Nouvelles, et pensées
Posté : ven. 15 févr. 2013 21:23
Me suis souvent dit que j'aimerais bien poster mes trucs sur ce forum. Surtout que parfois je les écris en étant ici. Bon... Ce texte-là, ce n'est pas le cas. Mais peu importe.
Récent. Écrit... hier je crois. Ou avant-hier. Pas plus ancien en tout cas. One shot, comme presque toujours concernant mes nouvelles.
Être bien
« Le monde grandit, tu sais. »
« Je ne vois pas en quoi. Tout se meurt. Tout s'effondre. Je ne vois rien qui grandisse. »
Je la regarde. Elle est plus âgée que moi, et plus désillusionnée également. Elle a l'oeil clos. Des larmes qui ne coulent plus. Et moi je suis là. Avec mon faux sourire. Avec mes paroles stupides.
« Le monde change. C'est vrai. Mais tout ne meurt pas. Il devient différent. Ce n'était pas vain. »
« En quoi ? Même toi, tu ne veux pas d'enfants. »
« Tu te trompes. J'en aurais. Je le sais déjà. J'ai grandi dans un monde qui change tellement que j'en ai été détruit intérieurement. Né avec les valeurs du passés, dans un monde différent, on se sent comme un animal projeté dans la jungle d'une ville. Rien à manger. La puanteur du béton. La puanteur de l'humanité. Alors on finit par la haïr. Mais si on prend le temps... oui, si on prend le temps on s'adapte. On finit par sourire, et par aimer ce qu'il y a de neuf. La beauté des choses n'est pas immuable. »
Elle me regarde, comme si elle cherchait à comprendre. Ses yeux tristes se plissent. Mon regard reste planté dans le sien. Elle a un petit hoquet. Un sourire. Elle glisse :
« J'ai fait mon temps alors. »
« Peut-être. »
« De toute manière, il semblerait que je n'ai plus le choix. »
Sa respiration est plus lente. Sa poitrine se soulève encore et encore. Elle continue de me regarder. Toujours soucieuse.
« Mon petit, merci. Toi... Toi tu es venu. »
Elle regarde mes piercings. Elle regarde les tatouages sur mon cou, sur mes bras. Tout ça semble n'avoir plus aucune importance. Je crois qu'à l'instant où elle est entrée dans la clinique, plus rien n'avait d'importance que de voir des êtres humains, et il n'y avait d'humanité que chez ses proches. La morgue d'antan s'est envolée. J'ai bien fait de revenir. Je souris. Ouais... Ouais, moi je suis venu. Paraît que c'est trop dur pour les autres. La vérité fait mal. La vérité fait mal. La vérité fait mal. Ça rebondit dans mon esprit.
« Veux-tu prier avec moi ? »
« Oui. »
Je m'agenouille. Elle prie. En latin. Qui prie encore en Latin ? Je m'excuse de ne pouvoir prier qu'en français. Je ne connais déjà pas bien le français. Je marmonne plus que je ne prie. Et elle sourit. Elle parle. Sa voix s'arrête, petit à petit. Ses yeux se ferment. Sa poitrine ne se soulève plus. Un petit bip se lance. Puis se prolonge. Monocorde. J'ouvre les yeux. Je sépare mes mains. Dans mon dos, le regard courroucé de l'infirmière. « Hypocrite. » C'est ce qu'elle pense. Comme mon père. Comme ma mère.
Désolé grand-mère. J'aurais pas d'enfants. Et je crois pas en dieu. Et je crois pas non plus que ce monde grandisse. Je crois que t'as raison. Tout s'effondre. On arrive à l'apocalypse, et je sais même pas si j'ai pas envie de la provoquer. Ouais, je crois que j'aimerais bien la provoquer en fait. Foutre le feu à cette immensité à laquelle personne ne fait plus attention. Faut que je fasse ça.
Je passe dehors. Je lève les yeux au ciel. Je parle pas à Dieu. Je parle à l'immensité, au vide, au rien, à l'impossible et à l'ensemble des possibles.
« Au moins, j'étais là. Au moins, elle a eu une mort sereine. C'est pas ce qui compte ? L'après, on sait pas. L'avant, on sait. Alors je t'emmerde connard. Au moins, elle se sentait bien à la fin. »
Je sors une clope, je l'allume, et je redescends la rue. J'aimerais bien qu'un jour quelqu'un me fasse la même chose. Même si c'est faux. Même si je suis encore assez conscient pour savoir que c'est de la connerie. Ça me ferait du bien qu'on me mente. Juste pour la fin. Juste pour être bien.
Récent. Écrit... hier je crois. Ou avant-hier. Pas plus ancien en tout cas. One shot, comme presque toujours concernant mes nouvelles.
Être bien
« Le monde grandit, tu sais. »
« Je ne vois pas en quoi. Tout se meurt. Tout s'effondre. Je ne vois rien qui grandisse. »
Je la regarde. Elle est plus âgée que moi, et plus désillusionnée également. Elle a l'oeil clos. Des larmes qui ne coulent plus. Et moi je suis là. Avec mon faux sourire. Avec mes paroles stupides.
« Le monde change. C'est vrai. Mais tout ne meurt pas. Il devient différent. Ce n'était pas vain. »
« En quoi ? Même toi, tu ne veux pas d'enfants. »
« Tu te trompes. J'en aurais. Je le sais déjà. J'ai grandi dans un monde qui change tellement que j'en ai été détruit intérieurement. Né avec les valeurs du passés, dans un monde différent, on se sent comme un animal projeté dans la jungle d'une ville. Rien à manger. La puanteur du béton. La puanteur de l'humanité. Alors on finit par la haïr. Mais si on prend le temps... oui, si on prend le temps on s'adapte. On finit par sourire, et par aimer ce qu'il y a de neuf. La beauté des choses n'est pas immuable. »
Elle me regarde, comme si elle cherchait à comprendre. Ses yeux tristes se plissent. Mon regard reste planté dans le sien. Elle a un petit hoquet. Un sourire. Elle glisse :
« J'ai fait mon temps alors. »
« Peut-être. »
« De toute manière, il semblerait que je n'ai plus le choix. »
Sa respiration est plus lente. Sa poitrine se soulève encore et encore. Elle continue de me regarder. Toujours soucieuse.
« Mon petit, merci. Toi... Toi tu es venu. »
Elle regarde mes piercings. Elle regarde les tatouages sur mon cou, sur mes bras. Tout ça semble n'avoir plus aucune importance. Je crois qu'à l'instant où elle est entrée dans la clinique, plus rien n'avait d'importance que de voir des êtres humains, et il n'y avait d'humanité que chez ses proches. La morgue d'antan s'est envolée. J'ai bien fait de revenir. Je souris. Ouais... Ouais, moi je suis venu. Paraît que c'est trop dur pour les autres. La vérité fait mal. La vérité fait mal. La vérité fait mal. Ça rebondit dans mon esprit.
« Veux-tu prier avec moi ? »
« Oui. »
Je m'agenouille. Elle prie. En latin. Qui prie encore en Latin ? Je m'excuse de ne pouvoir prier qu'en français. Je ne connais déjà pas bien le français. Je marmonne plus que je ne prie. Et elle sourit. Elle parle. Sa voix s'arrête, petit à petit. Ses yeux se ferment. Sa poitrine ne se soulève plus. Un petit bip se lance. Puis se prolonge. Monocorde. J'ouvre les yeux. Je sépare mes mains. Dans mon dos, le regard courroucé de l'infirmière. « Hypocrite. » C'est ce qu'elle pense. Comme mon père. Comme ma mère.
Désolé grand-mère. J'aurais pas d'enfants. Et je crois pas en dieu. Et je crois pas non plus que ce monde grandisse. Je crois que t'as raison. Tout s'effondre. On arrive à l'apocalypse, et je sais même pas si j'ai pas envie de la provoquer. Ouais, je crois que j'aimerais bien la provoquer en fait. Foutre le feu à cette immensité à laquelle personne ne fait plus attention. Faut que je fasse ça.
Je passe dehors. Je lève les yeux au ciel. Je parle pas à Dieu. Je parle à l'immensité, au vide, au rien, à l'impossible et à l'ensemble des possibles.
« Au moins, j'étais là. Au moins, elle a eu une mort sereine. C'est pas ce qui compte ? L'après, on sait pas. L'avant, on sait. Alors je t'emmerde connard. Au moins, elle se sentait bien à la fin. »
Je sors une clope, je l'allume, et je redescends la rue. J'aimerais bien qu'un jour quelqu'un me fasse la même chose. Même si c'est faux. Même si je suis encore assez conscient pour savoir que c'est de la connerie. Ça me ferait du bien qu'on me mente. Juste pour la fin. Juste pour être bien.