Deuil
Posté : sam. 28 févr. 2015 21:17
Ma meilleure amie s'est suicidée il y a quatre ans.
Je l'ai beaucoup nié. "Quoi ? Elle ? Bof non je la connaissais pas vraiment, de toutes façons." Mouais.
Fait est que depuis, je n'ai plus d'amis vraiment proches, avec qui j'ai une relation vraiment privilégiée. Avec elle, on passait quasiment toutes nos journées au téléphone ou par sms ou sur msn ou par mails et on s'envoyait des lettres en plus. En y réfléchissant comme ça, ça devient ridicule de me dire qu'on n'était pas si proches.
Je me sens coupable. Parce que c'est moi qui l'ai convaincue d'aller voir un psychiatre et d'aller à l'hôpital. Et ça s'est vraiment, vraiment mal passé. C'est là qu'elle est morte.
En tentant un peu d'objectivité, je n'ai pas de raison d'être coupable. Elle était vraiment dangereuse pour elle-même, vraiment seule, vraiment mal, et elle ne gérait plus rien du tout. Mais à ce moment je savais aussi que ma propre expérience de l'hôpital avait été terrible. Je me disais (naïvement ?) qu'elle pourrait aller dans un meilleur endroit. Elle a été en clinique, d'ailleurs, pas en hôpital public. Un service adolescent en plus. Apparemment, ça n'a pas changé l'horreur de l'endroit, du moins pour elle. Une personne là-bas qu'elle connaissait l'avait prévenue qu'il ne fallait pas venir. Et moi j'ai insisté pour qu'elle y aille.
Je me doute bien que je ne suis pas non plus la voix divine dans sa vie qu'elle écoute sans réfléchir, mais je l'ai tellement soulée pour qu'elle demande de l'aide, et finalement ça a juste précipité sa chute.
Je ne sais pas quoi dire à ce sujet. J'ai mis un moment à réaliser qu'elle était morte. Un an plus tard, peut-être, j'ai soudainement compris que non, nous ne pourrons plus jamais discuter. A chaque petit événement de ma vie, j'ai envie de lui envoyer un sms. Sauf qu'elle n'a plus de numéro de téléphone.
J'ai été un peu en contact avec sa mère, mais j'ai fini par ne plus répondre ni rappeler. Beaucoup plus tard, j'ai voulu l'appeler mais le numéro n'existait plus.
Il semblerait que sa mort ait été un point de départ à un renfermement progressif. Je ne sais pas si c'est vraiment sa mort, ou cette période de ma vie, plus globalement, qui a été très fuckée. Ca a dû contribuer, de toutes façons.
Je n'ai pas la moindre idée de quoi faire de ça. Je veux bien me rendre compte à quel point j'essaie un peu trop d'écarter sa mort. Je prétends m'en ficher, mais en fait, je me suis rendue compte que je parle tout le temps d'elle.
Ca me fait une belle jambe.
Je l'ai beaucoup nié. "Quoi ? Elle ? Bof non je la connaissais pas vraiment, de toutes façons." Mouais.
Fait est que depuis, je n'ai plus d'amis vraiment proches, avec qui j'ai une relation vraiment privilégiée. Avec elle, on passait quasiment toutes nos journées au téléphone ou par sms ou sur msn ou par mails et on s'envoyait des lettres en plus. En y réfléchissant comme ça, ça devient ridicule de me dire qu'on n'était pas si proches.
Je me sens coupable. Parce que c'est moi qui l'ai convaincue d'aller voir un psychiatre et d'aller à l'hôpital. Et ça s'est vraiment, vraiment mal passé. C'est là qu'elle est morte.
En tentant un peu d'objectivité, je n'ai pas de raison d'être coupable. Elle était vraiment dangereuse pour elle-même, vraiment seule, vraiment mal, et elle ne gérait plus rien du tout. Mais à ce moment je savais aussi que ma propre expérience de l'hôpital avait été terrible. Je me disais (naïvement ?) qu'elle pourrait aller dans un meilleur endroit. Elle a été en clinique, d'ailleurs, pas en hôpital public. Un service adolescent en plus. Apparemment, ça n'a pas changé l'horreur de l'endroit, du moins pour elle. Une personne là-bas qu'elle connaissait l'avait prévenue qu'il ne fallait pas venir. Et moi j'ai insisté pour qu'elle y aille.
Je me doute bien que je ne suis pas non plus la voix divine dans sa vie qu'elle écoute sans réfléchir, mais je l'ai tellement soulée pour qu'elle demande de l'aide, et finalement ça a juste précipité sa chute.
Je ne sais pas quoi dire à ce sujet. J'ai mis un moment à réaliser qu'elle était morte. Un an plus tard, peut-être, j'ai soudainement compris que non, nous ne pourrons plus jamais discuter. A chaque petit événement de ma vie, j'ai envie de lui envoyer un sms. Sauf qu'elle n'a plus de numéro de téléphone.
J'ai été un peu en contact avec sa mère, mais j'ai fini par ne plus répondre ni rappeler. Beaucoup plus tard, j'ai voulu l'appeler mais le numéro n'existait plus.
Il semblerait que sa mort ait été un point de départ à un renfermement progressif. Je ne sais pas si c'est vraiment sa mort, ou cette période de ma vie, plus globalement, qui a été très fuckée. Ca a dû contribuer, de toutes façons.
Je n'ai pas la moindre idée de quoi faire de ça. Je veux bien me rendre compte à quel point j'essaie un peu trop d'écarter sa mort. Je prétends m'en ficher, mais en fait, je me suis rendue compte que je parle tout le temps d'elle.
Ca me fait une belle jambe.