Blop.

Pour parler de tristesse, d'envies suicidaires, d'anxiété, etc.

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Mélancolie
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Re: Blop.

Message par Mélancolie »

Y'a une liste d'attente ? :shock:
Mais tsé, le secret professionnel c'est pas une option pour le psy. ^^
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Au fait, "FAC" n'est pas un acronyme, tu peux juste l'écrire "fac" ça suffira. ;)
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Onda
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Re: Blop.

Message par Onda »

J'ai tellement l'habitude de l'écrire FAC que je trouve fac moche. Puis ça me donne une excuse pour carrer des majuscules quelque part ! J'adore les majuscules ! Je peux ?


C'est ce que m'a dit une amie, mais si ça se trouve c'était un un mytho pour que j'arrête de lui dire d'aller consulter, faudrait que j'aille vérifier. Mais j'aime bien la demoiselle que je vois, je vais testé si ça le fait avec elle et en tant que psy et sur le plan financier, si ça passe pas, j'irais voir à la FAC. Puis toute façon, on va être positif, je devrais bientôt être riche (la CAF finira bien par me filer tout le fric qu'elle me doit...)
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Onda
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Re: Blop.

Message par Onda »

C'est demain la rentrée. Je m'en sens juste complètement incapable. Je ne peux pas y retourner. Vraiment pas. Rien que d'y penser, je suis déjà à la limite de la crise d'angoisse, alors comment ça sera sur place. Non, vraiment, je peux pas : je suis fatiguée, j'ai mal, je veux toujours autant mourir, j'ai toujours quasi constamment envie de pleurer, je fais toujours des cauchemars, j'ai recommencé l'AM. Je me sens pas capable de reprendre. Oui, y a eu des moments cools dans ma semaine : je me suis reposée, mon weekend d'anniversaire était chouette. Mais je ne me sens pas mieux et je sais pas si je vais réussir à reprendre. Sûrement l'appréhension (la semaine avant les vacances était pire qu'horrible et du coup j'ai un méga mauvais souvenir de l'appart et de la FAC), si ça se trouve ça peut bien aller, mais ce soir, ça me semble juste, impossible.
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Re: Blop.

Message par Mélancolie »

Dis moi, car tu ne l'as pas précisé jusque là : tu as un traitement ? As-tu même un suivi psychiatrique ? Parce que si non, ça pourrait peut-être t'aider d'avoir des anxio pour combattre l'angoisse. Qu'en penses-tu ?
Oh, et vas revoir la psychologue si possible. Moi je la trouve plutôt prévenante, et rare sont les professionnels qui donnent leur numéro de tel, surtout à un premier RDV. ça ne pourra pas te faire de mal de discuter encore avec elle. Au pire tu t'aperçois qu'elle ne te convient pas, qu'il n'y a pas de feeling entre vous, et tu arrête (et va voir ailleurs si l'herbe est plus verte).
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Onda
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Re: Blop.

Message par Onda »

Je pensais y retourner oui.

J'ai pas de suivi psychiatrique. J'ai toujours été plus ou moins contre les médocs. Mais je ne suis plus totalement fermée à l'idée en ce moment. Je ne sais pas. Je pense que si la psy m'en parle, je prendrais un RDV.
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Re: Blop.

Message par Onda »

Je me sens mal. J'ai l'impression d'être une imposteur pas légitime et pas à la hauteur. Je vais mal. Oui mais alors, pourquoi je suis là à me pomponner pour aller manger chez une pote ? Pourquoi je ris et souris avec des gens ? Pourquoi je ne pleure pas ? Pourquoi je vais demain à un entretien pour commencer du bénévolat ? Pourquoi je me lève quand même ? Pourquoi je vais en cours quand même ? Si, j'ai vraiment envie de mourir, pourquoi je ne me décide pas à avaler le contenu de ce fichu tiroir ? Et si je vais bien, pourquoi j'ai toujours envie de mourir quand le réveil sonne ? Pourquoi j'ai tout le temps envie de pleurer ? Pourquoi j'ai tout le temps envie de m'enfuir de là où je suis parce que je me sens tellement épuisée ? Pourquoi je n'arrive plus à trouver mes cours intéressant ? A m'impliquer dans le projet de l'atelier d'écriture dans lequel je me suis pourtant engagée en début d'année ? Pourquoi je passe mon temps à manger ? Pourquoi toute la journée je pense au contenu de ce tiroir que j'avalerai en rentrant ? Pourquoi quand je ne pense pas au tiroir, je pense aux autres moyens ou à l'AM ?
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Re: Blop.

Message par Amande »

Et pourquoi il faudrait que ça soit absolument l'un ou l'autre? Pourquoi il faudrait absolument que tu sois décidée à 100% à savoir si tu veux vivre à 100% ou mourir?
J'étais une actrice muette, un corps. J'appartenais aux rêves, à ceux que l'on ne peut briser.
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Iriz
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Re: Blop.

Message par Iriz »

Oui je suis d'accord avec Aurore, pourquoi tes idées suicidaires devraient être absolues ? C'est comme n'importe quelle grande décision de ta vie, il y a des pour, des contre, et tu restes ambigue là dessus.
Ce n'est pas comme si tu faisais exprès de faire certaines choses et exprès de ne pas en faire d'autres. Tu suis ce que tu es capable et ce dont tu as besoin sur le moment, non ? (je me trompe peut-être hein)
Je voulais faire de ma passion la plus belle de vos histoires - D.
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Onda
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Re: Blop.

Message par Onda »

Parce que j'ai besoin de me sentir un peu cru, un peu crédible, un peu légitime. Parce que finalement, je donne tellement bien le change toute la journée que même quand je pose j'en ai marre, je suis fatiguée, j'ai mal, ma vie est pourrie toute la journée IRL. Les gens pensent assez facilement que j'en ai juste marre, que je suis juste fatiguée, que j'ai juste mal et que ma vie est pourrie OK, mais ça on le sait et finalement ça à toujours était comme ça, elle a toujours râler et fait de l'humour noir dessus donc c'est comme d'habitude. Et moi, ça me donne l'impression que ce n'est pas important, que je ne suis pas importante. Alors peut-être que je devrais dire j'en ai tellement marre que, je suis tellement fatiguée que, j'ai tellement mal que... Mais ça sert à quoi à des gens de qui je suis pas vraiment proche. A ce qu'on me dise : "Beh si t'es pas bien rentre chez toi !" Je crois que c'est plus ou moins ce que j'aimerais, mais c'est un peu con d'attendre implicitement l'aval de gens qui sont payés pour me prendre mes cours que je sois là ou pas pour m'autoriser à laisser tomber. Surtout qu'au final, je viens tous les matins, à la limite je dors parfois en cours, mais la majeure partie du temps, je rends les devoirs, pose des questions, participe, puis même, je fais des activités, je vois des potes, je discute normalement etc, donc pour eux, je n'ai pas l'air d'aller si mal que ça.


Mais genre je vais voir le médecin pour lui dire : "Je suis fatiguée, ma spasticité a augmenté, ça limite mon autonomie, j'ai mal et c'est pas vivable." Il me dit : "La spasticité est augmentée par les épines irritatives donc on va faire une prise de sang voir si y a pas un truc qui cause la fatigue !" OK tu investigue, c'est génial ! Mais Putain mec, le froid, la fatigue, le stress, la colère, la joie, la tristesse, la chaleur, parler, bouger, faire les transferts sont des épines irritatives ! Ma vie entière est une épine irritative ! Alors fait quelque chose genre maintenant ! Pas dans deux semaines quand j'aurais enfin le temps d'aller faire une prise de sang ! Je sais pas n'importe quoi ! Autorise-moi à bouffer des plaquettes de Baclophène entière, Botox moi tous mes fichus muscles une fois par jour, ce que tu veux mais bordel fait quelque chose quoi ! Parce que sans déconner si on attend qu'il n'y ai plus d'épines irritatives dans ma vie on est pas rendu et si je te dis que j'ai mal c'est que j'ai mal maintenant, là tout de suite et depuis un mois et que j'apprécierai grandement une solution symptomatique en attendant que tu es fini ta grande enquête !

Paye ta vie d'IMC bonjour ! Et encore que, j'ai pas trop à me plaindre, je ne me suis pas encore luxer de hanche... :P (La blague, c'est que j'ai souvent mal à une hanche !)

Plus ou moins l'impression que je ne vais pas assez mal et que je fais juste des caprices, pour me faire plaindre etc. Toute la journée, genre quand je me débrouille pour vivre comme si tout aller bien. Puis je suis en cours, ou le soir seule chez moi et ça va pas et au final j'ai juste honte.
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Re: Blop.

Message par Onda »

Il y a deux ans et demi, je venais de terminer mon année de Première L, notes excellentes aux épreuves anticipée, la question du Post-BAC, doucement et sûrement commençais à se poser : Je voulais aller en Psycho, il n'y avait pas de cursus de Psycho dans la ville de Papa-Maman, il fallait donc trouver une solution pour les quitter dans les meilleures conditions : ma synthèse annuelle se concluait par : - Médecin + éduc : "Je ne pense pas que tu seras capable de vivre toute seule, mais tu verras, les IEM pour étudiants sont géniaux !" - Moi : Je ne supporte pas la vie en communauté et je ne me suis pas casser le cul toute ma vie pour réussir à m'insérer parmi des valides, me faire des potes, avoir les mêmes activités et de meilleures notes qu'eux toute mon enfance, pour me retrouver adulte à vivre dans une boite à infirmes obligée de rendre des compte à une clic de soignants ! Si vous y teniez, fallait pas me pousser aux études, à l'insertion et à l'autonomie pendant 17 ans ! Puis toute façon, je veux essayer, s'il s'avère que je ne suis pas capable de vivre seule une fois que j'aurai essayé, on reparlera de votre vie à l'hôpital !" - Kiné : OK, on garde les séances à trois par semaine et tu continues la natation une fois par semaine." - Ergo : OK, on se verra une après-midi tous les quinze jours pour bosser l'autonomie. Vacances d'été, suite dans les paragraphes suivant


Dans le même temps, depuis plusieurs mois, mes parents me baratinaientdepuis de long mois pour que j'accepte de subir une opération révolutionnaire mise au point par un Russe, opérant des Français en Espagne : grâce à une opération sans cicatrice, sans douleur et sans longue convalescence, pour seulement 15 000€, il avait changé la vie d'une ribambelle d'enfants IMCs. J'étais désespérée, j'avais dix-sept ans et je préférais me buter plutôt que de vivre avec moins d'indépendance que ma filleule de moins de 5 ans, je n'avais rien à perdre à essayer, j'ai dis oui pour une consultation. Personne, hormis mes parents et amis valides, n'y croyait, moi non plus, mais tout le monde était tomber d'accord sur le fait que : "Tu n'as rien à perdre alors autant essayer !" Il m'examine, étrangement et douloureusement (déjà pour un truc censé être sans douleur, ça ne laissait présager rien de bon. :P ) Mais passons, ça devait être une méthode chelou de Russe - Espagnol chelou et je ne suis pas douillette. Il me vend sa came à coup de convalescence de trois semaines, sans douleur, sans cicatrice, rééducation régulière mais pas intensive si vraiment pas possible donc même pas besoin de mettre en place mon plan année sabbatique spéciale rééducation intensive pour réussite d'opération miracle, réussite chez toutes les personnes précédemment opérées, même plus vieille, possibilité d'autonomie d'habillage et déshabillage complète, amélioration de la motricité fine, annulation du strabisme, diminution des douleurs, possibilité de marche sans appareillage, voire sans les mains. Je dis oui. Stress. Epreuves Anticipée encore stress. Résultats bons OK moins de Stress. Synthèse affreuse, re stress, placement de tous mes espoirs dans boulot plus fichue intervention. Vacances en Corse ouf. Suite au prochain paragraphe.

Rentrée des classe. Terminale L. BAC. Stress. Intervention prévue pour novembre. Stress. Horreur Malheur et Désespoir. J'ai fais un décompte sur mon Agenda. Commencé l'Ergo. Elle est cool. Je me rends compte que même si ça prend du temps, je suis capable de faire pleins de chose seule à condition de m'y prendre correctement. Il y a des choses difficiles mais une Ergo compétente qui trouve vite les trucs et astuces pour que j'y arrive. Je suis volontaire, j'assimile vite. Elle devient aussi enthousiaste que moi, même l'éduc commence à trouver que finalement l'appart seule, c'est pas une si mauvaise idée. Il reste des trucs impossible mais qui me semblent minimes comparés à avant, puis l'espoir que l'intervention améliore si ou ça ! On se prend au jeu de "Tiens s'il pouvait nous arranger ça le marabout, ce serait chouette !" Beaucoup de stress. Intervention.

C'est la merde, tout le monde stress, mais c'est enfin le moment de stresser. L'hôtel est chouette, faire les boutiques en Espagne, c'est pas mal chouette aussi. Mais faut s'intéresser aux choses sérieuses. J'entre à la clinique. J'attends. Comme tous les chirurgiens, il est en retard : Les parents stress, pas moi, ce n'est qu'une intervention et en plus, pour une fois, je n'en ressortirait pas avec des douleurs et des cicatrices horribles : J'étais confiante, grossière erreur. Je pars au bloc, tout le monde cause Espagnol, je comprends rien, mais toute façon je connais la musique, c'est l'heure de faire dodo, je fais dodo. Je me réveille, j'ai mal, mais genre affreusement mal. A un bras surtout, je peux le bouger, genre pas du tout, l'ai coincé contre moi. Tout le monde tout sourire me parle Espagnol : "Mais bordel je comprends rien à ce que vous me dites et en plus y a pas lieu de sourire, j'ai mal !" Ca c'est sûrement ce que j'ai voulu dire, mais je n'ai jamais réussi à me faire comprendre en étant sous sédatif ! Donc je finis par hurler et me mettre à pleurer de frustration. Enfin tout le monde fini par comprendre que j'ai mal ! "Mais non voyons, ça ne fait pas mal !" Puis enfin, après moult gueulantes de ma chère maman on finit par m'apporter, au miracle, un doliprane ! qui ne fera aucun effet. Je passerai une nuit horrible à me demander si je pourrais rebouger le bras et comment ça se fait que j'ai autant mal alors que je n'étais pas censée avoir mal. Il y aura la fameuse phase mes talons ! - Moi : "Maman, tu peux regarder mes talons s'il te plait, ils me brûlent !" - Maman : "OMG catastrophe ils sont rouges écarlates, vite infirmière !" (mes potentiels points d'appuis sont devenus la plus grande angoisse de ma mère, quand lors d'une intervention où je devais rester entièrement plâtrer trois semaine, la chirurgienne avait sectionnait des nerfs causant le fait que je n'avais plus aucune sensation au niveau des pieds et que du coup on s'est rendu compte au bout de trois semaine que j'avais des escarres partout, qu'il a fallu me gratter jusqu'à l'os pendant que je jouais à la DS puisque toute façon je ne sentais absolument rien ce qui rendait l'anesthésie inutile...) - Infirmière : "Mais non impossible , elle n'est pas couchée depuis longtemps, nos matelas sont prévus pour, blabla *regarde* OMG catastrophe, partons faire le tour de la clinique pour trouver de quoi lui surélever les pieds !" Elles se déplaçaient toujours à deux en parlant Espagnol, méga comique ! Mais elles semblaient avoir beaucoup de mal à croire ce que je leur disais, moins comique. Bref vient le lendemain. J'ai toujours mal au bras, chirurgien s'inquiète pas parce que de toute façon, personne n'a mal donc ça ne durera pas, que je prenne du Doliprane. Infirmières débarquent avec leurs cotons tiges et leur bétadine, explique à ma maman comment faire la même chose qu'elles, font en sorte de n'oubliaient aucun petits points, il faut bouger pour qu'elle les atteignent, je suis un bleu vivant, ça fait mal. Je n'ai pas droit aux transferts, faut qu'on me porte pour aller sur le fauteuil et m'habiller, je suis un bleu vivant, ça fait mal. On va manger, porter le verre pour boire, trop lourd, ça fait mal. Je trouve le moyen de me fiche un coup sur le point à gauche de ma tête, pas méga fort mais juste assez pour me déclencher un mal de tête abominable on rentre à l'hôtel, je dors. Absolument tout fait mal donc je ne veux rien faire. Vient le temps de partir, visite du chirurgien à l'hôtel, il trouve que tout va bien, que je n'ai qu'à prendre du doliprane et de l'arnica. Je vous raconte pas le calvaire des six heures de voitures. Il faudra trois semaine pour que je puisse rester assise sans avoir mal et encore pas toute la journée. Puisqu'il y avait ces fameux petit point juste partout : mission impossible de ne pas appuyer dessus. Kiné frustrée de rien pouvoir faire du tout ou presque pendant quasiment trois mois, genre c'était que des trucs méga doux, pas de marche, pas d'étirement etc. A notre goût trop long, en trois mois, y a le temps de perdre pleins de choses. Mais on est contente y a moins de spasticité. On recommence enfin à bosser, aucun changement significatif, on est déçu, y a moins de spasticité soit mais que en situation de méga repos, sinon, c'est pareil, les bilans restent les mêmes, mes capacités aussi. L'effet tout ramolo finira en plus par disparaître.

Grosse déception chez tout le monde qui amènera une méga mauvaise ambiance. En plus je garde encore pleins de petites douleurs que je n'avais pas avant. Mais OSEF, faut organiser la FAC maintenant. Ergo géniale à fait du bon boulot, je suis devenue capable de vivre seule, donc action. Visite de Montpellier, de la FAC, du CROUS, du logement adapté, rencontre avec l'organisme d'aides humaines ! Et le BAC. Période des au revoir, fierté (je suis la première du SESSAD à partir à la FAC autonome, c'est chouette. Le bilan de fin d'année posera que l'Espagne ouais bof quoi. Je devais voir le chirurgien à six mois post opératoire, mais pas le temps, pas envie, déception, envie d'oublier, de me tourner vers Montpellier etc.

Aujourd'hui, je vis seule à Montpellier, j'ai la proportion d'aide humaine que je considérais comme acceptable, de l'aide, mais dont je peux me passer, je suis libre, je suis la fierté du SESSAD, j'ai validé mon semestre avec Mention Bien, j'ai des potes, je m'en sors. Mais je suis fatiguée, mais j'ai mal, mais tout est encore tellement long et éreintant. J'ai mis beaucoup de moi ces deux dernières années pour arriver à ce que j'ai aujourd'hui et je suis fière d'avoir réussi. Mais je me demande si ce n'était pas trop pour moi. Si je suis vraiment capable de tout ça. Parfois, je voudrais laisser tomber la FAC et vivre sur l'AAH que je ne touche même pas encore, parfois je voudrais ne plus avoir de vie sociale parce que ça permettrait de ne rien faire seule ou presque parce que c'est trop fatiguant. Puis je me dis que ouais, un temps, ça me reposerait mais que je finirai par haïr encore plus ma vie qu'aujourd'hui. Je hais ma vie. Je hais cette difficulté qui était challenge il y a deux ans. Je hais la vie insouciante de tous ces petits cons qui me servent de camarades. Le dimanche soir, après leur quatrième nuit blanche et alcoolisée d'affilée, j'aimerais qu'il est un accident, qu'ils deviennent tétraplégiques et qu'ils comprennent qu'ils ont de la chance. La chance de n'avoir pas eu à prouver qu'ils savaient lire pour être acceptés à l'école primaire de leur quartier, la chance de pouvoir sortir trois nuit d'affilée, de ne pas être obligée de se mettre en pyj dans le noir à 22h parce que trop fatigué, la chance de pouvoir aller aux toilettes pendant leur journée de cours, parce qu'ils n'auront pas à attendre que le seul toilette aménagé de la FAC, le plus souvent occupé par des valides soit libres, la chance de pouvoir s’asseoir à côté de leur pote en Amphi et de ne pas être obligée de rester devant la porte parce que le truc n'est pas accessible. J'aimerais qu'ils se fassent amputés et souffrent de douleur neuropatiques et qu'ils aient mal toute la journée à cause d'un truc dont on ne peut rien ! J'aimerais que la petite pouffe de 17 ans et demi qui est là pour préparer le concours d'auxiliaire de puériculture parce que "Les bébés c'est trop mignons !" comprennent que aller fumer une clope cinq minutes avec sa copine parce que le petit préma qu'elle est censée surveillé, il risque rien en cinq minutes, peut rendre difforme ce petit bébé qu'elle trouvait tout mignon et lui offrir une vie pourrie jusqu'au restant de ses jours.

Il y a deux ans, un type m'a promis que ma vie serait plus simple, que j'aurais moins mal, que je serais moins fatiguée et beaucoup plus heureuse. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Ca ne le sera sûrement jamais. C'est juste un fait, y a qu'à voir la gueule et la vie de beaucoup d'IMC adultes. En tout cas, j'ai rendez-vous en Juin avec ce type, parce que fallait bien tourner la page. Puis parce que j'ai un peu envie de savoir comment il va se justifier : mon poids, ma rééducation régulière mais pas intensive... Il trouvera sûrement un truc pour que ce soit ma faute et pas la sienne. En attendant, j'ai mal, je suis fatiguée, tout me prend des plombes et ma vie et pourrie.

Je suis triste, et en colère contre moi-même. Parce que j'ai cette certitude que les choses seront immuables. Je l'ai toujours eu, mais je l'ai encore plus parce que j'ai voulu croire en la volonté, la chance et les miracles et que ça a foiré, encore. Je savais que c'était impossible de réparer un truc cérébrale en trifouillant des muscles, je savais que j'étais trop vieille et trop grosse, je savais que se qui rendait son intervention efficace, c'était le biofeedback et la vie des patients qui tournait autour de la kiné derrière. Mais j'y ai cru, bêtement. J'ai cru aussi que si j'y arrivais le vendredi après-midi avec l'Ergo, j'y arriverai seule tous les jours, j'ai cru qu'il n'y aurais jamais de failles. Moi, tomber ? Jamais ! Moi ne plus arriver à bouger parce qu'il fait trop froid ? Mythologie ! Ouais et maintenant je suis là et j'en chie, comme toujours et pour toujours. Je suis débile et naïve. Je suis en colère, contre moi, contre les autres, contre la connasse de puéricultrice, contre ma mère qui a toujours été la première à relever les failles et la dernière à relever les réussites, contre moi qui ait appris à faire pareil, contre cette haine que je ressens contre ces fichus petits cons qui ont bien de la chance de pouvoir être des petits cons et bien raison d'en profiter.

Je suis déprimée et épuisée parce que j'en ai marre de puiser dans des ressources que je ne suis pas sûre d'avoir autant que ce que tout le monde pense pour faire des choses quotidienne qui n'ont rien d'extraordinaire. Parce que j'ai peur, de comment je vais vieillir, de comment je vais grandir. J'ai peur que mon aujourd'hui pour créer demain soit vain parce que demain sera impossible à atteindre. Au fond, j'aimerais que Monsieur l'Espagnol est une idée pour arranger les choses. Parce que je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir faire à long terme des choses en l'état et le "Tout ça pour ça !" il me fait sévèrement chier !
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