Penser au suicide

Pour parler de tristesse, d'envies suicidaires, d'anxiété, etc.

Modérateur : Médiateurs

Avatar du membre
Mélancolie
fondatrice du forum
Messages : 7452
Enregistré le : mer. 6 avr. 2011 16:14
Localisation : Breizh

Penser au suicide

Message par Mélancolie »

A-t'on le droit de penser au suicide lorsque l'on ne souffre pas ? Lorsqu'il n'y a rien ?
Image

Chaque personne qu'on s'autorise à aimer est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre.
Meredith, Grey's Anatomy - 5x18
Avatar du membre
Scholl
Messages : 1622
Enregistré le : ven. 28 oct. 2011 16:31
Sexe : Femme
Localisation : Normandie

Re: Penser au suicide

Message par Scholl »

Je sais pas si j'ai "le droit" mais ça m'arrive régulièrement. Après c'est peut être un signe que justement il n'y a pas "rien".
Elle était la preuve vivante que l'espoir existe tant qu'on ne renonce pas. 2046

Certaines personnes acceptent l'amour qu'elles croient mériter, c'est tout. Le Monde de Charlie
Avatar du membre
Mélancolie
fondatrice du forum
Messages : 7452
Enregistré le : mer. 6 avr. 2011 16:14
Localisation : Breizh

Re: Penser au suicide

Message par Mélancolie »

Pourtant je ne ressens rien. Pas de tristesse, pas de colère, pas de souffrance, pas de bonheur, pas d'envies, pas de motivation... Je n'arrive même pas à pleurer ! Et l'unique fois où je l'ai fait c'était accompagné d'une crise d'angoisse.
Alors oui, pour moi il n'y a rien.

Et pourtant, aujourd'hui je n'ai pas cesser de penser au suicide. Toute l'après midi. Toute la soirée. Pas pour abréger mes souffrances, non, puisque je n'en ai pas. Mais pour arrêter ce rien. Parce que ce qui tournait dans ma tête c'était que si la vie n'est rien, alors la mort ne le sera pas davantage. Je ne perdrais rien au change. Car pourquoi continuer ? La vie me semble tellement fade, sans interêt, sans raison de me lever le matin. Je vais sporadiquement en cours parce que ça me donne un objectif à court terme. Et ça, je peux le faire. Mais faire semblant de paraître aux yeux des autres alors que l'on n'est pas, c'est épuisant.
Voilà ce que je peux ressentir : de l'épuisement. Dans le même genre y'a les besoins physiologiques aussi : dormir, manger, pisser... Mais c'est pas une vie ça ? Hein ? Végéter dans une vie qui ne m'appartient même pas, c'est pas une vie... C'est rien, c'est bien ce que je dis...
Image

Chaque personne qu'on s'autorise à aimer est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre.
Meredith, Grey's Anatomy - 5x18
Avatar du membre
Amande
Messages : 2375
Enregistré le : mar. 4 oct. 2011 19:48
Sexe : Femme
Localisation : Entre deux mondes
Contact :

Re: Penser au suicide

Message par Amande »

Justement, il n'y a pas rien. Il y a ce sentiment de vide. Et pour l'avoir vécu longtemps, oui ça peut pousser au suicide
J'étais une actrice muette, un corps. J'appartenais aux rêves, à ceux que l'on ne peut briser.
Avatar du membre
Meth en psychose
fondateur du forum
Messages : 3941
Enregistré le : mer. 6 avr. 2011 15:55
Contact :

Re: Penser au suicide

Message par Meth en psychose »

Pourquoi tu parles d'objectif à court terme ? Et le long ?

note: ne pas ressentir, ressentir du vide, ce n'est pas ressentir rien. Et c'est difficile à vivre.
Aimer, ce n'est pas dire "Je te fais confiance, je sais que tu ne me feras jamais mal" mais "Je préfère avoir mal de ta part que de celle d'un(e) autre"

Demain est un cercueil, hier un vomissement d'entrailles.
Aujourd'hui, c'est soi.
Avatar du membre
Mélancolie
fondatrice du forum
Messages : 7452
Enregistré le : mer. 6 avr. 2011 16:14
Localisation : Breizh

Re: Penser au suicide

Message par Mélancolie »

Meth en psychose a écrit :Pourquoi tu parles d'objectif à court terme ? Et le long ?
Le long ? Je sais pas. Je le vois pas. Ou alors je le vois mais il ne me parle pas. J'en sais rien. Un objectif à long terme ça pourrait être d'avoir mon semestre ou mon année. Mais quand je pense à ça je ne ressens pas de motivation, ni d'ambition ou d'envie de tout faire pour le concrétiser... Je n'ai pas d'affect avec cet avenir que j'imagine (imaginais ?).
Alors les court terme, c'est dans l'immédiat, ça demande pas d'avoir des émotions et sensations, juste de le faire. Il faut ? Je fais. Pas que je m'en sens capable, pas que je m'en sens pas capable, juste que je me pose pas de question, je le fais.

Quand je vais en cours (mon unique source de contacts sociaux en ce moment) je crois que j'endosse un rôle. J'ai mis un peu de temps avant de définir ça mais je pense pouvoir utiliser la notion de "mettre le masque" pour expliquer. Quand je rencontre des gens, je joue au jeu de la nana qui discute, plaisante et rigole. C'est factice, mais je dois être une bonne comédienne (ou alors tous les gens sont vraiment cons) parce que ça marche sacrément bien. On y vois que du feu. Et parfois, moi-même j'y crois. Je me dis "tu vois, tu peux mobiliser ton énergie pour faire semblant, c'est que tu vas pas si mal que ça !". Mais quand je reprends le métro, seule, et que je marche pour rentrer chez moi, ça redescend en une dizaine de minutes, et dieu que je suis soulagée de rentrer chez moi. Même après seulement 4 heures de contact sociaux. Je me dit "ouf, je n'ai plus à sourire ni à faire semblant". Je rentre dans mon cocon où mon chat m'attends et j'y reste. C'est pratique un chat, ça demande pas si tu vas bien, ça te réclame à bouffer et des caresses mais t'as rien à camoufler face à lui. C'est reposant.
Aurore a écrit :Justement, il n'y a pas rien. Il y a ce sentiment de vide. Et pour l'avoir vécu longtemps, oui ça peut pousser au suicide
Meth en psychose a écrit :note: ne pas ressentir, ressentir du vide, ce n'est pas ressentir rien. Et c'est difficile à vivre.
J'en sais rien...
Je me sens minable de me plaindre pour ce vide quand d'autres sont juste épuisés de souffrir. Moi je ne ressens rien... c'est mieux que de ressentir de la souffrance, non ? Enfin, c'est ce que je me dis.
Alors je me trouve nulle. Et je ne sais pas si c'est difficile à vivre. Je me traite de petite nature et de conne parce que je souffre : je me plains, je ne souffre pas : je me plains. Mais qu'est ce qu'il me faut, merde ?
Image

Chaque personne qu'on s'autorise à aimer est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre.
Meredith, Grey's Anatomy - 5x18
Avatar du membre
DizzyDance
Messages : 2556
Enregistré le : sam. 9 avr. 2011 23:40

Re: Penser au suicide

Message par DizzyDance »

Dans un livre que j'ai lu il y a longtemps et qui m'avait impressionné, il y avait ces mots "Tu souffres de ne pas pouvoir souffrir". C'est le désespoir blanc. C'était dans "Un homme qui dort", de Perec. À lire, même si c'est du Perec avec l'érudition et les triples sens qui vont avec, parce que malgré tout, il parle avec des mots qui touchent. Et je ne sais si c'est autant un roman que ça. Perec a pris la peine d'effacer toute trace...
Le combat, c'est aussi ça, poser des gestes au quotidien pour non seulement reculer l'échéance, mais, à travers ce genre de petites victoires, vivre.
Avatar du membre
Meth en psychose
fondateur du forum
Messages : 3941
Enregistré le : mer. 6 avr. 2011 15:55
Contact :

Re: Penser au suicide

Message par Meth en psychose »

Faut pas te sentir minable. Ne rien ressentir, ce que Dizzy appelle le désespoir blanc, c'est loin d'être rien. Et c'est insupportable. Donc première chose à faire, déculpabilise. Vraiment.
Aimer, ce n'est pas dire "Je te fais confiance, je sais que tu ne me feras jamais mal" mais "Je préfère avoir mal de ta part que de celle d'un(e) autre"

Demain est un cercueil, hier un vomissement d'entrailles.
Aujourd'hui, c'est soi.
Avatar du membre
Mélancolie
fondatrice du forum
Messages : 7452
Enregistré le : mer. 6 avr. 2011 16:14
Localisation : Breizh

Re: Penser au suicide

Message par Mélancolie »

Devais voir ma psy le 14 mais je l'ai appelé en début de semaine pour pouvoir avancer le RDV si possible. Attentive, ma psy m'a trouvé un créneau pour aujourd'hui, 13h30.

Je lui ai tout déballé, j'ai dit tellement de truc que je serais incapable de tout me rappeler. Mais en gros, j'ai employé les mêmes formulations que dans mes posts. Elle m'a écouté et posé plein de questions. J'ai essayé d'y répondre le mieux possible mais j'ai l'impression que mes propos sont un peu partis dans tous les sens.
Bref, elle m'a dit qu'il n'étais pas question d'AD ici, mais d'un autre qui pourrait réduire cette apathie. Lorsqu'elle m'a dit "Abilify", j'ai eu un mouvement de recul. Je lui ai dit que j'avais eu une mauvaise expérience en général avec les antipsychotiques (Zyprexa, Tercian et... Abilify). Elle m'a alors demandé comment je me sentais à l'époque où je prenais ce médoc. Et là... impossible de lui sortir un propos cohérent ou certain. C'était du "je ne sais pas, je ne sais pas", en boucle. Je voulais tellement lui apporter une réponse, le moins que je puisse faire, mais impossible. Les dates n'étaient pas claires, et moi comment je me sentais, ben je savais pas, ça date au moins de 2008. La seule chose que je lui ai répondu c'est que des amis m'avait dit que quand je prenais ce médoc j'étais "une moule" texto, une "coquille vide". Et ça je me fonde sur le séjour de Février 2009 en Suisse où Caramel et Dizzy m'avait connue IRL. Mais même ça je n'en suis pas certaine !

Alors j'ai marqué sur mon petit carnet durant la séance : chercher liens entre Abilify et état intérieur et comportements potentiels.
Premier truc déjà, retrouver les dates. Alors quand je suis rentrée j'ai sortit mon dossier psy où se trouvent toutes mes ordonnances, compte rendu d'hospit' etc... Et j'ai retrouver des trucs : j'ai commencé l'Abilify en remplacement du Zyprexa en Février 2008. J'ai pris ce médoc jusqu'à mi 2009 au moins... Après il me semble que je l'ai arrêter.
Si je ne me trompe pas, c'était dans ma période grosse dinde. Donc... un lien ?

Besoin de vous sur ce coup là, je pense pas que j'y arriverais seule...

J'ai repris un RDV pour le 21, la veille de mon départ en Suisse. J'ai dit à ma psy que j'essaierais de retrouver des éléments pour pouvoir mettre en place quelque chose. Parce que pour le moment, c'est pas la peine d'envisager un traitement par antipsychotique. Comme je lui ai expliqué, je pourrais lui dire oui dans le cabinet, prendre le premier comprimé le jour même, mais le lendemain je me dirais "mais non, n'importe quoi Mel, tu veux pas de ce traitement, tu l'arrête".
Et tant que je ne sais pas ce qui s'est passé, ce qui est envisageable dans l'état actuel des choses, pas la peine de repartir avec une ordonnance si je ne suis pas certaine de ma décision de reprendre un traitement.

Je vide un peu toutes les choses dans le désordre là, c'est même sans doute pas clair du tout. Bon, si besoin demandez et je reformulerais.

Pardon de vous prendre votre temps... Mais surtout, merci de vos réponses, elles me rassurent vous savez ? Déculpabiliser. Oui. J'essaie. Depuis des années je crois...
Image

Chaque personne qu'on s'autorise à aimer est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre.
Meredith, Grey's Anatomy - 5x18
Avatar du membre
DizzyDance
Messages : 2556
Enregistré le : sam. 9 avr. 2011 23:40

Re: Penser au suicide

Message par DizzyDance »

Il y a peut-être un lien entre tes envies d'auto-agressivité, d'hétéro-agressivité, des comportements limites et tes dépressions.

Ça s'appelle traumatisme. Mais un vrai, suite à un évènement marquant genre agression. Le cerveau produit pour bloquer toute sensation (d'où une sensation de flottement du corps, comme si on est absent) des équivalents de la morphine et de la mdma, mais en beaucoup plus fort. Ce rush n'est pas sans conséquence. Et les personnes victimes de ce genre de choses ont tendance tout à tour soit de fuir des moments pouvant ressembler peu ou prou aux circonstances de l'agression, soit au contraire de les rechercher.

Des comportements induits par le discours de l'agresseur sont mis en place et réappropriés par l'agressé, du genre "je suis nul" ou autres foutaises. C'est de la culpabilisation complètement dégueulasse, mais qui reste.

Si on ajoute à ceci que la structure de l'ADN change en cas de stress (découverte scientifique vieille d'un an), tu vois le putain de cocktail.

Que tu te trimballes peut-être. Je ne sais pas ce que tu as vécu...

L'émission qui m'a ouvert les yeux (et les oreilles) est à entendre ici: http://www.rts.ch/audio/la-1ere/program ... -2013.html
Le combat, c'est aussi ça, poser des gestes au quotidien pour non seulement reculer l'échéance, mais, à travers ce genre de petites victoires, vivre.
Répondre