Envies suicidaires

[Lola Valérie]

J'écris ce soir un peu comme on lancerait une bouteille à la mer, avec l'espoir que quelqu'un la trouve un jour...
Je ne vais pas bien, cela fait longtemps que ça dure, je ne compte même plus le nombre d'hospitalisations... Je sors tout juste de la dernière qui n'a pas donné grand chose, à part justement de me protéger de moi-même quelques temps. Mais il faut bien un jour ressortir et les envie suicidaires sont toujours présentes. Tous les soirs ma boîte de pilules me nargue et me lance des œillades incroyables. Je ne sais plus comment faire pour résister... Les crises d'angoisse se succèdent et j'ai la nausée de vivre... Mes pulsions autodestructrices ne me quittent pas, surtout que je suis en période de concours donc facteur très anxiogène pour moi. Et je me dis que ce serait infiniment lâche d'abandonner comme ça, juste avant le concours. Et en même temps, je me dis que je ne pourrais pas tenir longtemps à lutter ainsi, tous les soirs contre moi-même... Alors je compte les pilules, je les regarde, je les aligne, je lutte et lutte encore...

[Mélancolie]

Ah c'est clair que les examens, les concours, c'est plutôt anxiogène comme événements. Comme j'te comprends (et je ne suis pas la seule ici, rassures toi. ).

Dis moi, elles se finissent quand tes épreuves ? Et quand tu dis que ce serait lâche d'abandonner juste avant les concours, tu parles de te suicider (appelons un chat un chat veux-tu ? ^^) ou d'abandonner le concours pour avoir moins d'angoisse et donc d'idées suicidaires ?

Autre questions subsidiaires : as-tu un traitement contre l'angoisse ? Es-tu suivi par un psy ? Mine de rien ces infos sont importantes pour cerner au mieux ce qui pourrait t'aider.

[Lola Valérie]

Je parle de me suicider (appelons un chat un chat effectivement). Mon concours est dans une semaine, il dure deux jours d'épreuves orales (donc le stress total pour moi qui suis une grande timide). Quant aux envies suicidaires, c'est sans doute relié à la peur de devoir affronter ce concours mais je trouve que mettre fin à mes jours avant de passer les épreuves serait lâche, c'est pourquoi je lutte devant mes plaquettes de médicaments. Je ne trouve pas de solutions pour faire face à ces pulsions qui me font peur, si je lâche le contrôle, que se produira-t-il ? Sinon, je suis suivie par une psychiatre très bien, qui m'aide beaucoup et ai un traitement médicamenteux dont la liste est longue comme le bras, avec un cocktail de tout ce qui peut se faire en termes de molécules. Malgré tout cela je ne m'en sors pas, je suis rongée de l'intérieur et j'ai l'impression de n'être plus qu'une carcasse vide et creuse qui ne sait rien, qui est incapable d'apprendre ses cours, qui fait n'importe quoi alors que je devrais être en train de réviser au lieu de me plaindre sur mon sort...

[Lola Valérie]

Toujours les mêmes envies qui reviennent à l'approche du soir... Je ne me sens plus la force de me battre, je sais bien sûr que c'est certainement du aux circonstances (le concours, l'angoisse des révisions) mais pas tant que cela finalement. J'ai passé beaucoup de temps à l'HP cette année, toujours pour mes comportements suicidaires, alors qu'il n'y avait aucune échéance à ces moments précis.

J'ai du abandonner mon job, que j'aimais pourtant mais qu'il m'était impossible de tenir dans ces états d'angoisse et de vide terrifiants. Mon copain m'a quitté parce que c'était trop dur pour lui de me voir en train d'imploser en permanence, ce que je comprends totalement. Du coup, j'ai cette impression de gâchis terrible, cette impression que jamais cela ne va s'arranger. J'avais toutes les chances de mon côté, un boulot intéressant, un copain que j'aimais et j'ai réussi à tout foutre en l'air. Je me sens fatiguée de moi-même... Comment peut-on vivre en se détestant soi-même à un tel point que cela en devient insoutenable ?

Voilà ce qui domine ce soir, une grande lassitude. Et puis ce sentiment que je suis épuisée, que j'atteins le bout de mes forces, que je n'ai plus le courage de rebondir, de regarder par la fenêtre et me dire qu'il fait beau et que finalement la vie est un cadeau. Je suis fatiguée, vraiment... Je n'ai plus cette énergie qu'il faut pour se battre, non seulement dans la vie en général mais aussi contre soi dans mon cas. Je me sens exténuée, mes nerfs à fleur de peau qui ne me lâchent jamais, mes neurones à vif de tout ce qui tourne et retourne dans mon crâne de piaf...

Est-ce que tout ça en vaut la peine finalement ?...

[DizzyDance]

La vie n'est pas un cadeau. La vie est (tout simplement), et la roue peut tourner à tout moment. Il suffit de peu de choses, souvent. Je me rappelle les mots de mon président de club, vu cet après-midi, disant, en gros, que le désir engendre la souffrance pour certains philosophes, mais qu'il pense, lui, que la vie, c'est le désir.

Il y a une flamme en toi, probablement, certainement, qui brûle encore. C'est un mauvais moment, certes, et toutes tes émotions sont amplifiées, tes craintes y compris. Mais, si tu te tues, tu ne sauras jamais, jamais, si tu aurais pu passer outre ce moment, passer en force, au courage, au cynisme, au réalisme, qu'importe, que ce ce soit derrière et que tu voies ça comme une victoire importante qui permettra de te reconstruire.

Qu'importe si tu réussis ou non tes examens, d'ailleurs. L'important, c'est que tu les tentes.

Vas-y. Vraiment.

[Lola Valérie]

Merci de ta réponse.

Très juste ce que tu dis sur le fait que la vie ne soit pas à un cadeau, finalement, c'est à nous de déterminer quelle position adopter par rapport à l'existence et pour cela, comme tu l'exprimes, il faut du temps. Et se donner les moyens de choisir.

Je sais aussi que tout est amplifié en ce moment par le stress du concours et que les angoisses remontent en flèche à cause de ça. Et qu'il faut que je tiennes le coup, passer les épreuves, rien que pour me dire, "tu aurais été au bout de quelque chose une fois dans ta vie". Et que ça vaut le coup. Tout ça, je le sais rationnellement. Mais d'autres voix irrationnelles me disent que de toute façon tout est perdu pour moi... Je suis en pleine crise d'angoisse et j'ai tellement envie de pleurer, de crier que j'ai mal mais je n'y arrive tout simplement pas. Tout reste à l'intérieur comme des bestioles qui me rongent. Je voudrais juste que la douleur s'arrête un peu, histoire de souffler juste quelques minutes. Mais tout me semble flou, l'anxiété me gagne à en faire dégouliner les murs de mon appart autour de moi... J'ai peur, je me sens perdues dans mes abîmes et j'ai du mal à en sortir...

Mais il faut que je tiennes le coup, il faut que je tiennes le coup...

[DizzyDance]

Défoules toi ici. Tu pourras amoindrir tout ça et on pourra mieux t'aider. Même si c'est déconstruit ou complètement insensé. Surtout si c'est insensé.

[Lola Valérie]

Merci encore une fois de ta réponse plus rapide que l'éclair

Cet espace m'est d'une grande aide en ce moment et ça fait du bien d'avoir un endroit ou les gens ne jugent pas et sont dans une attitude constructive et bienveillante, même quand c'est insensé justement. (Et j'espère ne pas poster trop, j'écris beaucoup ici en ce moment parce que ça m'est d'une grande aide...).

je me défoule ici, parce que ça fait du bien d'extérioriser un peu tout ça et que même prostrée au fond de mon lit, je peux quand même écrire les pensées bien noires qui m'écartèlent et me torturent. Toujours dans le même état que tout à l'heure, j'ai les idées qui partent en vrille totalement, envie de me blesser, envie de prendre des médocs, envie de courir dans les précipices qui sont là depuis tellement longtemps que je ne vois plus comment les éviter. Fatiguée de lutter quand je ne vois plus les raisons pour, c'est surtout ça qui domine. des raisons, il y en a, plein, le concours, le futur, les vacances, le soleil. Mais j'ai du mal à mettre tout ça dans la balance et me dire qu'il faut continuer malgré tout. Je ne parviens pas à envisager demain, je ne parviens à envisager de dormir, je ne parviens pas à imaginer vivre encore demain. C'est ridicule, j'ai des révisions bien chargées demain... Et mes boites de médocs qui me narguent pas loin, comme des œillades séductrices.

Non, il faut que reste. Il faut que je reste, ne serait-e que pour voir demain. Parce que demain est un autre jour (ce qui me semble stupide puisque pour moi tous les jours se ressemblent depuis quelques temps) mais bon, je tente de me raccrocher aux branches...

[DizzyDance]

Les jours ne se ressemblent pas car un jour, tes examens seront derrière toi.
Et une envie, ce n'est pas un acte.

Never give up, never surrender.

[Lola Valérie]

Never give up, never surrender... Merci de cette phrase qui m'a redonné courage. Je vais l'afficher au dessus de mon bureau, comme ça je l'aurais sous les yeux quand je désespère de ne pas réussir à intégrer ces fichues notions de grammaire et que du coup, j'ai la tentation de tout laisser tomber.

J'espère aller mieux quand le concours sera derrière moi, tout ne sera pas résolu mais au moins, l'échéance sera passée et le stress en moins pourra sans doute aider. En même temps, je n'ai fait aucun projet pour ces vacances et j'ai peur aussi de me retrouver face à mon néant intersidéral une fois le concours achevé. Et je sais que l'attente des résultats sera une véritable torture... mais j'aurais peut être un coup de up avec l'arrivée des vacances et la perspective d'avoir du temps pour moi, restons positif

Je ne veux pas abandonner, j'ai envie de vivre au fond de moi mais c'est quand l'existence me semble un tel fardeau que j'ai juste envie que tout s'arrête de tourner en moi et autour de moi.