Read between the lines.

Pour parler de tristesse, d'envies suicidaires, d'anxiété, etc.

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Layla
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Re: Read between the lines.

Message par Layla »

Putain de merde, POURQUOI ?
Pourquoi je suis pas foutue d'être normale, putain ? C'est ce que j'ai toujours voulu pourtant.
Ouais, je sais, on dirait pas. J'ai mal commencé, et j'ai mal continué, et maintenant... Maintenant c'est trop tard on dirait. Les souvenirs me hantent. Ils se mélangent au présent, ils dictent mes réactions, mes peines, mes peurs. Je sais plus trop où se situe la réalité. Enfin, c'est pas comme avant, je vois bien ce qui compose la réalité réelle, la vraie, celle que les autres perçoivent aussi. Mais intérieurement, ça se mélange encore. Le passé, le présent, les souvenirs, les ressentis, les désirs. C'est comme un capharnaüm constant qui se déverse dans mon cerveau et ça m'épuise.
J'ai enfin atteint un semblant de normalité. Je ne suis plus vraiment chez ma mère, même rarement. Je suis avec T., chez T., pas vraiment "chez nous", chez lui mais aussi plus ou moins chez moi. Je bosse, je vais en stage, je suis à l'heure, je fais mes journées sans incidence. Je rends mes dossiers à l'école dans les temps et en ayant bossé. Je sors parfois avec mes potes, je lis, je regarde des séries ou des films. Je continue à me bouger pour mon activité bénévole, je suis même passée directrice maintenant. Bref, tout va bien. Ahah.

Et pourtant, ça ne me va pas. J'ai comme l'impression de m'être perdue en chemin. Trop de normalité. Là ou avant il n'y en avait pas, maintenant il y en a trop, c'est pas moi, c'est pas pour moi, ça m'angoisse.
Là où avant je ne désirais que cette petite vie bien rangée, sans anicroche, avec un beau soleil, maintenant je me rends compte que si je n'y arrivais pas, c'est parce que ce n'est pas moi en fait. Je ne m'y retrouve pas, j'ai l'impression d'être dissociée entre mon moi normal, et mon moi d'avant, mon vrai moi, celui qui continue d'exister en dedans, celui qui crie de l'intérieur en silence que tout ça c'est trop et c'est pas assez en même temps.

J'ai envie de me consumer, de brûler. Je veux de la passion, de l'intensité, comme toujours, comme avant, comme maintenant et très certainement comme plus tard. Je ne sais même pas pourquoi je me suis laissée prendre au piège de la petite vie bien rangée, j'aurais du me douter que ça ne serait pas si simple.
En fait, c'est sans espoir je pense. Je suis pas faite pour ça. Métro, boulot, dodo, sexe 2 fois par semaine et substances occasionnelles ? Où est la vie là-dedans ? Où est le plaisir, la passion, l'intense, le réel, le beau ?
Pourquoi est-ce que j'ai besoin de me sentir mal et de me détruire pour me sentir bien ? Pourquoi est-ce que j'ai besoin d'un ou d'une autre dans le-laquelle me perdre, d'alcool à foison, si possible d'autres substances pour rehausser un peu la cuite parce que c'est encore mieux comme ça, de sexe, de violence, de vitesse, pourquoi est-ce que j'ai besoin de tout ça ?
Pourtant ils sont tellement nombreux ceux qui s'en passent et qui sont heureux. Pourquoi est-ce que je pourrais pas moi aussi ?

Au final, quand je fais une rétrospective, ma vie n'a jamais été aussi intéressante qu'il y a quelques années. Les conflits incessants avec tout le monde, les plans culs et les relations qui s’enchaînaient, se superposaient et en même temps l'amour et la passion brûlant pour une personne au milieu, la défonce, souvent, très souvent, plus souvent que l'inverse, les coups, les coup bas, les drames, les journées et les nuits à l'hosto, pour les autres, pour moi, et puis les voyages, les festivals, les concerts, les rencontres, l'alcool et le sexe, toujours, la violence parfois, un peu, beaucoup, selon les périodes, et puis l'AM, les forums, les IRL, la mort qui rôde, les discussions insomniaques, les mensonges puis la vérité, les illusions et les désillusions, la douleur de la perte et le bonheur d'avoir trouvé.
Pourquoi j'ai plus tout ça ? Pourquoi maintenant ma vie est inintéressante ?
Je me sens piégée. Comme la dernière fois que j'écrivais ici, dans un sens. Sauf que là, j'ai envie de tout quitter. Tout plaquer et me barrer loin, quelque part, sans accroche pour pouvoir me consumer par les deux bouts sans que personne vienne interférer.
Putain de merde.
Tout est trop calme. Et le vide est toujours là. Je l'ai muselé, mais il est toujours là, et je sais plus quoi faire pour le tenir en laisse. C'est pas pour moi ce genre de vie. Je dois être faite pour vivre vite et mourir jeune, comme on dit. Parce qu'à quoi bon vivre si c'est dans cette morosité, cette normalité ambiante qui donne à tout ce qui m'entoure des nuances de gris insipide.
J'en veux pas de cette vie rangée, bien étiquetée, bien normalisée. Je sais que c'est moi qui l'ai voulu au départ, et que c'est moi qui m'y suis enfermée, mais j'en veux plus. Je fais comme pour tout jeter, revenir en arrière, recommencer ? J'ai beau savoir que c'est pas sain, que je ne serai sans doute pas heureuse, que ce n'est pas bon pour moi, je veux y retourner. Parce qu'au moins, c'était intéressant et ça me donnait envie de continuer à me battre. Parce qu'au moins le vide était rempli. Parce que je ressentais. Et donc je vivais.
Là, je suis normale, bien, good game Layla, sauf que je ne vis pas pour autant.

Putain de merde.
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Mélancolie
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Re: Read between the lines.

Message par Mélancolie »

Je ne sais pas trop comment te répondre... Juste que je comprends tellement ce que tu vis (pour l'expérimenter au quotidien depuis quelques années). Et oui, c'est assez horrible, cette platitude désespérante... Tu l'as exprimé tellement mieux que moi j'aurais pu le faire !
Alors ouais, j'ai envie de te remercier très fort pour ça, même si tu ne l'as pas fait exprès, même si c'est difficile pour toi aussi.

Merci et pardon de ne pas pouvoir mieux te répondre. :cry:
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Layla
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Re: Read between the lines.

Message par Layla »

Je reviens ici après quelques temps d'inactivité, parce que ce soir j'ai envie de vous parler.
Je suis un peu désolée de ne pas passer plus, en fait ce n'est pas que je ne passe pas mais je suis plutôt un lurker en ce moment.
Ce post risque d'être un peu étrange et décousu, à vrai dire je n'arrive pas à déterminer si j'ai envie de vous parler parce que ça va, ou si c'est plutôt parce que ça ne va pas.

On va commencer par le commencement, les nouvelles du front.
Comme certains le savent, je termine ma dernière année d'études actuellement. J'ai rendu mon mémoire, j'ai ma soutenance vendredi matin, j'ai finis mon dernier stage aujourd'hui, et mon année sera officiellement terminée jeudi prochain. J'ai postulé dans pas mal d'endroits, actuellement j'ai pas franchement de réponses mais bon, we'll see.
A côté de ça, j'ai emménagé avec T. depuis quelques mois, et début juillet on déménage dans un grand appart qui sera officiellement à nos deux noms. On avance doucement, et c'est plutôt cool. Je me plais à vivre avec lui, et on a des projets franchement cool à l'avenir.
Du point de vue associatif, je suis toujours dans l'urgence et le secourisme, je suis passée directrice de mon unité, ce qui fait que j'ai énormément de boulot et de responsabilité. On a masse de choses à construire et reconstruire que ce soit au niveau local ou départemental, et avec mes équipes on a de grands projets qui j'espère vont aboutir. C'était le grand défi de 2017 parce que j'étais pas sûre d'arriver à me dépatouiller d'un statut aussi important et chronophage mais au final ça le fait et même si des fois je râle, ça me plait et je suis fière de moi.
Au final, ma vie est pas trop mal en ce moment. Je dois encore bosser des dossiers mais c'est bientôt fini et à côté j'ai pleins de projets. Je pars en Croatie avec des potes dans une dizaine de jours, je vais à un gros GN mi-juillet, mes stages aux urgences m'ont convaincues que je veux vraiment faire ça de ma vie, j'espère réussir à partir au moins 6 mois en Amérique du Sud d'ici moins de 2 ans.
Que des trucs relativement positifs, en somme.
Et quand je regarde en arrière, le chemin parcouru, ouais, je suis fière de moi. Parce que je sais que parfois, ça s'est joué à un poil de cul, je sais que c'était pas gagné d'avance de réussir à construire un semblant de quelque chose, que ce soit avec quelqu'un ou même moi-même toute seule.

Pour autant, c'est pas gagné quand même.
Je ne sais pas si mon côté fucked up fait dorénavant parti de moi à jamais, mais il me lâche pas vraiment. Alors ça va clairement mieux, j'ai plus envie de me buter tous les deux jours, je me viande pas tous les deux jours, je suis pas défoncée la moitié du temps.
Mais ça reste quand même là, intérieurement, caché aux yeux de tous.
Je fais de plus en plus d'insomnies en ce moment, sans véritables raisons. Le vide est toujours là, toujours aux aguets. Je suis toujours aussi abandonnique (même si je le cache bien), j'ai toujours beaucoup de mal à faire confiance et à lâcher du lest, même si là aussi je me démerde pas trop mal pour le cacher.
Et ce qui m'emmerde le plus, c'est les réminiscences. Je ressasse des trucs du passé en boucle, en ce moment, des trucs auxquels j'avais pas pensé depuis des siècles, des trucs sur lesquels je pensais avoir avancer. C'est comme si mon cerveau me disait "non, ta vie est cool, je refuse que tu sois heureuse alors prends ça dans la gueule". C'est pas mal des trucs qui concernent ma famille qui reviennent. Il y a tellement à en dire que j'arrive à l'exprimer à personne. J'ai l'impression que personne ne peut comprendre, car personne ne fait partie de ma famille (enfin les gens autour de moi quoi, mes amis, tout ça). Des fois je me dis que j'aimerais essayer ici mais c'est tellement gros, tellement long. Je ne saurais même pas par où commencer. Et au final, je ne suis pas sure de l'utilité. Ce que je sais, c'est qu'il y a une dizaine de jours j'ai passé un week end dans la famille de T., la famille élargie je veux dire, et ça m'a heurtée. Pas eux, ils sont géniaux. Mais la différence, le fossé avec ma propre famille. Le fait de me dire "si j'avais grandi dans une atmosphère comme celle-là, je serai pas devenue comme je suis, j'aurais sans doute pas autant souffert". Peut être bien que si, hein, c'est pas rationnel, je sais.
Mais ouais, quelque part cette réunion de famille m'a blessée parce qu'elle m'a montrée, elle m'a mit dans la gueule ce que certains ont eu et auquel je n'ai jamais eu droit. C'était un peu comme si on me montrait un tableau de la "famille idéale" et qu'on me disait "tu vois, ça aurait pu être toi, mais non, toi tu as eu ça et c'est de la merde". Alors vous me direz, mais Layla, il n'y a pas de familles idéales, chacune traîne ses casseroles et ses squelettes dans le placard. Et oui, je sais ça. Mais c'est pas rationnel je vous dis.
Bref, tout ça pour dire que j'ai du mal à me remettre de ce week end et que je ressasse.

Au final le bilan reste positif.
Ma vie actuellement me plait et l'avenir qui se profile me plait aussi. Surtout la fin des études qui signifie que la porte se réouvre à pleins de possibilités, du temps libre, tout ça. Un bol d'air qui sera bientôt là.
Mais d'un autre côté, ben... le passé me colle au cul et c'est franchement désagréable, voire très déprimant.
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Implo
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Re: Read between the lines.

Message par Implo »

Pourquoi ne pas en parler avec une personne, par écrit par exemple, histoire de commencer à lâcher le gros que t'as sur le coeur, quitte à le reprendre ici. T'as le choix niveau de tes amis, je pense qu'on est pleins a pouvoir t'écouter. Pas comprendre parce qu'on est pas à ta place, mais t'entendre et t'écouter.
Pour ce qui est des points positifs c'est plutot chouette et ça fait plaisir à lire, t'as tant de projets, j'en serais presque jalouse tu sais ?
T'as fais un chemin énorme depuis le jour ou j'ai fais ta connaissance et c'est cool que tu puisse dire que t'es fière de toi !

Tu en a parlé a T de comment tu avais vécue le repas familial ?
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DizzyDance
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Re: Read between the lines.

Message par DizzyDance »

La violence de ton passé peut faire assimiler tes souvenirs à des PTSD aussi. Donc parfaitement normal.
Le combat, c'est aussi ça, poser des gestes au quotidien pour non seulement reculer l'échéance, mais, à travers ce genre de petites victoires, vivre.
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Layla
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Re: Read between the lines.

Message par Layla »

J'ai pris un sacré coup dur dans la gueule aujourd'hui.
C'est pas clair dans ma tête en terme de sentiments, déjà parce que j'ai une grosse sensation de vide intersidéral en lieu et place desdites émotions, et puis tout simplement parce que c'est le bordel, déjà de base.
Je vais faire bref, clinique et détaché pour le contexte, déjà ce sera un début.

Depuis juillet que j'ai eu mon diplôme je fais de l'intérim un peu partout.
Mon projet, le seul truc que je voulais vraiment faire, c'était bosser aux urgences.
J'ai fais deux stages long de pré-pro dans deux services d'urgences, en dernière année, pour ça. Je suis devenue secouriste pour ça (à la base). Je suis devenue directrice de l'urgence et du secourisme en associatif pour ça (enfin pas que, mais bon, voyez l'idée quoi). J'ai sacrifié pas mal de choses pour ça. Du temps, de l'argent, de l'énergie, du temps libre, des jours de repos, de sorties, etc.
Mes stages se sont extrêmement bien passés. Des notes excellente, des bilans de stage "parfaits", des tonnes de compliments des équipes, etc. Des infirmiers, des cadres, des médecins m'ont dit texto que j'étais prête, et faite pour ça.
Un peu avant mon diplôme, comme tous les autres futurs jeunes diplômés, j'ai envoyé des candidatures dans tous les services d'urgence de mon département. J'ai fais relire mes candidatures par pleins de personnes, mon parcours semblaient nickel pour tout le monde. Ça allait forcément le faire. En même temps, j'avais tout fait pour, y compris bouger loin de chez moi (c'est extrêmement rare d'être accepté deux fois aux urgences en stage en dernière année d'étude).
Et aucune structure ne m'a jamais rappelée.
J'ai relancé, je me suis présentée aux services des ressources humaines pour certains, appeler pour d'autres.
"On ne cherche personne" et "on vous recontactera si on a des besoins" à chaque fois.
Bon ok, premier coup dur : je ne suis recrutée nulle part.
Donc j'ai commencé à faire de l'intérim. Un peu partout, pour gagner en expérience dans tous les domaines. Mais majoritairement, quand même, en EHPAD et longue durée.
Et même si je ne déteste pas, au contraire même pour certaines structures, bah fondamentalement c'est pas mon projet quoi.
J'ai réussi à choper depuis septembre quelques dates dans deux services d'urgences (pas ceux de mes stages). En tant que diplômée, ça s'est super bien passé. La deuxième date dans un des services, le cadre m'a accueillie le matin avec un "ah, on m'a parlé de vous, c'est vous que je dois recruter apparemment". Sans vantardise aucune, les équipes me kiffent. Je suis impliquée dans ce que je fais, forcément, puisque j'adore ça. Et j'ai des mois d'expérience derrière en stage, donc je sais gérer un service d'urgence. Mais bon, il m'a dit ça, mais pas proposer de poste pour autant, hein, faut pas rêver.
Enfin bref. Donc j'ai quand même eu quelques missions qui m'ont confirmé que j'étais prête, et que ça le faisait nickel.
La semaine dernière, je faisais deux jours dans l'hopital de mon dernier stage pré-pro en soins intensifs (collé aux urgences, donc je connaissais tout le monde). C'était des journées hyper dures mais j'ai réussi à gérer, là où l'aide soignante me disait que ça serait tombée sur une autre intérimaire, elle aurait pas parié qu'une autre aurait pas fait un abandon de poste tellement c'était la merde. Toute l'équipe m'a demandé si je restais, pour combien de temps j'étais là, si je revenais, etc.
Aujourd'hui, j'avais une mission aux urgences dans ce même hôpital (celui de mon dernier stage pré-pro entre avril et juin dernier). J'y ai revu tous les collègues avec qui je bossais en stage. Tous super contents de me voir, pareil la journée s'est super bien passée.

Sauf que.
Dans le service de soins intensifs, une fille de ma promo qui n'a fait aucun stage là-bas a été recrutée en remplacement dès juillet.
Aux urgences, une nana qui était avec moi sur le même stage pré-pro a été recrutée dès le jour de son diplôme. Elle habite dans le coin, connaissait tout le monde avant de venir en stage, etc. Sauf que très objectivement (bilans de stages faits par la même personne), elle est moins bonne que moi (désolée ça fait hyper prétentieux mais je me base sur un fait réel là, c'est pas un jugement). Bref, c'est elle qui est du coin et qui allait au lycée avec les enfants de certains membres de l'équipe qui a été recrutée direct. Alors qu'on a postulé en même temps et que j'avais un meilleur bilan de stage.
Pour cet hiver, c'est une infirmière intérimaire de paris qui a été recrutée pour deux mois de remplacement, alors qu'elle n'est jamais venue dans la structure non plus.

Vendredi dernier j'avais ma remise de diplôme à l'école. Un collègue de promo a été recruté sur des urgences où j'avais postulé alors qu'il n'avais jamais fais de stage dans le secteur. Un autre a été recruté en réanimation dans les mêmes conditions (pas de stage).

Donc ça c'est le contexte. En gros. Après il y a d'autres trucs mais bon, vous avez l'idée.

Maintenant j'en viens à ce que j'éprouve. Ça peut paraître puéril mais je suis hyper frustrée par tout ça. En colère, même je dirais, quelque part. Et profondément déprimée.
J'ai l'impression qu'on m'a flouée, qu'on m'a "volé" ma chance, quelque part. J'ai fais mon maximum pour sortir de l'école avec un bagage dans le domaine, pour cumuler un maximum d'expérience. Je me suis donnée à fond. C'était mon projet professionnel, j'ai fais tout ce que je pouvais du mieux que je le pouvais, les équipes m'ont toutes adorées, j'ai eu des supers bilans, des super commentaires, j'ai fais tout ce que je pouvais.
Et malgré ça, je suis en intérim, ultra précaire, à bosser dans des endroits que j'aime pas la moitié du temps.
Et malgré ça, je n'ai jamais été rappelée ne serait-ce que pour un entretien.

Et je peux pas m'empêcher de trouver ça injuste que cette nana ait été embauchée "parce qu'elle connaissait du monde", que certains collègues de promo ait été embauchés alors que pas de stages.
Et je comprends pas parce que quelque part j'en viens à me dire que si eux ont été choisis et moi même pas appelée, c'est que quelque part, je ne suis pas assez bien, je n'ai pas fais assez bien, ou assez tout court.
J'en sais rien mais c'est en train de flinguer le peu d'estime de moi professionnelle que j'avais.

Je sais que c'est con, et que les choses marchent souvent à celui qui a le plus de gueule ou connaît le plus de monde. Que les mecs sont favorisés à l'embauche sur les services d'urgences, que les nanas qui ont grandi dans le coin seront souvent prises plutôt que celles qu'on connait depuis deux mois, même à compétences inégales.
Bref, je sais que le monde marche comme ça.

Mais mon cerveau le comprends comme "encore une fois, tu as échoué, et maintenant tu dois faire ton deuil et avancer parce qu'il faut bien manger et donc travailler pour avoir un salaire".
Sauf que j'ai pas fais infirmière pour bosser en EHPAD à la base. Ça peut être cool, comme un tout autre boulot pourrait me plaire selon l'endroit et les conditions d'exercice. Mais c'était pas mon projet. Et le truc c'est que je SAIS que plus je m'éloigne de mes stages aux urgences, plus la possibilité d'un poste futur dans le domaine s'éloigne. J'ai beau avoir fait quelques jours dans ces services, à côtés de mes semaines et semaines en gériatrie ça pèse pas beaucoup dans la balance.
Donc ouais, mon projet est sévèrement en train de s'étioler, de partir en fumée. Parce que sans l'expérience récente et les retours d'équipes, je sais que je serais probablement jamais prise. J'ai pas un contact assez marquant, je suis pas dans les plus jolies filles qui impressionnent aux entretiens, je traîne des casseroles et ça se voit, même si je voudrais tout cacher. Bref, je sais que si on m'enlève la compétence que j'ai acquise depuis un an, et sans l'expérience au quotidien c'est ce qui se passe, bah j'ai plus grand chose en ma faveur.

Bref voilà.
Ce soir, ça me mine.
Et ça me renvoie à plein de trucs, perfectionnisme, élitisme de mon entourage, mise en échec systématique, réminiscence de quand j'étais plus jeune.
Parce que je me le suis pris dans la gueule sévère tout à l'heure en voyant cette nana embauchée là où j'aurais pu l'être, avoir la vie (en tout cas professionnelle) que je voulais tellement avoir depuis des années.
Comment ne pas se sentir comme une merde à côté ? Comment ne pas mentir quand on me demande "et donc être intérimaire c'est ton choix ?". Comment ne pas avoir l'impression de juste passer à côté de tout ce que je veux dans la vie ?

J'arrive pas à me projeter dans autre chose actuellement. Je me vois rester nulle part ailleurs en tant qu'infirmière, en tout cas pas sur du long terme.

Bref. Baw.
Un gros sentiment de "tout ça pour ça...." au final.

Désolée pour le pavé probablement décousu et infantile. J'avais juste besoin de le poser quelque part. Demain est un autre jour, et probablement que j'arriverais à faire mon deuil et à avancer de nouveau. C'est ce que j'ai toujours fais, y compris à chaque échec, finalement...
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Re: Read between the lines.

Message par DizzyDance »

Rien à dire de suite, je te répondrai en détail dimanche (quelques bon gros soucis de mon côté). Mais je t'ai lu et je ne vais pas mettre ce post aux oubliettes.
Le combat, c'est aussi ça, poser des gestes au quotidien pour non seulement reculer l'échéance, mais, à travers ce genre de petites victoires, vivre.
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Re: Read between the lines.

Message par Amande »

Malheureusement le monde du travail fonctionne souvent au piston même si les compétences sont moindre. C'est degueulasse. C'est injuste. Mais ça ne remet en compte aucunement tes compétences.

Oui c'est dur. Oui c'est normal d'être jalouse alors que t'as bossé comme une dingue pour faire ce que tu aimes.

Après y a pas moyen de postuler dans d'autres départements? Ça implique de nouveau un déménagement mais si c'est pour faire ce que tu aimes? Après tout y en a bien une qui vient de Paris...

En tout cas je compatis vraiment et je tiens à me préciser que tes compétences professionnelles ne sont pas remises en cause. Tu sais ce que tu vaux. Ne les laisse pas enlever ça. Relevé toi, postule ailleurs même s'il faut aller en Chine mais tu vas l'avoir ton poste aux urgences.

Je te souhaite bon courage en attendant en intérim et te fais un gros câlin si t'en a besoin
J'étais une actrice muette, un corps. J'appartenais aux rêves, à ceux que l'on ne peut briser.
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Implo
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Re: Read between the lines.

Message par Implo »

c'est rageant
vraiment
et je comprends ta haine et elle est légitime si tu veux mon avis
y pas grand chose à dire d'autre
si tu veux causer tu sais ou me trouver
a dans pas 6 mois la miss
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