Je n'arrive à rien

[Amande]

Je ne peux pas franchement concevoir de retourner bosser lundi prochain. Je ne sais pas si je vais le faire où me foutre en arrêt, on verra bien une fois qu'on sera là. Je suis morte de trouille pour les autres, aussi. Parce que une c'est dja bien assez dur, et que je ne peux pas concevoir qu'il puisse y en avoir d'autres derrière, et pourtant c'est ce dont j'ai peur par dessus tout.

Pareil. Heureusement, nouveau boulot, avec des jeunes, qui débordent de vie.

Et cette peur aussi, qui me noue les trippes du prochain. J'en veux pas de prochain. J'avais pas de nouvelles de X depuis un moment. Bah j'ai eu la trouille. Quelqu'un me dit que ça va pas, j'ai la trouille.

On a pas eu de décès sur le forum pendant les 6 ans de ma présence. Ça restait une possibilité. Une éventualité. On se demandait comment on l'annoncerait au cas où. Mais j'étais loin de penser que ça ferait ça... Même si je la connaissais pas bien IRL, l'ayant vu que quelques jours. Mais je suivais beaucoup ses posts même si je n'y trouvais pas grand chose à répondre. Et mine de rien, j'avais l'impression de vachement la connaitre.

Les garçons ont dit de se rattacher aux trucs concrets, du corps. Ça datait déjà d'avant mais c'est encore pire maintenant me concernant. Aller me laver est une corvée. Le seul truc quotidien que je fais assidument c'est prendre mes AD le matin espérant un miracle et prendre mes pilules le soir espérant avoir une nuit sans réveils et sans cauchemars.

A défaut de tout ça, aller bosser est pour le moment le seul truc que j'ai trouvé pour me maintenir à peu près à flot...

[Mélancolie]

En partant pour le congrès (près de Grenoble, tiens) , je me sentais mal, je voulais pas, mais me suis forcée car j'avais des engagements et responsabilités.. En entendant rire les autres dès le trajet en voiture, j'avais envie de m'enfuir de là, de cette ambiance, cela me paraissait tellement suréaliste. Je n'arrivais pas à participer, à laisser de côté ma douleur pour profiter de week end. Cindy me hantais. Et la laisser de côté, même le temps d'un week end me semblait intolérable.
Et puis...et puis j'ai pris sur moi, pour ne pas gâcher le week end des autres. Alors j'ai commencé par me forcer à sourire. Puis après c'est aller tout seul. Non sans heurt, clairement (j'ai trop bu puis badder en plein congrès, c'est pas top). Mais c'était toujours mieux d'être là bas que chez moi à badder seule, boire et me faire des cocktails de médocs. Clairement.

Après, direction Paris pour prendre le lendemain matin un train à direction d'Amsterdam.

Le soir même (dimanche donc) Lapin Blanc, Anyway et moi (+ C, S et Thanathos) nous sommes réunnis sur le pont des amoureux.
Là, nous avons chacun jeté une rose dans la seine. A son rythme, en silence ou en disant quelques mots. J'avais amené de la vodka (Cindy aimait bien ça) alors on a bu un verre chacun. Et enfin, une clope, pour terminer. Cindy aussi aimait cloper.

Ce sont des petits gestes, ce n'est presque rien du tout, mais à moi, je ne sais pas aux autres... ça m'a fait du bien. Comme un grand soulagement. J'ai pleurer bien sur. Mais cette fois là j'ai senti que c'était différent. Je me disait que je pourrais continuer à vivre, reprendre le cours de mon existence. Non pas en oubliant Cindy, ça non, mais juste avec plus de sérénité.
Je crois que j'avais besoin de ça, faire notre petit hommage à nous. Pour pouvoir s'en affranchir.

J'ignore si c'est débile, inutile, mais moi, je me suis sentie mieux. Ce qui n'empêche toujours pas la douleur, l'angoisse... mais un changement à eu lieu. Positif je dirais. Même si me sortir de cet état/ce deuil, me prendra du temps, je le sais.

Cindy, tu es partie. A présent je l'accepte. Pas la manière encore, celle ci me hantera tout le long de ma vie peut-être. Je ne peux plus écouter des crissement de frein sans penser à toi. Je ne peux plus prendre le TER sans me sentir mal... mais si c'est le prix à payer pour que tu sois à présent sans souffrance... alors j'accepte.

J'accepterais.

[DizzyDance]

Si c'est débile et que ça marche, alors ce n'est pas débile. Tourner la page. N'importe comment, mais la tourner.
Et je ne pense pas du tout que ce soit débile.