Beaucoup d'éclairages dans la seconde partie de la seconde vidéo (à partir de 00:41:30 environ).
Intervient le terme d'enfant très brillant, voire "surdoué", dont on attend tout. Dont on se croit en droit de tout attendre. Et c'est là que se situe la pression première (au sens chronologique mais peut-être aussi hiérarchique).
Anyway a écrit :A-t-il été posé un diagnostique psychiatrique autre que le mensonge, a posteriori, sur ses manœuvres ? Ou est-ce considéré par les médecins / juges comme un désert dans lequel il s'est enlisé absolument consciemment et avec la possibilité psychique de revenir sur ses fabulations ? Au regard de la peine, il semble que les juges aient retenu la pleine responsabilité, n'est-ce pas ? Comment juger d'un tel crime qui s'effectue contre soi-même tout autant qu'en tant que traîtrise de l'entourage et de la société ?
Romand est nommé tout d'abord "mythomane".
Puis "manipulateur", terme qui le responsabilise, probablement permis par son intelligence et le temps immense qu'il avait le loisir de consacrer à des lectures, apprentissages, analyses. Il paraît en effet grand analyseur, froid et insensible (je reprends les termes du premier substitut du procureur de la république et du journaliste de Faites entrer l'accusé - qui m'agace). Mais cette insensibilité n'est-elle pas due justement à l'existence d'une pathologie ?
Enfin (01:18:04), est employé par un psychiatre le terme "narcissique". En effet, contrairement à ses défenseurs qui considèrent qu'il est pris dans un engrenage (01:11:33) : "il n'avait pas le choix" après le premier meurtre de sa femme qui commençait à douter de lui probablement et dont il ne se voit pas annoncer la mort à ses proches, il élimine au fur et à mesure les personnes qui seront déçues de lui etc., etc. Mais l'émission pose alors la question des préparatifs des meurtres, jusqu'au dernier qui n'aura finalement pas lieu. Je trouve l'idée d'un trouble narcissique très intéressante : Romand, si j'ai bien compris, fusionnerait
affectivement (je ne sais si le terme est exact) avec ses proches. Ils ne sont pas distants de lui comme des sujets à part entière, mais font partie de lui. Et même, peut-être, font partie des barrières qui l'encastre dans ce personnage qui n'est pas lui. Le chien, dont l'annonce de mort le fait soudain craquer, est peut-être pour lui la seule personne extérieure qu'il tue. Dans le sens où sa femme, ses parents et enfants ne seraient considérés que comme lui-même. Alors, oui, son souvenir lui rappelle certainement l'amour qu'il portait finalement à ses enfants. Mais lorsqu'on évoque le meurtre de ceux-ci, ce n'est pas de ses enfants en tant que tels dont il s'agit, mais de parties de lui-même : il n'a donc pas de "raison" de s'effondrer.
Cela expliquerait également pourquoi se tuer ou s'enfuir ne suffisait pas : laisser en vie ceux qui l'ont aimé, leur laissant le risque de changer leur vision de lui, ce serait s'entacher, se trahir. Il ne peut pas laisser les autres ne plus l'aimer. Et est "soulagé" lorsqu'il est "enfin le vrai Romand", une fois en prison. Pourtant, il ne l'est certainement pas encore tout à fait. Si le problème est pathologique, le psychiatre qui parle à la fin à raison : un assainissement total de sa structure mentale (quoique je ne sais pas si on peut parler de structure perverse tant qu'il n'y a pas psychose) provoquerait probablement un suicide réel, cette fois.
Il y a fuite constante, c'est certain. Fuite de ce qu'on attend de lui, fuite de lui-même et de ses désirs de vie probablement (ah! voilà pourquoi cette histoire me met mal à l'aise, j'ai l'impression de me voir ou en tout cas de voir mes troubles à une échelle funestement plus gigantesque (évidemment, tout de même)). Mais cette fuite n'est pas simplement un engrenage conscient d'un personnage sans pathologie.
Cet homme semble vraiment avoir un trouble de la personnalité narcissique. Développée sur une pression animée par les autres et par lui-même (se prendre pour Dieu parce que les autres nous élèvent à cette illusion et à cette responsabilité, ce qui engendre une croyance en cette puissance, ça n'est pas bénin).
Je ne prends la défense de personne. J'essaie de répondre à mes propres questions de mon premier message.
Être victime d'un tel drame est horrible. Mais cet homme en est probablement aussi victime, de cette immense farce. Ceci-dit, il reste que ce n'est pas facile de juger un tel acte sur le plan juridique, social, médical (éthique ?).