Je veux m'en sortir

[Caramel2]

Intensif n'est peut-être pas le mot. Mais tu reconnaitras quand même que par période, tu te faisais gerber après avoir mangé, non ?

Même si c'est "seulement" une fois dans la journée, il n'empêche que l'organisme, à la longue, il est pas très fan du concept, que l'oesophage apprécie moyen de se faire inonder de sucs gastriques bien acides, que les sels minéraux perdus en gerbant, ils sont supposés être utilisé à autre chose qu'à nourrir les poissons à la sortie de la station d'épuration, etc etc...

Et que quand c'est régulier, l'organisme il apprécie très moyen la chose...

[Mélancolie]

Bon d'accord. Un point pour toi. ^^


A part ça, je gère plutôt bien. J'ai toujours envie d'avoir un corps tout mince mais enfin... j'essaie d'accepter que l'on ne peut pas se modeler soi-même au risque de son bien-être (physique et surtout moral).
Je crois que je suis revigorée par cette petite rechute en fait. Genre ça m'a permis de vraiment repartir du bon pied, de me remotiver, de savoir pourquoi je continue mes efforts.
Et j'ai envie de le dire, même si ça parait con : je me sens fière de moi.

[DizzyDance]

j'essaie d'accepter que l'on ne peut pas se modeler soi-même au risque de son bien-être (physique et surtout moral).

Parce que le jour où, toi aussi, tu voudras modeler les os de ton visage...

[Mélancolie]

Fais un moment que j'avais envie de donner des nouvelles de ce coté là.

Je tiens. Je sais pas comment dire autrement les choses que par cette phrase toute bête. Parce que c'est pas évident, mais je m'accroche quand même.
Le maitre mot pour y arriver : m'accepter. Et pas seulement au niveau corporel hein, ça englobe bien plus que ça. Mon objectif affiché est de cultiver ma confiance en moi et surtout mon estime de moi. Parce que j'ai compris que les TCA ne sont que la partie émergée de l'iceberg. C'est tellement plus profond que de ne pas m'accepter physiquement. C'est juste de la surface, ça.
Du coup, à chaque fois que je commence à avoir une pensée ou une idée déviante je me répète cet objectif suprême : m'accepter, m'accepter, m'accepter. C'est un but que j'ai réussi à élaborer récemment (depuis ma légère rechute en mai en fait). Et depuis je m'y accroche fermement. Je dirais même que c'est LA chose qui m'aide à tenir. Parce que des tentations, je n'en manque vraiment pas. Avec la chaleur de l'été les corps se dénudent, les silhouettes deviennent plus précises... Et dieu que c'est difficile pour moi de voir tous ces corps minces autour de moi. Franchement, et pour être honnête, je me vois plus grosse que 60-70% des gens que je croise chaque jour. Une voix dans ma tête vient de me souffler "90 %" mais je crois que c'est l'irrationnel qui me parle donc j'ai abaissé l'estimation pour essayer d'être plus juste. Alors à chaque fois que je vois ces cuisses, ces fesses, ces jambes, ces bras et ces tailles si harmonieuses et minces... je me répète en boucle "m'accepter, m'accepter, m'accepter !", souvent suivi d'un « non, je ne suis pas grosse » qui essait d'être convaincant. L'acceptation est devenu mon leitmotiv. Et je crois bien que sans ce but concret et évoquant un aspect général de ma vie... je n'aurais pas tenu tout ce temps. Hey, c'est que ça fait 6 mois maintenant ! Et dire que je pensais pas arriver au 5° mois... C'est fou, non ? ^^

Et je crois que c'est pour ça que j'ai quand même remarqué un truc de bien récemment : ma reprise de poids s'est enfin répartie sur le corps. Plutôt harmonieusement. Rationnellement hein ! Parce que j'aurais souhaité mieux. Mais j'ai l'impression de revoir mon corps avant l'horreur du Zypréxa, avant quand tout allait bien, avant que je prenne ces kilos de graisses. Bon bien sûr il n'est pas indemne des traces du passage de l'anorexie. Il y'a des vergetures, mais bon, dans l'ensemble, c'est quand même pas mal. ça faisait longtemps que je n'avais pas eu cette vision et cette impression. Je crois sincèrement que si le poids s'est répartie plutôt équitablement sur mon corps, c'est parce que j'ai attendu plus que 4 mois. A chaque fois je craquais avant que cette harmonie se fasse. Je me suis donnée une chance, une vraie, de voir ça pour que ce résultat m'encourage à perséverer. Et ça marche ! Ça aura pris 6 mois, mais ça en vaut le coup, je m'en rend compte.

Bien sûr j'ai encore de mauvaises habitudes de l'anorexie, type ne pas prendre de petit déjeuner, regarder parfois les étiquettes nutrionnelles... Mais dans l'ensemble ma qualité de vie s'est nettement améliorée. Je m'autorise à prendre les escalators au lieu des escaliers, je ne cherche plus à calculer le nombre de calories, mes courses se passent plus sereinement, et surtout... je ne me pèse plus. Mais ça c'est une règle que je me suis instaurée. Parce que je sais que je suis encore trop fragile pour accepter le poids qui va s'afficher, et que j'ai encore un réel risque de retomber dans la restriction si je gère pas. Je préfère ne pas savoir. Bon ou mauvais, au final, c'est une manière que j'ai trouvé pour me protéger. N'est-ce pas là le principal ?
Et puis... j'arrive à me faire plaisir. A cuisiner pour moi. Et ça, c'est réellement dingue parce qu'avant je ne le faisais que pour les autres. Par exemple, ce soir je vais me faire une omelette au jambon et au fromage de chèvre avec une pointe de crème-fraiche. C'est un test complet, j'ai jamais fait cette recette auparavant. Je sais déjà comment je vais procéder et tout et tout. Et en plus, c'est avec de vrais œufs de ferme, donnés par ma grand-mère. Je crois que je vais me régaler. Et cette perspective me réjouit. Si je compare à avant, y'a pas photos, y'a quand même une putain de nette amélioration. ^^

Et puis, au niveau intellectuel, par exemple la concentration et l'acces à la compréhension : waw, c'est une renaissance ! Un truc de fou quoi ! L'illustration la plus probante c'est la lecture du livre "Deux à combattre l'anorexie" que j'ai présenté dans le topic ad hoc. Pour dire simplement : je l'ai acheté il y'a facilement plus d'un an. J'avais commencé à le lire, mais je l'avais abandonné au bout de quelques pages parce que je n'y trouvais pas matière à réflexion et amélioration. Et depuis le début du mois je m'y suis remise, et là : révélation ! Je comprends plein de choses, vraiment plein de choses ! Et puis c'est un super bouquin parce qu'il est écrit par une jeune (ancienne) anorexique, et par un psychologue ! Idéal pour moi afin d'aborder deux versants qui me parlent grave. En tout cas, je trouve à ce bouquin une utilité certaine maintenant. Et ce n'est pas parce que j'ai progressé dans le livre que je dis ça, c'est réellement quand je l'ai repris à la page marqué que ça a fait tilt : "mais pourquoi je l'avais laissé tombé ? Ce bouquin est génial en fait !". D'où la réflexion sur l'accessibilité à la compréhension. J'ai changé d'état d'esprit aussi. En gros : je suis plus réceptive.

Enfin bref, c'est plein de trucs comme ça qui me fait dire que je suis sur une putain de bonne voie. Dieu que c'est gratifiant. Je suis fière de moi et tellement heureuse de voir enfin une lumière au bout du tunel. Alors je sais bien que je ne suis pas encore sortie des TCA hein, que j'ai encore beaucoup de chemin à parcourir et des combats à mener. Mais ce dont je suis sûre c'est que jamais encore je n'étais arrivée là où j'en suis. Et ça me donne une force de titan pour continuer !

[DizzyDance]

Ce qui est génial, c'est que tu as utilisé la rigueur qui contribuait à ton anorexie pour t éloigner de l'anorexie. Comme quoi, défaut, qualité, c'est la même chose !!!

[Mélancolie]

Heu, je suis pas sûre. Je vois pas en quoi j'ai utilisé une rigueur pour combattre l'anorexie. Je t'assure.

[Caramel2]

Franchement dit : GG !

[Meth en psychose]

clap clap clap.
Vraiment

[Mélancolie]

Merci les gens. Me fait du bien de recevoir vos impressions. ^^

En fait, j'y ai réfléchis tout à l'heure en marchant en ville : le mot qui conviendrait à ma situation serait celui de "rémission". En ce moment c'est clairement "un intervalle de temps au cours d'une maladie chronique, pendant lequel les symptômes sont atténués, voire même disparus". Les TCA étant une maladie chronique (au sens de la définition de l'OMS), et les symptômes étant atténués voire pour certains disparus... je pense vraiment que le terme rémission est approprié.
Pour la guérison, faudra attendre encore longtemps je pense. Je pourrais en parler quand je le sentirais, pas avant un an facile selon moi. Mais je suis en bonne voie pour ça. Et je savais dès le départ que ce serait un chemin long et sinueux. ça n'entrave pas ma motivation pour autant.


contente contente contente contente

[Amande]

Tu peux être fière de toi