Textes, Essais, Reflexions..

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Meth en psychose
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Re: Textes, Essais, Reflexions..

Message par Meth en psychose »

euh...
qui te l'a fait découvrir ? :mred:
Aimer, ce n'est pas dire "Je te fais confiance, je sais que tu ne me feras jamais mal" mais "Je préfère avoir mal de ta part que de celle d'un(e) autre"

Demain est un cercueil, hier un vomissement d'entrailles.
Aujourd'hui, c'est soi.
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Anyway
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Re: Textes, Essais, Reflexions..

Message par Anyway »

Je répondais plutôt à ça.
Captain a écrit :Oh putain, merci, ça fait tellement longtemps que j'attendais de lire ça.
Oh puis zut. F U! :)
(et merci, aussi, de me l'avoir fait redécouvrir. fuu)
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VomiCornFlakes
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Re: Textes, Essais, Reflexions..

Message par VomiCornFlakes »

http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9man ... %C3%A9rale

Tiens, ça semble intéressant cette conception du tout....
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DizzyDance
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Re: Textes, Essais, Reflexions..

Message par DizzyDance »

Tombé complètement par hasard sur un météore surréaliste: Francis Picabia.

Le poème suivant m'a déconcerté et me parle tour à tour...

Plafonds creux

Pourquoi comme un vieillard monstre
Dans ce cimetière de loques
Avec ton Turban de cercueils
Stérile culture des herbes grossières
Incompréhensible gymnasiarque
Remous domestiques
Lampion
Ne vois tu pas ennemi de la lumière
Que je suis la vertu génie.
Le combat, c'est aussi ça, poser des gestes au quotidien pour non seulement reculer l'échéance, mais, à travers ce genre de petites victoires, vivre.
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VomiCornFlakes
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Re: Textes, Essais, Reflexions..

Message par VomiCornFlakes »

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VomiCornFlakes
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Re: Textes, Essais, Reflexions..

Message par VomiCornFlakes »

Anselm Jappe sur l'argent
http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html
L'argent est il devenu obsolète ?
Médias et instances officielles nous y préparent : dans les prochains mois, voire semaines, une nouvelle crise financière mondiale va se déclencher, et elle sera pire qu'en 2008. On parle ouvertement des catastrophes et désastres. Mais qu'est-ce qui va arriver après ? Quelles seront nos vies après un écroulement des banques et des finances publiques à vaste échelle ? Actuellement, toutes les finances européennes et nord-américaines risquent de sombrer ensemble, sans sauveur possible.

Mais à quel moment le krach boursier ne sera-t-il plus une nouvelle apprise dans les médias, mais un événement dont on s'apercevra en sortant dans la rue ? Réponse : quand l'argent perdra sa fonction habituelle. Soit en se faisant rare (déflation), soit en circulant en quantités énormes, mais dévalorisées (inflation). Dans les deux cas, la circulation des marchandises et des services ralentira jusqu'à pouvoir s'arrêter complètement : leurs possesseurs ne trouveront pas qui pourra les payer en argent "valable" qui leur permet à leur tour d'acheter d'autres marchandises et services. Ils vont donc les garder pour eux.

On aura des magasins pleins, mais sans clients, des usines en état de fonctionner parfaitement, mais sans personne qui y travaille, des écoles où les professeurs ne se rendent plus, parce qu'ils seront restés depuis des mois sans salaire. On se rendra alors compte d'une vérité qui est tellement évidente qu'on ne la voyait plus : il n'existe aucune crise dans la production elle-même. La productivité en tous les secteurs augmente continuellement. Les surfaces cultivables pourraient nourrir toute la population du globe, et les ateliers et usines produisent même beaucoup plus que ce qui est nécessaire, souhaitable et soutenable. Les misères du monde ne sont pas dues, comme au Moyen Age, à des catastrophes naturelles, mais à une espèce d'ensorcellement qui sépare les hommes de leurs produits.

Ce qui ne fonctionne plus, c'est l'"interface" qui se pose entre les hommes et ce qu'ils produisent : l'argent. La crise nous confronte avec le paradoxe fondateur de la société capitaliste : la production des biens et services n'y est pas un but, mais seulement un moyen. Le seul but est la multiplication de l'argent, c'est d'investir un euro pour en tirer deux.

Cependant, les contempteurs du capitalisme financier nous assurent que la finance, le crédit et les Bourses ne sont que des excroissances sur un corps économique sain. Une fois la bulle crevée, il y aura des turbulences et des faillites, mais finalement ce ne sera qu'une tempête salutaire et on recommencera ensuite avec une économie réelle plus solide. Vraiment ? Aujourd'hui, nous obtenons presque tout contre payement. Si le supermarché, la compagnie d'électricité, la pompe à essence et l'hôpital n'acceptent alors que de l'argent comptant, et s'il n'y en a plus beaucoup, nous arrivons vite à la détresse. Si nous sommes assez nombreux, nous pouvons encore prendre d'assaut le supermarché, ou nous brancher directement sur le réseau électrique.

Mais quand le supermarché ne sera plus approvisionné, et la centrale électrique s'arrêtera faute de pouvoir payer ses travailleurs et ses fournisseurs, que faire ? On pourrait organiser des trocs, des formes de solidarité nouvelles, des échanges directs : ce sera même une belle occasion pour renouveler le lien social. Mais qui peut croire qu'on y parviendra en très peu de temps et à une large échelle, au milieu du chaos et des pillages ? On ira à la campagne, disent certains, pour s'approprier directement des ressources premières. Dommage que la Communauté européenne ait payé pendant des décennies les paysans pour couper leurs arbres, arracher leurs vignes et abattre leur bétail... Après l'écroulement des pays de l'Est, des millions de personnes ont survécu grâce à des parents qui vivent à la campagne et aux petits potagers. Qui pourra en dire autant en France ou en Allemagne ?

Il n'est pas sûr qu'on arrivera à ces extrêmes. Mais même un écroulement partiel du système financier nous confrontera avec les conséquences du fait que nous nous sommes consignés, mains et poings liés, à l'argent, en lui confiant la tâche exclusive d'assurer le fonctionnement de la société. L'argent a existé depuis l'aube de l'histoire, nous assure-t-on : mais dans les sociétés précapitalistes, il ne jouait qu'un rôle marginal. Ce n'est que dans les dernières décennies que nous sommes arrivés au point que presque chaque manifestation de la vie passe par l'argent et que l'argent se soit infiltré dans les moindres recoins de l'existence individuelle et collective.

Mais l'argent n'est réel que lorsqu'il est le représentant d'un travail vraiment exécuté et de la valeur que ce travail a créée. Le reste de l'argent n'est qu'une fiction qui se base sur la seule confiance mutuelle des acteurs, confiance qui peut s'évaporer. Nous assistons à un phénomène pas prévu par la science économique : non à la crise d'une monnaie, et de l'économie qu'elle représente, à l'avantage d'une autre, plus forte. L'euro, le dollar et le yen sont tous en crise, et les rares pays encore notés AAA par les agences de notation ne pourront pas, à eux seuls, sauver l'économie mondiale. Aucune des recettes économiques proposées ne marche, nulle part. Le marché fonctionne aussi peu que l'Etat, l'austérité aussi peu que la relance, le keynésianisme aussi peu que le monétarisme.

Nous assistons donc à une dévalorisation de l'argent en tant que tel, à la perte de son rôle, à son obsolescence. Mais non par une décision consciente d'une humanité finalement lasse de ce que déjà Sophocle appelait "la plus funeste des inventions des hommes", mais en tant que processus non maîtrisé, chaotique et extrêmement dangereux. C'est comme si l'on enlevait la chaise roulante à quelqu'un après lui avoir ôté longtemps l'usage naturel de ses jambes. L'argent est notre fétiche : un dieu que nous avons créé nous-mêmes, mais duquel nous croyons dépendre et auquel nous sommes prêts à tout sacrifier pour apaiser ses colères...

Personne ne peut dire honnêtement qu'il sait comment organiser la vie des dizaines de millions de personnes quand l'argent aura perdu sa fonction. Il serait bien d'admettre au moins le problème. Il faut peut-être se préparer à l'après-argent comme à l'après-pétrole.
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VomiCornFlakes
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Re: Textes, Essais, Reflexions..

Message par VomiCornFlakes »

Encore moi
On est à l'intérieur
puis à l'extérieur ce qu'on a été à l'intérieur
On se sent vide
parce qu'il n'y a rien à l'intérieur de soi
On essaie de faire entrer à l'intérieur de soi
cet intérieur de l'extérieur
qu'on a été un jour à l'intérieur
une fois qu'on essaie de faire entrer à l'intérieur
ce qu'on est à l'extérieur:
manger et être mangé
pour que l'extérieur devienne l'intérieur
et pour être à l'intérieur de l'extérieur

Mais cela ne suffit pas. On essaie d'atteindre
l'intérieur de ce qu'on est à l'extérieur de l'intérieur
et de rendre intérieur l'extérieur.
Mais on ne rend pas intérieur
l'extérieur en rendant l'extérieur intérieur
car:
bien que l'on soit plein, à l'intérieur, de l'intérieur de l'extérieur
on est à l'extérieur de son propre intérieur
et en rendant intérieur l'extérieur
on reste vide parce que
tandis qu'on est à l'intérieur
même l'intérieur de l'extérieur est extérieur
et à l'intérieur de soi il n'y a toujours rien.
Il n'y a jamais eu
et il n'y aura jamais rien d'autre.

Ronald D. Laing .
Noeuds.
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Mélancolie
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Re: Textes, Essais, Reflexions..

Message par Mélancolie »

Je ne sais pas si ça a sa place ici, mais bon, je poste tout de même parce que... OMG, j'ai frissonné à la lecture.


Habilement perchée sur des talons de 10 centimètres
Je me déshabille encouragée par le regard de mon maître
De ses mains douces et fermes il s'empare de mon corps
M'allongeant telle une proie condamnée sans aucun remords

Commence alors une danse sensuelle et bestiale
Ou mon amant n'aura de cesse de me flairer tel un animal
Il s'empare avec ferveur de mes cuisses à la peau lisse
Et y enfouit avidement sa tête emplie de vices

Avec sa chaude langue il ouvre ma corolle déjà humide
Et écarte violemment les portes de mon paradis
Il entame alors son travail par des caresses rapides
S'emparant de mon bouton gorgé d'un désir infini

Sa course rapide et effrénée pour arriver au cri sacré
Fait monter en moi d'innombrables frissons et soupirs étouffés
N'accordant aucune trêve à ce merveilleux supplice jusqu'à ce que je jouisse
Et qu'enfin mon laiteux poison s'écoule lentement entre mes cuisses


Source : http://baal51.skyrock.com/2993474095-su ... tique.html
Image

Chaque personne qu'on s'autorise à aimer est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre.
Meredith, Grey's Anatomy - 5x18
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VomiCornFlakes
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Re: Textes, Essais, Reflexions..

Message par VomiCornFlakes »

Texte très fort... Je suis tombé dessus attiré par le titre qui m'a forcément touché, sur un forum politique dont j'ai l'habitude de voir des bons trucs de postés.
samedi 18 août 2012


Brûle



Le 13 août 2012, un homme de 51 ans est mort des suites de ses blessures, après s'être immolé par le feu à la Caisse d'Allocations Familiales de Mantes-la-Jolie cinq jours plus tôt. Les journaux disaient que ses jours n'étaient pas en danger, ça ne fait qu'une erreur d'appréciation de plus.
Il ne touchait plus son RSA depuis quatre mois. On insiste beaucoup sur le fait que c'était une suspension et pas une fin de droit, comme si le résultat était différent, comme si ça ne voulait pas dire que tu devais te démerder sans les 400€ et quelques qui te permettaient de ne pas couler totalement. Suspendu parce qu'il manquait des papiers. À l'heure où les caisses sont vides, faut savoir que t'as intérêt à tous les avoir, les papiers, les photocopies, le dossier standardisé complété tant bien que mal, les attestations sur l'honneur que, les justificatifs de, pour gratter les gravillons de solidarité qu'on consent encore à te jeter à la gueule, à toi l'assisté qu'est bien moins à plaindre que ceux qui vont au turbin...
Il suffit de voir comme tu es profondément suspect, toi, le monsieur de 51 ans, du fond de ton lit d'hôpital, quand tu n'es pas encore mort, et que des abrutis anonymes planqués derrière leur clavier débitent des phrases-étrons à la chaîne, pour dire que si tu t'es vidé une bouteille de White Spirit sur la gueule avant d'y foutre le feu, c'était sûrement pour gagner un arrêt-maladie.
Il faut se farcir les connards cyniques à second degré et leurs tentatives d'humour à deux balles, qui se targuent de savoir rire de tout, la politesse du désespoir, hein, je sais pas, mon second degré s'est dissout, comme ma syntaxe, je perds facilement le fil et mes mots face à la connerie.
Il suffit d'écouter les plus modérés, les relativistes qui bredouillent que tu avais sans doute des problèmes psychologiques, des problèmes personnels. C'est une affaire personnelle d'être foutu à la poubelle parce que trop vieux pour bosser, trop pauvre pour consommer, trop invisible pour exister autrement qu'en tant que numéro de dossier, un ticket à la main dans une file d'attente.
Il n'y a qu'à entendre et lire, à quel point tu ne vaux rien quand tu ne travailles pas et si peu quand tu bosses.

Avec Dahlia Trémulant, on a cherché, via internet, combien ils étaient, ces cramés volontaires aux motifs si personnels, il ne faut pas remonter très loin pour les trouver, rarement en Une, plutôt dans les coins, enterrés dans les éditions locales de la presse quotidienne, évoqués dans un tract syndical. L'information passe vite, même avec cette revue de presse qu'on se compose de jours en jours à coups d'onglets ouverts sur le côtés, on rate des trucs...
Je suis sûre qu'on n'a pas tout trouvé, et pourtant je ne peux pas tous les citer, parce que pour nombre de cas il y a trop peu de détails, déjà, comme pour cette femme de 33 ans qui s'embrase dans la rue d'un quartier résidentiel à Argenteuil, le 23 juillet 2012, en hurlant qu'elle ne mérite pas de vivre. On sait que des riverains lui portent secours, qu'elle est brûlée au 3e degré, hospitalisée dans un état grave, rien de plus, j'ai pas trouvé, je ne sais même pas si elle est vivante.
J'ai également exclu de cette liste les suicides isolés sans plus d'information, ces messieurs et ces dames âgés et parfois solitaires qui décident de brûler avec leur pavillon ou au détour d'un chemin forestier, j'ai exclu les ex-internés psychiatriques, même si là-dessus il y aurait beaucoup à dire, j'ai exclu les adolescents dépressifs et mal intégrés qui passent à l'acte dans la cour de leur lycée, j'ai exclu les victimes de déception sentimentale, il y en avait quelques uns, j'ai fait dans l'arbitraire, j'ai dû être arbitraire, il y en avait trop.
Je n'ai pas exclu les tentatives « ratées », où grâce à l'intervention d'un tiers, la personne n'a pas eu le temps d'aller jusqu'au bout, parce que je considère que se déverser un bidon d'essence sur le corps, c'est déjà un passage à l'acte suffisamment parlant.
J'ai listé des cas où ce gigantesque paravent de « motifs personnels » me paraissait abusif, cette formule bien pratique pour ne pas mettre en cause le travail qui flingue les uns pendant que les restrictions de la protection sociale achèvent les autres.
J'ai inclus un cas qui date de 2007 au vu de son contexte, sinon je ne suis pas allée au-delà de 2011. C'est un inventaire subjectif, en somme.

Le 19 juillet 2012, un agent de maîtrise du Grand Lyon s'immole par le feu devant son lieu de travail à Vénissieux. Là, on a quelques détails. L'homme de 47 ans, syndiqué, faisait l'objet d'une procédure disciplinaire pour avoir critiqué la réorganisation du service, ce qui avait profondément déplu à sa hiérarchie. Je m'en tiens à la version syndicale, justement, parce que je n'ai pas trouvé le point de vue de la direction. J'ai peut-être mal cherché, remarquez, mais la vanité mortifère des petits chefs incapables de se remettre en question, c'est pas suffisamment exceptionnel pour me surprendre.
Brûlé à 80 %.

Le 11 juillet 2012, un homme de 40 ans s'asperge d'essence à la Trésorerie de Valence, mais est heureusement maîtrisé avant de passer à l'acte. Criblé de dettes dues à des amendes impayées et à un trop perçu du RSA, il venait de retrouver du travail et se faisait prélever 400€ par mois par le Trésor Public, un montant trop élevé au vu de sa situation précaire.
Le mec sortait de dépression. La police a eu la délicatesse de le coller en GAV pour lui apprendre à protester contre la rigueur administrative. Je vous passe les commentaires des articles sur ce mauvais pauvre qu'avait qu'à pas avoir d'amendes impayées, et qui simulait sûrement puisqu'il n'est pas allé jusqu'au bout.

Le 6 avril 2012, un homme de 62 ans s'immole sur le parking du foyer social de Saint Priest où il résidait. Brûlé à 60 %. Je pense que l'état de ce foyer social peut être mis en cause car on retrouve un cas similaire le 2 février 2012. Un SDF qui dormait dans sa voiture depuis quelques jours pour ne plus aller au foyer, justement. Il avait fait une demande de logement 2 mois plus tôt. Il s'est aspergé de liquide inflammable et en a ingurgité une partie devant la mairie. Il est revenu s'excuser le lendemain auprès du personnel, après être sorti de l'hôpital, il était saoul...

Le 26 mars 2012, un homme de 40 ans demande à rencontrer un responsable de l'agence Pôle Emploi de Dieppe. Refus. Il s'asperge de liquide inflammable mais n'a pas le temps d'utiliser son briquet. Il avait était radié de la liste des demandeurs d'emploi pour ne pas avoir répondu à une convocation téléphonique, un motif abusif et hors de tout cadre légal.
L'efficacité de Pôle Emploi pour dégonfler à coups de radiations abusives les chiffres réels du chômage n'est plus à démontrer, ça fait des années que les associations de chômeurs dénoncent en vain les méthodes employées.

Le 15 février 2012, une femme de 38 ans s'immole dans le hall de la Mairie de Saint Denis. Elle vivait seule avec ses 6 enfants depuis la mort de son compagnon, et était hébergée par le 115. Elle craignait de se retrouver à la rue à la fin de la trêve hivernale. Elle meurt le lendemain des suites de ses blessures.
Et encore une fois les dégueulis de commentaires que je ne peux pas m'empêcher de lire, six enfants alors qu'elle était pauvre, cette irresponsable, et qui va les prendre en charge maintenant, c'est nous avec nos impôts, la logique absurde et répugnante des connards anonymes.
À la mairie de Saint Denis, il y avait deux précédents. Le 11 mars 2011, un homme de 45 ans qui venait de se retrouver à la rue s'était immolé en apprenant que sa demande de placement en foyer avait été rejetée, malgré l'appui de la mairie. Il avait annoncé son passage à l'acte à plusieurs reprises. Il s'en était tiré avec des brûlures légères grâce à la réactivité du personnel qui avait pu intervenir à temps. L'autre avait eu lieu en 2007, un homme à qui on avait refusé un logement s'était arrosé d'essence dans le secrétariat de Mairie, mais avait été plaqué au sol avant d'aller jusqu'au bout.
J'apprends au passage qu'il y a 45 % de logements sociaux à Saint Denis. À bien mettre en parallèle des 4 % de Neuilly-sur-Seine qui se paye le luxe d'être hors la loi.

Le 10 février 2012, un travailleur handicapé de 56 ans s'immole dans la salle du personnel du Carrefour-Market de Chambourcy. Syndiqué, il était victime de harcèlement de la part de la direction pour avoir réclamé qu'on répare la porte de la réserve non-chauffée où il travaillait. Brûlé au 2e degré.

Le 26 octobre 2011, une femme de 68 ans victime de problèmes de logement veut se rendre à l'Elysée pour être entendue par le Conseil des Ministres. Interceptée par les agents en faction, elle s'asperge d'alcool à brûler avant d'y mettre le feu. Une policière intervient, la vieille dame s'en sort avec des brûlures légères.

Le 16 octobre 2011, une femme de 77 ans s'immole dans un bosquet à proximité de son domicile à Talence. Elle est retrouvée morte. Mère de trois enfants, dont deux garçons handicapés (l'un encore à sa charge), elle laisse une lettre exprimant son ras-le-bol, sa fatigue, sa lassitude de la vie. Elle avait récemment sollicité un emploi pour l'un de ses fils à la mairie, elle était suivie par les services sociaux du Conseil Général, elle avait déjà été hospitalisée suite à une tentative de suicide.
Face au désespoir de cette vieille dame, il y a encore des commentaires dégueulasses pour la traiter d'égoïste, rien que ça.

Le 13 octobre 2011, une enseignante de 44 ans s'immole dans la cour du lycée Jean Moulin de Béziers, et meurt le lendemain. Dépressive et suivie médicalement selon le Ministère de l'Education Nationale, son geste est à mettre sur le compte du décès récent de son neveu, et des rapports houleux avec ses élèves. Les syndicats démentent fermement, affirmant qu'elle ne prenait pas de traitement, citant d'autres suicides d'enseignants survenus durant la même période, dans un contexte de réformes hasardeuses. Ses derniers mots : « Je le fais pour vous ! ».

Le 9 août 2011, un homme d'une cinquantaine d'années demande en vain un rendez-vous avec le directeur de la CAF de Marseille. Endetté et craignant d'être expulsé de son appartement, ce père de famille au chômage avait reçu un gros virement de la Caisse d'allocations familiales par erreur, qui lui avait signalé qu'elle récupérerait l'argent le mois suivant. À force de dialogue, un membre de la BAC l'a empêché d'aller jusqu'au bout.

Le 26 avril 2011, un homme de 56 ans s'immole sur le parking du site Orange-France Telecom de Mérignac. Salarié depuis trente ans de l'entreprise qu'on ne présente plus, il avait subi la mobilité imposée et avait été contraint de vendre sa maison. Syndiqué, chargé des conditions de travail, de l'hygiène et de la sécurité depuis plusieurs années, il était victime de harcèlement moral et très affecté par les suppressions d'emploi. Il avait alerté à plusieurs reprises la direction qui n'a pas répondu à ses courriers.
Son décès a été très médiatisé car il est survenu après la vague de suicides due à l'ancien management d'Orange (la courbe du Deuil, ne pas oublier), et après le changement de directeur.

Le 16 mars 2011, un SDF de 65 ans s'immole dans la cave de la personne qui réceptionnait son courrier à Calais, il est retrouvé mort, c'est presque un suicide discret, aussi discret que la personne qui se pend dans son appartement, qui se flingue dans son sous-sol, qui finit sa boîte de médocs comme par inadvertance, qui jette sa bagnole dans un arbre, qui se jette lui-même sur les rails, ou du 5ème étage, parce que c'est plus possible d'aller bosser comme ça, d'aller nulle part comme ça... Là je m'écarte trop du sujet, je voulais juste parler des gens qui brûlent publiquement pour signifier qu'ils n'en peuvent plus, mais comment s'empêcher de penser à tous ceux cachés derrière, qui n'auront pas trois lignes dans le journal tant ils sont quotidiens. Et derrière les encore-vivants, boostés aux antidépresseurs ou à l'alcool pour pouvoir supporter le boulot ou une nuit de plus dehors.
J'ai même pas envie d'accuser le conseiller en état agentique qui n'en peut plus derrière son guichet, d'appliquer les lubies merdiques venues d'en haut, de gérer trop de dossiers pour faire autre chose que du chiffre, de lutter contre la fraude au lieu de faire du social pour de vrai. Je sais que la plupart d'entre eux se protègent comme ils peuvent, je sais bien que certains protestent quand même, malgré la peur de se retrouver aussi dans la file d'attente, s'ils l'ouvrent trop grand.

Des institutions pas-responsables-pas-coupables, des entreprises-on-aurait-jamais-cru-que.
Ne t'en fais pas, celui pour qui tu votes, ou pour qui tu travailles, il saura t'expliquer que tu dois être souple, pour ton bien.
Qu'il ne faut pas en faire une affaire personnelle.

Clirstrim
Source : http://le-salaire-de-la-peur.blogspot.f ... brule.html
invite

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Je viens de lire. Ouais, saisissant, c'est tout.
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