Vital

Ca fait plus de cinq ans, un quart de ma vie, ça fait beaucoup. Le titre est ironique, n'allez pas croire que j'adule ces troubles et que je me roule dedans satisfaite de mon train de vie. Je pourrais dire que ça va mieux que l'année dernière, l'année dernière j'avais franchis la barre des 40 dans le sens à l'envers, j'étais un fantôme et ça me plaisait quelque part, j'étais inatteignable et rien ne m’atteignais. Je ne comprenais pas plus les regards effrayés que les paroles éléctrochocs. Mes parents sont restés de glace, "c'est une passade", "ça lui passera.", "c'est une sorte de dépression". Bref les mots s'entrechoquaient et moi je restais stoique. Je suis descendue bas, très bas, j'ai connu l'euphorie des chiffres qui dégringolent, la folie des jours passé à jeun, le marathon cours/crise/cours/crise, jusqu'à sept fois par jour. J'ai connu l'hiver glacial passé contre un radiateur, j'ai connu la déraison.

Et maintenant on en es où ? J'ai le cul entre deux chaises, mon poids varie entre dénutrition et famine lol, je fais entre trois et quatre crises par jours actuellement, et des crises vraiment, pas un paquet de biscuits en plus ou trois kinder bueno hein, j'ai un suivi spé en TCA, j'envisage concrètement/sérieusement une clinique spé en tca (dossier envoyé, liste d'attente).

Et puis quoi, je fais quoi, comment, moi j'veux pas grossir, moi j'veux continuer à vomir mes émotions, moi j'veux du vide, du plein, que ça explose dans tout les sens, que ça ne soit jamais lisse, j'veux flirter avec la mort en frôlant un poids indécent, j'veux que ça hurle, que ça se torde, j'veux d'la violence et puis c'est tout. Est-ce que je suis prête à renoncer, est-ce que je suis prête à me clouer le bec, est-ce que je peux retrouver une dose d'insouciance, est-ce que je pourrais y penser au passé, un jour ?
Est-ce que c'est possible ?

Pas l'impression que tu sois prête, puisque tu fuis encore.
Mais oui, à mon sens, c'est possible qu'un jour tu en parles au passé. Complètement même.

Je ne crois pas fuir, je sais où je vais/ce que je fais/où ça m’emmènera, j'ai le contrôle, y'a pas de fuite, je suis lucide, j'ai dépassé le déni, la politique de l'autruche ou que sais-je encore. Je sais les risques, je sais, et pourtant je suis bloquée à l'intérieur, ça pourrit en dedans.

C'est important pour toi ce post?
Je sais pas, je me fais peut-être des films mais.. Ca fait pas mal de temps qu'on est sur les mêmes forums, et c'est la première fois que je te vois ouvrir un topic dans cette section. C'est la première fois que je te vois en parler dans un section "problème à regler" et pas dans "c'est comme ça et pas autrement" ou "c'est comme ça, je suis impuissante, c'est exterieur". Et si je ne déraille pas, c'est plutôt quelque chose d'assez positif. Quelque part, si c'est ça, c'est un début de quelque chose.

Pour ce qui est d'en parler au passé, je sais pas. Ca me semble difficile à imaginer. Peut-être qu'à force de se forcer à ne pas y penser, ça devient un automatisme et manger redevient naturel. Mais je crois que c'est pas l'important. L'important c'est quand les merdes de santé sont réparées, que ça passe au second plan, que c'est sorti de nos pensées..

Tu as fait tout ça.
Mais sur tes TCA.
Pas sur ce qu'il y a derrière, sur ce qui les a causé.

C'est marrant, j'allais te faire le même genre de réponse que Meth, mais dans ton autre post, celui avec juste une image et le mot angoisse.

Je ne l'ai pas envoyé, je ne sais pas pourquoi, mais ce que j'avais écrit, c'est un truc comme "quand est-ce que tu mettras les mains dans la merde, la vraie, pas celle qui s'est accumulée en surface ? Le gore, le trash, la merde, le viol, ce que tu évoques à 1/4 de mot ou à coup de post que tu édites après coup ?". Ce qu'on sait, ce qu'on ne sait pas encore, tout ca.

C'est arrivé. C'est vraiment arrivé. Et le fuir, ca ne t'amène à rien.

Ca fout la trouille, ouais surement. J'en doute pas, que ca fout une trouille à crever.

Mais crever, c'est ce que tu vas faire tot ou tard, plutot tot que tard je dirais, si tu continues dans la fuite. Crever de tes tca peut-être, d'un suicide éventuellement, d'une overdose de médics ou d'autre chose pris sans but de te tuer mais qui t'aura tué quand même, tout ca. Ou un panaché de tout ca.

Franchement t'as quoi à perdre ? C'est une vie, ce que tu as maintenant ? Elles sont où, dans ta vie, les notions de plaisir, de qualité de vie, de confort ? Sincèrement perso je ne les vois pas, quand je te regarde te débattre. Alors sincèrement, t'as quoi à perdre ? Au pire, ca ne change rien ou ca abrège l'agonie, tu te buttes, right. Au mieux, tu t'en sors.

Tu te vois vraiment tomber plus bas que tu ne l'es actuellement ? Franchement, je vois mal comment.

Je suis pas tendre, ouais. Clairement.

Et je tiens à toi, et clairement ca me ferait égoistement vraiment chier que tu crèves. Mais tu as quoi à perdre là ?

Caramel, des fois on veut, on essaye, mais on y arrive pas.

J'ai la trouille, alors j'ai différé mon entrée en clinique, ça ne changera rien, j'aurais tout autant la trouille quand ça sera concrètement là mais je ne peux pas, pas maintenant, je suis une immonde grosse vache, c'est pas légitime. C'est irrationnelle comme trouille je le sais, mais je ne peux pas, je me vois grosse, vraiment, je me vois difforme, déformée, et c'est encore pire quand je prends des kilos, j'ai déjà reperdu la plupart de ce que j'ai pris à grand renfort de crises et de restriction, mais ça ne se calme pas. J'ai la trouille qui me noue le bide, dans ma tête tout hurle de ne pas reprendre, de continuer en attendant que la corde raide me pende au cou.

Ce qui est arrivé est arrivé, j'ai pas envie d'en parler, je sais que ça a une corrélation avec les tca, qu'à chaque fois que mes tca ont décuplé ou ont simplement commencé c'est lié intrinsèquement à ce qui est arrivé, j'ai envie de construire par-dessus parce-qu'en parler c'est rendre vivant, c'est admettra l'existence d'une souffrance, et j'aime pas, j'aime pas ça.

Je me hais, c'est pas de la simple auto-flagellation sans constructivité, c'est lié à ce que mon corps dégage, à la perception que j'ai de lui, scission, lui = pas moi, moi ce n'est pas lui. Je peine à tenir debout en ce moment, traitement et/ou alimentation folklorique. Éradiquer, je crève d'envie d'éradiquer tout ce qui est matière, et balancer aux autres que "tiens maintenant vous ne pourrez plus m'atteindre, je suis tellement osseuse que je ne suis plus attirante, qu'on aura pas envie de me baiser contre mon gré.".

Écrit sans relire.

Tu n'es pas déformée, mais c'est ta vision de toi même qui l'est. Le travail de déconstruction sera lent, sera difficile, surtout s'il y a une partie de toi qui ne veut pas lâcher prise.

S'il est vrai que la vérité blesse, le mensonge tue. Et les mensonges que tu te fais sont en train de te tuer.

Mouais.

Donc tu sors contre avis médical de l'HP parce qu'ils flippent pour tes TCA. Mais tu n'entres pas en hopital de jour. Mouais. Sincèrement plan de merde spotted, là.

Et bon dieu, fuir ce qui t'es arrivé "pour ne pas que ca soit vivant et réel", alors que c'est vivant et réel à chaque fois que tu te fous les doigts dans la gorge pour te faire gerber ou que tu avales la bouffe par wagon, c'est une jolie politique de l'autruche.

C'est réel. C'est arrivé. Et tant que tu le fuira avec autant d'application, je ne vois pas comment tu pourrais régler tout ce qui en as résulté.