terme "plus size" est franchement justifié. Toujours est-il qu'elle n'est pas dans les norme squelettiques actuelles. Que je me surprends à la trouver d'une beauté frappante. Cette fille déchire "malgré" (ou grâce à?) ses hanches, ses seins, ses cuisses, ses bras. Tout est fourni ; et elle a une force pulpeuse incomparable.
Oui, je suis capable de réaliser ça. Pourquoi alors ai-je autant besoin de surveiller la distance entre mes deux cuisses, la résonance des os de mes épaules, de mon bassin, de voir mes clavicules? Pourquoi suis-je alors autant attachée à cette euphorie, malgré les mois qui avaient passé? Je croyais être débarrassée de ces conneries. Pourquoi ma sensation interne d'être enflée prend le dessus, parfois, sur ma raison et ce que je vois?

http://www.youtube.com/watch?feature=pl ... j_lcrCjnEY#!

Regardez comme elle porte ses formes avec fierté. Je la trouve belle.

Parce que tu nous fait un putain de flashback, grande. Parce que la mort de C. résonne en toi. Ou parce qu'autre chose, c'est possible. Ce sont deux pistes plausibles mais ce sont de loin pas les seules.

!	Message de : Meth en psychose
	Pas de noms en partie publique, merci.

J'ai acheté cette balance il y a un mois. Depuis, je n'arrive pas à m'en détacher (sauf pendant le voyage de 5 jours pendant les vacances, là ça allait, j'avais la tête ailleurs). Il faut que je la jette/lègue/cache/détruise. Mais elle est toute neuve, ce serait trop con ! (Oui, c'est aussi une excuse, mais...)
Je bloque. Sérieusement.
Tes hypothèses sont réalistes aussi.
J'ai l'impression que la seule chose qui me maintenait résolument hors de ça, c'est de tenir les balances éloignées de moi. Je me souviens des quelques jours passés en irl cet été, où la balance placée à vue m'avait tellement attirée que je m'y pesais à chaque passage au toilettes... que je réitérais assez souvent, du coup. (Je n'accuse absolument personne, je n'ai rein dit sur le coup pour éviter ça.) En tout cas, reste à conclure que je ne suis pas prête à renouer avec la simple présence d'une balance chez moi. Que ça me fait perdre les pédales.

Ça m'inquiète. Est-ce que je serais un jour assez libérée de l’obsession pour pouvoir posséder une balance? Pour pouvoir accepter de me peser chez le médecin (du coup)? Si je ne suis pas capable de me peser sans repartir en vrille, est-ce que ça signifie que ça va réellement mieux mais que je ne suis pas sérieusement sortie des troubles que j'avais?
J'ai ressorti des photos de moi d'avant. Je me suis fait un peu peur. Comme lorsque je découvre mon poids actuel sur la balance et que je me rends compte de l'écart énorme entre celui-ci et mon poids le plus bas. Que j'ai retenu comme un emblème, oui, j'en suis consciente. Je suis consciente que quelque chose ne tourne pas rond, de nouveau.

Je m'en étais sortie en enlevant la balance et en faisant taire mon ressenti intérieur sous ma raison. Mais je n'arrive pas à larguer cette balance. Et putain, je veux juste être bien.



[édition de quatre heures et quelques : à moins que ce soit des aléas relativement normaux avant d'arriver à une libération complète? dans ce cas, alléluia?]

Quant tu m'en avais parler à Dam, de cette balance, j'avoue que j'ai réellement senti que c'était une mauvaise idée. D'ailleurs je te l'ai dit. Même si je suis mal placée pour te conseiller quoique ce soit.
Fin, en tout les cas, je reste persuadée que donner/vendre cette balance serait le mieux. Parce qu'effectivement, tel que c'est partit, tu vas replonger (si ce n'est déja fait). Et je trouve ça dommage étant donné tous les efforts que tu avais fournis pour t'en sortir.
Alors ouais, ptet que t'étais pas à 100 % sortie des TCA, mais tu sais aussi bien que moi que ça prends du temps, beaucoup de temps. Et en attendant t'as bien avancé quoi.
Tu n'as pas envie de repartir dans le trip anorexique, tu le dis toi même. J'aurais donc tendance à dire : fais quelque chose, maintenant, pour enrayer ça. Tu peux le faire, clairement, t'as les trippes pour.
Alors débarasse toi de cette balance. C'est un engin du diable ce machin, je t'assure.

Envoie la moi par la poste si tu veux ^^. Ici elle sera utile à une nana en surpoids (moi donc) dont la balance est en train de rendre l'âme (les balances pas cher de chez Ikéa, c'est une mauvaise idée ^^). (Bon ok, les frais de port reviendront probablement plus cher que le prix de la balance en fait).

Sinon ouais, bah, de toutes manières débarasse toi de la balance parce que manifestement, c'est pas encore gérable pour toi d'en avoir une, quoi. Après, bon, la balance n'est que le signe que y a un truc qui cloche, et virer la balance peut largement aussi te faire encore plus partir en couille et manger encore moins, parce que "puisque je ne peux pas surveiller il faut que je fasse encore plus gaffe pour être sure de ne pas prendre du poids malgré l'absence de surveillance".

La reprise d'un suivi psy, ca en est à quoi ?

Après, idée à la con, mais est-ce qu'une activité qui te fait sentir ton corps "à la barbare", genre sport de combat ou sport vachement physique dont tu sors pleine de courbature ne pourrait pas te procurer la même "assurance" face à ton corps que le "je peux cogner sur mes clavicules" ?

Je suis contente de moi. J'ai aussi très envie de revenir en arrière, mais je tiens le bon bout et j'y reste accrochée.



Je n'avais pas faim depuis 3/4 jours, donc pas mangé grand chose. L'absence de faim m'inquiétait mais comme la pesée me donnait plutôt de la joie, je ne trouvais pas ça plus mal. Finalement, j'ai appelé S. hier midi pour aller faire les courses avec lui, manger avec lui, et ne pas être seule pour les quelques heures suivant le repas.
Je n'ai pas mangé pour trente, mais j'ai cru que mon estomac explosait littéralement. Je n'avais pas eu mal comme ça à me tordre de douleur sur mon lit et à devoir me retenir de tout rendre depuis X temps. je suis restée HS pendant deux heures. Et je ne veux vraiment plus ça.
Je me suis pesée ce matin. J'ai pris deux kilos. Ça ne veut pas dire grand chose étant donné l'espacement trop réduit de mes pesées. Mais c'est tout de même encourageant lorsque je n'ai fait que perdre depuis la rentrée.

J'ai aussi dit à S. que j'allais lui donner ma balance. Elle ne sera pas nulle part, et j'aurai toujours la possibilité de me peser chez lui, mais au moins ce ne sera pas compulsif et absurde. La balance est un engin dont je ne devrais pas avoir besoin. Merci pour ta réponse, Mel, elle me soutient vraiment. Mais je me suis fait la même remarque que Caramel2 : je me connais, et si je n'ai plus du tout de balance du jour au lendemain, je risque de vouloir sur-contrôler. Faire garder la balance en dehors de chez moi, par quelqu'un de confiance, est une solution pour le moment. On verra comment ça se passe.


Hier soir, S. est allé s'acheter des pompes, j'en ai profiter pour passer 5 minutes dans un magasin (je déteste) pour me choisir un futal. La vendeuse m'a dit un truc qui ressemblait à "vous êtes une crevette" ; j'ai essayé la taille 36, puis la 34. je flottais dans la 34. Et là je me suis dit qu'il y avait tout de même probablement un problème depuis quelques jours. Ce que je n'avais pas remarqué corporellement. En gros, je ne me vois pas grosse dans un miroir, du tout, mais je ne me vois pas maigre non plus. Or j'ai maigris apparemment. Merci pantalon.
Du coup, ça paraît idiot, mais je l'ai acheté. En sachant que j'ai un mois pour le rendre si la coupe n'est pas faite pour moi. Je n'ai plus qu'à prendre un peu de poids pour rentrer dans mon nouveau fut.

Franchement ?

Je suis fière de toi.

J'ai encore la balance. S. a oublié de la prendre tout à l'heure. Et je me suis encore pesée ce matin. Je n'arrive pas à aller jusqu'au bout de ce que je décide.
Ce conflit interne m'épuise. Je craque plusieurs fois par jours. Sous pression. Conflit fatiguant parce que pas de fair-play entre les deux parties. Pas de combat franc. Une lutte sournoise ; deux parties qui se manipulent, si bien que lorsque je sors un argument en faveur de l'une, je me prends à douter que ce ne soit pas en réalité une feinte de l'autre. Je ne sais plus pour qui j’œuvre ni que faire. J'ai l'impression d’être spectatrice de moi-même. Je voudrais avoir mon mot à dire !

Bon, mais je continue sans lâcher pour autant. J'ai été au marché ce matin. Lamelles de pommes de terre au four et filet de cabillaud ce midi (enfin, vers 16h, plutôt). J'ai toujours besoin de manger avec quelqu'un pour manger, mais ça passe.
Keep going, keep going, keep going ...

Merci Mel.

Et alors, ce pantalon? Il rétrécit? C'est l'objectif, pas besoin de balance.

Depuis avant-hier soir? Pas encore vraiment. Je me donne quelques jours quand même. C'est vrai que c'était pas une si mauvaise idée : j'ai un bon motif pour avoir envie de reprendre juste assez.
Pas besoin de balance pour ça, tu as raison. Mais si j'ai regardé la balance ce matin, c'était paraît-il pour "vérifier si j'étais arrivée à [nombre de kilos raisonnable]"... Il y avait une excuse cachée derrière tout ça. Je me le disais sur le coup, je n'ai pas pu m'en empêché pour autant. Pour se libérer du harcèlement de l'idée, il faut le faire. Donc j'ai fait. Mais c'est vrai que ça n'avait en réalité aucune autre utilité que de SAVOIR. Toujours savoir et contrôler. Pour l'anecdote : j'ai pété ma crise aujourd'hui parce que S. tentait de me faire ma vaisselle et qu'il ne la faisait pas telle que moi je la fais. Oh mais quelle horreur, n'est-ce pas? Franchement, quelle ordure quand je suis guidée par mes nerfs et mes compulsions. Il est tant que ça s'arrête.