Votre relation avec l'AM

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Caramel2
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Votre relation avec l'AM

Message par Caramel2 »

Je ne vais pas lancer de sondage parce que je trouverais réducteur la réponse sous forme de petites cases à cocher, mais...

Je me demande comment vous voyez l'AM (la vôtre, celle des autres pour ceux qui ne sont pas directement concernés).

Comme un problème ? Comme un truc acceptable ? Comme un truc à combattre absolument ? Comme... quoi ?

Je vais ouvrir le feu en vous donnant mon point de vue sur l'AM (la mienne donc, vu que je suis concernée).

Pour ma part, ca fait longtemps que je ne la vois plus comme un problème.
Je n'ai jamais rien fait "pour arrêter de me couper", même si j'ai fait (et continue) la démarche d'aller voir un psy. Je ne vais pas le voir "pour éviter / pour arrêter de m'AM", mais pour aller mieux, pour régler des choses dans ma vie. Si ca a pour effet secondaire de faire que je ne me coupe pas, fine, j'en suis ravie. Mais c'est pas le but en soi.

Ca fait longtemps (presque un an je crois ?) que je ne me suis plus coupée (une ou deux griffures entre temps, mais vraiment des griffures, mon chat m'aurait fait largement pire, c'est pour dire !), alors on peut dire que y a du chemin qui a été fait depuis la glorieuse période, y a environ 4 ans, où si je passais un jour sans coupure, c'est que y avait un truc pas normal dans la configuration cosmique du jour !
Mais je n'ai rien fait pour diminuer, et je ne considère pas pour autant que je ne m'AM plus, ou du moins que je ne m'AMerai plus jamais : j'ai sais rien, peut-être qu'un jour j'en aurai de nouveau besoin, peut-être pas, et honnêtement je m'en fous totalement.

Je pense pouvoir dire que sans l'AM, je me serais foutue en bas de ma fenêtre y a bien longtemps. Ca m'a clairement servi de soupape de sécurité pendant la période la plus bordélique de ma vie, et je suis franchement ravie d'avoir eue cette soupape, parce que je ne pense pas que j'aurais tenu sans. Et vu que je suis ravie de ne pas m'être buttée, ben... Je suis assez reconnaissante à mon Ami Cutter et à mes Copains Ciseaux d'avoir rendu ça possible !
Si c'était à refaire, si je me retrouvais à nouveau dans cette situation, je ne doute pas que je le referai : pourquoi changer une équipe qui gagne ?

'fin bref, tout ca pour dire que pour ma part, je ne vois pas l'AM comme un problème, comme quelque chose "à combattre", mais bien comme un moyen de gestion, qui certes laisse des cicatrices, mais qui en soi n'est pas plus nocif qu'un autre.

Vla.

Vos points de vue ?
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Scholl
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Re: Votre relation avec l'AM

Message par Scholl »

Si je devais faire une comparaison, je rapprocherai ma vision de l'AM de celle de la clope. J'adore fumer, mais ca presente des désavantages présents (la thune) et futurs (la santé).
Donc oui, j'aime vraiment me couper. C'est un des trucs qui dans mon souvenir m'a le plus fait de bien, de sensation, m'a donné le plus d'intensité etc.. C'était vraiment une libération pour moi. Et ça m'aidait à pas faire d'autres conneries. A rester en vie.
Donc ouais, un peu comme Caramel avec un souvenir de plaisir en plus.
Mais je vois aussi ça comme quelque chose de traumatisant. J'étais assez jeune quand j'ai commencé, j'ai pratiqué une AM bourrine et quotidienne. Bref le portrait glauque, trash et gore au possible. Et c'est pas des bons souvenirs à partager. Y'a pas que l'AM, y'avait la boulimie, l'alcool tout ça, mais ouais, quand j'imagine la plupart des autres collégiens après les cours, je les vois jouer, voir des potes, se balader. Et quand je me regarde moi, je vois du sang, de la gerbe et de l'alcool. C'est pas vraiment gai. Donc ouais, ça a quelque chose de traumatisant en ce qui me concerne.
Notamment au regard du contexte. Ma mère me forçait à aller à la piscine toutes les semaines. C'était l'humiliation dominicale, j'étais regardée comme un animal de foire pendant deux longues heures. J'imagine que c'était pour compter mes cicatrices qu'elle faisait ça, mais surtout parce qu'elle devait esperer que je me sente assez mal pour arrêter.
Enfin, je dirais que l'AM c'est malheureusement se mettre des batons dans les roues pour l'avenir. Parce que pour ma part, les cicatrices restent voyante et que chaque fois que je rencontre de nouvelles personnes je suis obligée d'assumer ou de cacher. Et je me dis qu'un jour j'aurai un travail à responsabilités et que soit je devrais me cacher soit je devrais vivre en sachant que les gens parleront de moi.
L'AM c'est une carte de visite dont je me passerai bien.

Donc assez mitigée. Je crois que si je vivais dans un monde rempli de gens qui pratiquent l'AM, y'aurait pu de place sur mon corps pour de nouvelles cicatrices. Mais vu que ce n'est pas le cas, voilà..
Elle était la preuve vivante que l'espoir existe tant qu'on ne renonce pas. 2046

Certaines personnes acceptent l'amour qu'elles croient mériter, c'est tout. Le Monde de Charlie
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Re: Votre relation avec l'AM

Message par --- »

Hum, après je le vois différemment d'une période à une autre...
Mais le plus souvent je le considère comme un comportement comme un autre, peu quelconque peut être, mais au final pas tant que cela...
Il n'y aurais pas le regard des autres sur les cicatrices je ne me poserais meme pas la question de savoir si ce comportement est inadapté ou non.
c'est pas un problème en soi.
En fait, le seul problème dans l'am c'est les autres.
Mais bon, la vie serait bien plus belle sans les autres aussi :twisted:
Un des médecins qui a essayé de réparer la casse après certaines coupure de barbare m'apellait la guerrière, les cicatrices sont justes les stigmates des combat passés
et, je ne sais comment expliciter mais l'am est une certitude
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Mélancolie
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Re: Votre relation avec l'AM

Message par Mélancolie »

J'ai deux périodes liées à ma vision de l'AM.

La première, celle où je culpabilisait, celle où je me disais que c'était grave et que c'était mal, celle où c'était un véritable problème pour moi et tournait presque H24 dans ma tête. Mais où j'y trouvais l'extase aussi, le soulagement, le courage de continuer à vivre, un exutoire puissant et rien qu'à moi... J'adorais savoir que je trimballais toujours une lame, du désinfectant et des coton sur moi, pour un au cas où. J'adorais aussi ça, secrètement. Même si je détestait aussi cette chose que je qualifiais de mal et de malsain.

Une période que je situerais concrètement du 12 mars 2007 à vers fin 2008-début 2009, large. Je ne situe pas bien parce que ça s'est fait progressivement, insidieusement. Je changeais d'opinion, d'état d'esprit et je ne le savais même pas.

Et donc depuis 2009, ouais, j'ai une vision de l'AM, non seulement la mienne mais également celle des autres, radicalement opposée.
Je vais commencer par la mienne : à présent je vois l'AM sans gravité aucune. Ce n'est même pas un symptome que je nomme généralement aux médecin si jamais c'est psy, c'est juste un fait que je livre. Genre "Ah oui au fait, je m'automutile, mais ce n'est pas grave" et là généralement j'explique ma vision des choses qui est que c'est simplement que un moyen de soulagement. Certes, ce n'est pas le plus sain, mais que c'est un exutoire et que ça m'aide. Je ne le fais pas pour me suicider, je le fais parce que ça me soulage réellement, même si ce n'est pas le moyen le plus adapté et que je le sais. Mais je dis que ce n'est qu'une conséquence, que la cause vient d'ailleurs et que c'est ça qui m'interesse le plus. Pour la fin généralement je rassure et je dis que je désinfecte toutes mes blessures. Après ça, le médecin, tant pis ce qu'il en pense, je lui aurais dit ma version à moi.
J'aime mes cicatrices. Je les adores. Réellement. Si un jour on me propose de la chirurgie esthétique gratuite ils vont se faire foutre. Je les adore moi mes cicatrices. Elles me prouvent que malgré tout ce que par quoi je suis passée, je suis encore là, grâce à elles. Et que chaque cicatrices à une raison d'être sur mon bras ou ma cuisse, peu importe laquelle mais elle n'est pas là par hasard ça c'est sûr. C'est mon passé, c'est encore mon présent, et je ne saurais encore dire si c'est le futur mais en tout cas, je l'assume, et continuerais à l'assumer. Au boulot ce sera compliqué évidemment, des fois je cacherais, mais en général je resterais honnete, et d'ailleurs je pense l'être déjà, même si peu de gens me posent la question directement. En privé, je suis généralement aussi honnête. Et je n'ai pas peur d'exposer mes bras à des amis, des connaissances, des inconnus (sauf pour les entretiens d'embauche, là je remballe).
Pour celle des autres : elles me gênent clairement moins. Et je m'inquiète moins pour la personne. ça soulage. Mais je suis toujours à l'affut de petites lignes blanches sur les poignets... j'adore ça, rencontrer des personnes qui pratique ou pratiquait l'AM...

Bref, l'AM et moi maintenant, c'est du clair, ou du plus ou moins. En tout cas, ça le fait comme ça. Je culpabilise pas du tout, je sais ce que ça m'apporte, avantages comme inconvénients, j'me sens bien avec ça, je sais pourquoi, comment et toussa... ça me va.

On pourrait conclure par : au final, l'AM est ma meilleure enemie.
Je trouve que ça sonne bien. :)
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Chaque personne qu'on s'autorise à aimer est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre.
Meredith, Grey's Anatomy - 5x18
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