Penser au suicide

[Caramel2]

Je peux te dire précisément quand tu as arrêté l'Abilify.

C'était juste avant l'IRL à Grimentz (possiblement même A L'IRL en fait). Donc début août 2009.

Et clairement, à ce moment là, y a eu une nette différence dans ta réflexion.
Tu t'es mise à réfléchir, en fait. C'est un peu trash dit comme ça, mais avant ça, tu étais vachement passive face à ce qui t'arrivait, tu écoutais ce que disaient les autres comme une parole semi-divine, truc du genre.

Après, est-ce que c'est l'arrêt du traitement qui a provoqué le changement, ou est-ce que c'est le changement , a provoqué l'arrêt du traitement, j'en sais rien en fait.
Parce que les deux sont possibles :

a) Tu as retrouvé tes capacités de réflexion qui étaient embrumées dans les médics, donc tu as eu une autre attitude.
b) Tu t'es "secouée", tu as arrêté de dire oui amen, et donc tu as été capable d'envoyer valser un traitement que tu prenais en mode "toutou obéissant".

Et ca, franchement, je ne sais pas.

Après, sincèrement dit, je suis tjs assez perplexe face à l'Abilify, parce que c'est un peu le "truc miracle" que pas mal de psy sortent de leur manche pour tout et n'importe quoi.

Apathie ? Abilify
Sautes d'humeur / humeur instable ? Abilify
Hallus ? Abilify

A un moment donné, j'ai envie de dire que faudrait savoir : Ca fait ressentir des trucs, ou ça "tasse" l'humeur ? Parce que sans déconner, c'est quand même deux trucs assez radicalement opposés !

Après, hors du débat "Abilify / not Abilify", envie de dire que y a possiblement d'autres solutions à envisager pour se remettre à ressentir des trucs un plus plus intenses que "2 de tension émotionnelle".

- Faire les choses qui normalement te plaisent / te procurent des sensations. Et "chercher" ces sensations, jveux dire, te les remémorer, tout ça. Histoire de "remettre la machine en route", un peu comme on ré-amorce un moteur.
- Te reposer. L'épuisement (physique et/ou nerveux) se pose bien là en terme de "Je fonctionne au lieu de vivre".
- L'activité physique. C'est con à dire, mais les sensations (physiques) et les émotions, c'est pas très éloigné. Ressentir des courbatures, avoir le corps qui gueule "Halte ou je te claque un muscle dans la gueule", c'est aussi ouvrir la porte aux émotions.

[Mélancolie]

Tout ce que tu m'a dit Cara m'a été très précieux. Un énorme merci. Je lui rendrais ma réponse quant à l'Abilify au prochain RDV, soit dans 13 jours. Je pense avoir pris ma décision mais je souhaite la confirmer durant ces prochains jour en me laissant quand même une ouverture.


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J'ai pleuré en regardant une série tout à l'heure. Deux fois. J'étais si mal pour le personnage, imaginant tellement ce qu'il pouvait ressentir, que je le ressentais moi aussi...

J'ai pleuré. J'ai ressenti. J'ai eu des émotions. J'ai eu du plein.
ça y'est !
J'ai ressenti.

Le fait que je sois sous THC et alcool ne compte pas là... Si ?

De toute façon je devrais être heureuse, me dire qu'enfin, c'était pas trop tôt. Que ça ouvre sans doute la porte à un mieux.

Mais pourquoi je me sens encore plus perdue qu'avant alors ?

[Tehseus]

Je sais pas si ça t'es déjà arrivé qu'un temps, tu écoutais une musique, et pendant cette période où tu l'écoutais, qqch de spécial c'est passé, positif ou négatif.
Persos, certaines musiques de trance que j'écoutais avant, je peux plus les écouter aujourd'hui, enfin si je le peux bien évidemment, mais ça me remémore des mauvais moments. Je voie plus la musique de la même manière qu'au départ, ça ne me fait pas sentir super bien.
Au contraire, si c'était un "événement" positif, souvent, même si la musique n'est plus d'actualité, ça me fait me sentir bien.

J'ai des fois vraiment l'impression que consciemment ou non, que les ressentis "forts" se lient facilement a qqch de concret, comme peut être une odeur, un son, un sourire, qqch de physique.
Et que même si un certain événement passé n'est plus d'actualité, le corps peut facilement ressentir ce qu'on a ressentis pendant celui-ci sans être dans la situation, rien qu'à cause d'une de ces choses concrètes.

J'sais pas si ce que j'avance peu faire sens pour toi : Es ce que tu penses que ce que tu as ressentis à pu faire resurgir en partie des choses plus profondes? des choses passé lié a ce que tu as ressentis?
ça pourrait expliquer le pourquoi.

Un truc qui peut être pas mal a essayer, c'est de retrouver des choses qui t'évoques des bons souvenirs, des souvenirs forts pour toi, qui ont de l'importance, qui t'ont apporté du bien. Une musique, un parfum, une ambiance, un lieu.
Du genre, a chaque fois que j'entre dans un hopital, je me sens super bien rien qu'a cause de l'odeur. Mais au contraire dans un cabinet dentaire, je me sens angoissé rien qu'à l'odeur parce que ça m'évoque des mauvais souvenirs.
ça peut paraitre étrange ce que je dis...

[Mélancolie]

Etrange ou pas, je saisis totalement ce que tu veux dire.

Moi aussi j'ai eu longtemps des musiques (même neutres niveau registre émotionnel, par exemple la trance, comme toi) que je ne pouvais plus écouter. Principalement celles reliées de près ou de loin à Anthoc les mois qui ont suivis notre séparation. Je ne pouvais plus les entendre, elles m'insupportaient alors que je les adorais de base seulement quelques mois auparavant. C'était encore pire si je tombais dessus sans faire exprès, non préparée.

Donc ouais, je te capte 5 sur 5.


Concernant la suite de ton message, j'essaie de me rappeler les deux scènes où j'ai pleuré.
L'une était liée à la perte : une femme ayant la maladie d'Alzheimer qui ne reconnait pas son mari, celui ci ressentant une grande détresse de perdre cet être aimé.
L'autre relatait le sacrifice : cette même femme ayant la maladie d'Alzheimer qui dans un moment de lucidité dis fermement à son mari qu'elle veut rentrer en centre spécialisé / maison de repos pour protéger son mari des ravages de sa maladie alors qu'au fond elle ne souhaite pas y aller, elle se force à dire le contraire pour le préserver. Parce qu'elle l'aime.
C'est à ces moments que j'ai chialé.

[DizzyDance]

@Tehseus: parfaitement normal. On appelle ça les réminiscences, et Proust dans un des plus fameux passages de toute la littérature française fait remonter ses souvenirs quand il mange une madeleine.
Et ce bien avant les avancées dans la neuropsychiatrie. Chapeau.

[Caramel2]

Le THC et la picole ont pu faire tomber des barrières.
Ce qui est au final une assez bonne chose, parce que ca te prouve que non, t'es pas une coquille vide, juste que la coquille était trop épaisse (protection powa) pour que tu puisses avoir accès à ce que y avait à l'intérieur.

Après, assez normal de te sentir paumée : les changements au niveau perception des émotions (que ca soit "oh. Je ne ressens plus rien" ou "Oh. Je ressens de nouveau des trucs"), c'est destabilisant, quoi.

[Mélancolie]

Le THC et la picole ont pu faire tomber des barrières.
Ce qui est au final une assez bonne chose, parce que ca te prouve que non, t'es pas une coquille vide, juste que la coquille était trop épaisse (protection powa) pour que tu puisses avoir accès à ce que y avait à l'intérieur.

Mais heu... Je vais pas pouvoir être bourrée et défoncée h24 pour arriver à ressentir des trucs. J'veux dire... Fait des semaines que je bois et fume tous les soirs, voire à partir de l'après-midi. Jusque là, les résultats n'étaient pas très concluants. Et là, BIM, j'y arrive. Mais maintenant ? Concrètement, il se passe quoi ? Et ça va s'arranger ? De quelle manière ?

Je dois faire quoi pour enlever cette coquille, cette protection ?
Parce que je suis prête à voir la réalité en face.
Enfin... je crois.

[DizzyDance]

Je dirai banalement la confrontation. Avec soi, avec les autres. Si quelque chose chez quelqu'un te dérange, ça pourrait être pas mal de te demander pourquoi ça te dérange, et ça te renverra à ce que tu essayes inconsciemment de fuir. Même chose pour toi si tu as des attitudes d'évitement ou au contraire si tu vas dans une chose sans aucune hésitation.

Le but de la démarche n'est pas, évidemment, de te faire perdre de la spontanéité, mais de voir ce qu'il y a derrière les choses, ou ce qu'il y a avant les choses...

[Mélancolie]

Bon, j'ai vraiment réfléchis à ton conseil Dizzy. Chercher la confrontation. Ok.

Mais heu... je vois vraiment pas comment faire. Ni avec qui la chercher. Et je pense pas avoir la motivation pour le faire. Parce qu'en ce moment j'ai plutôt tendance à ne pas sortir de chez moi, justement. Donc à ne pas chercher la confrontation avec l'autre. Et je me vois mal me dire "Untel m'a conseillé de le faire alors même si je le sens pas, je vais le faire". Pour moi c'est du désastre annoncé. En plus du flou. Déjà que je me sens assez perdue dans ma vie en ce moment, pas trop envie d'en rajouter.

Comprends moi bien, ce n'est pas un refus de m'aider moi-même. C'est juste que... ça sent pas bon de mon côté.

[DizzyDance]

Pas la chercher alors. Mais quand il y a. confrontation, être attentive à ce qui se passe dans les interactions et voir ce qui coince. Car ça peut coincer . Ça doit coincer je dirais. Si tu es en face de personnes lisses ,si tout se passe comme sur des roulettes, ça peut être parce que c'était bien, mais aussi parce que tu n'as pas été assez exigeante vis à vis de toi ou des autres. Ou pire, parce que on a essayé de te manipuler.

Mais vois aussi cette réflexion comme venant de quelqu'un qui est exigeant, méfiant et qui a été manipulateur.